Par Abdelhamid Gmati Les Tunisiens ne voient toujours pas le bout du tunnel, 7 ans après la révolution. Une révolution dont les causes et les objectifs étaient essentiellement socioéconomiques mais qui est partie « à la dérive ». Des dizaines de partis politiques et des centaines d'associations ont « poussé » comme des champignons. La plupart ont une très faible représentation populaire et leurs programmes et objectifs n'offrent aucune originalité. Et ceux qui occupent la scène politique ne semblent avoir comme raison d'être que le pouvoir. Et pour y parvenir, ils tentent régulièrement de provoquer des crises. On se rappelle la « campagne » de l'été 2017 (juin) lorsque plusieurs partis avaient estimé que « devenue insupportable, la situation politique en Tunisie est allée jusqu'au pourrissement » (Karim Helal d'Afek Tounès), que « la coalition au pouvoir est incapable de traiter la situation difficile que connaît le pays » (Hamma Hammami du Front populaire), et que « écarter certains membres du gouvernement est peut-être nécessaire : « Ecarter certains membres du gouvernement est peut-être nécessaire » (Yassine Brahim d'Afek Tounès). Youssef Chahed, chef du gouvernement, avait cédé et procédé à un remaniement ministériel (le 6 septembre 2017), même si, pour sauver les apparences, il avait expliqué cela par les vacances dans trois ministères (Education, Finances et Développement et Investissement) et la réponse aux critiques formulées précédemment par les députés sur le rendement de certains départements. Ces derniers jours, rebelote. Des représentants de partis et la Centrale syndicale s'en prennent au gouvernement et à son chef et appellent à un remaniement ou tout au moins au limogeage de certains ministres. Là, Youssef Chahed n'a pas donné suite, estimant qu'il n'y avait pas lieu de procéder à un remaniement. Piqué au vif et dépité, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, s'en est pris directement au chef du gouvernement affirmant « qu'il ne voit rien de positif dans son action ». Que l'opposition attaque le gouvernement et son action est naturel dans une République. Comme Ahmed Seddik, chef du bloc parlementaire du Front populaire, qui, mardi dernier, affirmait que « le gouvernement actuel a plusieurs lacunes, et cela est principalement dû à un véritable manque de vision ». Mais que les attaques viennent de son propre parti, cela donne à réfléchir. Faouzi Elloumi, membre du comité politique et chargé des grandes réformes économiques et financières au sein de Nida Tounès, a affirmé que le « gouvernement Youssef Chahed faisait de « la gestion au jour le jour » et présentait des solutions de « bricolage », et ce sans traiter radicalement le fond des problèmes à l'instar des crises dans le secteur de l'enseignement secondaire ainsi que dans le bassin minier ». Jeudi 1er mars, Elloumi estimait que « le chef du gouvernement fournit des efforts mais manque d'un véritable programme. Et même si Youssef Chahed voulait mettre en place un programme d'action efficace, il ne pourrait pas le faire car il est incapable de concilier les visions divergentes des différentes parties dans son gouvernement». De fait, il y a un manque de cohésion dans l'équipe gouvernementale. Cela explique-t-il ce manque d'autorité qui fait qu'aujourd'hui chacun en fait à sa guise ? Un Etat trop conciliant qui subit les diktats de sit-inneurs, de grévistes, de chômeurs. Aux dernières nouvelles, le gouvernement a déclaré son intention d'avoir recours et d'appliquer la loi contre tout contrevenant. Le président de l'Utica estime « qu'il est temps de siffler la fin de la récréation ». Cela convaincra-t-il ceux qui fomentent des crises larvées ?