Manque de civisme, de sens moral, de respect de l'autre, d'éducation ; bref, manque de tout. Lorsqu'individus, structures et institutions négligent ; pire, bafouent le droit à la mobilité d'une catégorie de personnes dans les lieux publics, ou recevant du public et à leur accessibilité, on ne peut prétendre au statut de citoyen. Eh bien, c'est ce que l'on commet comme crime de lèse-citoyenneté (et aussi de lèse-humanité), chaque jour et chaque instant sur des milliers de citoyens, dont la mobilité est réduite (plus de 100 mille, selon les statistiques officielles). A cause de trottoirs délabrés et ne respectant pas l'accessibilité et la fluidité de la circulation, surtout en fauteuil roulant, ces personnes à mobilité réduite se retrouvent obligées de se mouvoir sur la chaussée, s'exposant ainsi à divers et graves dangers, y compris celui de respirer un air plus pollué. Ces personnes aux besoins spécifiques se retrouvent aussi généralement exclues d'un bon nombre d'espaces et de services, dont les plus communs, tels que commerces, institutions culturelles et lieux de loisirs. Pour les espaces relevant du secteur public, les rampes sont parfois conçues de façon à ce qu'elles deviennent un problème de plus et non une solution. Une table-ronde sur les problèmes rencontrés par les personnes ayant un handicap moteur a eu lieu, l'autre jour, dans l'une de nos villes. La municipalité a soutenu l'action en offrant une salle pour abriter ladite activité. Seulement, la salle était au premier étage et il n'y avait pas d'ascenseur. Résultat, les personnes en fauteuil roulant n'ont pu y accéder. Quant aux moyens de transport, gares et stations comprises, ils sont, pour la plupart d'entre eux, conçus pour exclure cette catégorie d'usagers. Véhicules sur pneumatiques ou sur rails, ils possèdent des portières inaccessibles pour les fauteuils roulants, soit à cause des dimensions, soit à cause des marches. L'exemple des gares pour les chemins de fer, et de celles pour les métros (Barcelone, République, etc.) est édifiant à plus d'un titre. Accéder aux trains ou aux rames du métro relève, pour les personnes en fauteuil roulant, du pur et plus dur exploit olympique. Dans les pays développés, les parterres des voitures des trains et autres véhicules sur rails sont au même niveau que les quais, et les portières sont larges et sans aucun obstacle. A l'entrée, une aire est spécialement aménagée pour le confort des personnes handicapées. Quant aux bus, ils sont bas, possédant une portière large dotée d'une rampe amovible et d'une aire de confort. La loi du 15 août 2005, relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées, est pourtant claire. Son article premier stipule, en effet, que «sont considérés comme discriminatoires toutes les dispositions et tous les actes qui ont pour conséquences l'exclusion ou peuvent causer la réduction des chances ou un préjudice aux personnes handicapées». Le texte érige la promotion et la protection des personnes handicapées en «responsabilité nationale». Il consacre, par ailleurs, un long article (l'article n°10) pour leur droit à la mobilité et à l'accessibilité, pour eux, des lieux publics et recevant du public, en imposant à tous les concernés le fait de veiller au respect de ces droits. Hélas, et malgré les rappels et autres réclamations, rien n'est fait dans ce sens. Pire, il arrive souvent que des automobilistes indisciplinés garent leurs véhicules de façon à bloquer les accès vitaux pour les personnes handicapées qui, en cas de danger, peuvent risquer leur vie.