«La question des personnalités proposées pour occuper des portefeuilles ministériels sera abordée ultérieurement», a déclaré vendredi le chef du gouvernement désigné Youssef Chahed au sortir de son bureau au palais Edhiafa. Dans une brève déclaration à l'agence TAP, il a dit avoir engagé depuis environ 24 heures des concertations autour de la formation du gouvernement d'union nationale qui, a-t-il dit, «doit s'appuyer impérativement sur une vision et d'un programme clairs». Afek Tounes soumettra ses propositions la semaine prochaine Le président du parti Afek Tounes, Yassine Brahim a déclaré que son parti devra soumettre la semaine prochaine au chef du gouvernement désigné Youssef Chahed ses propositions sur la structuration et les priorités du gouvernement ainsi que sur les candidats que le parti suggère pour participer au nouveau gouvernement. « Le chef du gouvernement désigné nous a demandé de présenter la semaine prochaine nos propositions au sujet de la structuration et des priorités du gouvernement ainsi que des compétences suggérées par le parti pour participer au nouveau gouvernement «, a-t-il indiqué à l'issue de son entretien hier au palais Edhiafa avec Youssef Chahed. Selon Brahim, « la rencontre a donné lieu à un échange de vues sur la structuration et la composition du gouvernement». Il convient de rappeler que Yassine Brahim fait partie du gouvernement de Habib Essid. Il occupe les fonctions de ministre du Développement et de la Coopération internationale. Une délégation de l'Utica à Dar Dhiafa D'autre part, Youssef Chahed, a rencontré jeudi après-midi à Dar Dhiafa à Carthage, une délégation de l'UTICA, formée par les deux vice-présidents de l'Union patronale, Hichem Elloumi et Samir Majoul et les deux membres du bureau exécutif, Mohamed Kooli et Naceur Jeljli et ce dans le cadre des concertations pour la formation du prochain gouvernement. D'après un communiqué de l'UTICA, cette rencontre a porté sur la situation générale dans le pays particulièrement, sur les plans économique et social et la vision de l'union patronale sur les priorités pour le prochain gouvernement ainsi que sur sa composition. Il a été convenu, au terme de la rencontre, de poursuivre la coordination et la concertation sur ces questions. Ghannouchi: «Ennahdha fera partie du gouvernement s'il y aura accord sur la qualité de la participation et des participants» Le parti Ennahdha participera au gouvernement d'union nationale «s'il y aura un accord sur la qualité de la participation et des participants au gouvernement», a déclaré le leader du mouvement Rached Ghannouchi au terme d'un entretien avec Youssef Chahed. Ghannouchi a réaffirmé la position de son parti attaché aux résultats des élections législatives pour former le nouveau gouvernement «même s'il ne sera pas un cabinet constitué sur la base des quotas partisans». «Nous avons parlé des grandes orientations du futur gouvernement et le chef du gouvernement désigné Youssef Chahed a affirmé qu'il est en train de former un gouvernement politique», a-t-il ajouté. Le leader du mouvement Ennahdha a souligné «la nécessité que les priorités du gouvernement soit celles du document de Carthage», indiquant que son mouvement «va apporter son soutien au gouvernement». Harouni: «Il est prématuré de parler de participation d'Ennahdha» Le président du conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, Karim Harouni, a déclaré qu'il est encore prématuré de parler d'une participation de son parti au gouvernement d'union nationale présidé par Youssef Chahed «avant de connaître les résultats des consultations sur sa composition». «Le conseil de la Choura a écouté un exposé du président du mouvement Rached Ghannouchi et un autre de son secrétaire général Zied Ladhari sur les dernières données, les conceptions du bureau exécutif et la politique d'Ennahdha dans les négociations sur ce sujet (formation du gouvernement)», a-t-il précisé devant la presse en marge de la réunion extraordinaire du conseil. Harouni a rappelé que son parti avait exprimé sa disposition à prendre part aux consultations sur la formation du gouvernement de Youssef Chahed, indiquant qu'il «est encore prématuré de parler d'une participation du mouvement Ennahdha au gouvernement avant de prendre connaissance des résultats des consultations». Le président du conseil de la Choura s'est félicité de l'initiative de formation d'un gouvernement d'union nationale présidé par Youssef Chahed. «Il n'y a pas de démocratie sans participation des partis qui doivent être réhabilités», appelant à «faire face aux tentatives de diabolisation des partis et de l'élite politique en Tunisie». Le responsable du mouvement Ennahdha s'est prononcé à cet égard pour «l'engagement le plus large possible des partis au pouvoir afin de servir les priorités nationales». Il a souligné toutefois «la nécessité de respecter les résultats des élections législatives de 2014 et le fait que le chef du gouvernement soit chargé par le parti Nida Tounes (vainqueur du scrutin) de former le nouveau gouvernement», en allusion aux réserves de plusieurs partis sur le choix de Youssef Chahed au poste de chef du futur gouvernement et du retrait de trois partis des consultations, à savoir la Voie Démocratique, le Parti Républicain et le Mouvement Echaab. «Ennahdha est pour le choix de l'engagement, il est prêt à prendre une part active à la formation d'un gouvernement d'union nationale car il est une force politique dans le pays, soucieux de la participation de tous les partis et le soutien du plus grand nombre possible des organisations nationales à ce gouvernement», a-t-il affirmé. Le Front Populaire : Le choix de Youssef Chahed «un danger pour la vie politique qui va reproduire l'ancien régime» Le Front Populaire (FP) a réaffirmé jeudi son rejet du choix de Youssef Chahed au poste de chef de gouvernement d'union nationale «car ce choix représente un danger pour la vie politique et constitue une solution à la crise de la coalition au pouvoir aux dépens des aspirations du peuple et une dérobade de la responsabilité de l'échec de la coalition». Dans un communiqué rendu public jeudi par le conseil central, le FP a estimé que «le choix de Youssef Chahed au poste de chef du gouvernement futur «va reproduire l'ancien régime avec comme corolaire le clientélisme, l'autoritarisme et l'association du destin du peuple avec les intérêts d'une couche minime aux dépens du peuple et de la nation». Le Front Populaire a critiqué le fait que le président de la République ait choisi individuellement le nom de son candidat pour diriger le prochain gouvernement, estimant qu'il constitue «une preuve irréfutable du caractère formel des consultations avec les partis et les organisations dont le seul rôle à consister à démettre le chef du gouvernement». Le FP n'avait pas répondu favorablement à la demande de participation aux consultations lancées par le président de la république sur son initiative de formation d'un gouvernement d'union nationale, auxquelles ont pris part 9 partis et 3 organisations nationale, rappelle-t-on. De même, il n'avait pas pris part ainsi que d'autres partis au vote lors de l'assemblée plénière de l'APR qui n'avait pas renouvelé samedi la confiance au gouvernement Essid. Selon le Front Populaire, «le choix de Youssef Chahed au poste de chef du nouveau gouvernement n'a pas été l'aboutissement de consultations nationales et d'un large consensus politique et civile comme veut le faire croire la coalition au pouvoir mais un choix qui consacre l'ancien mode de pouvoir fondé sur les liens de parentés, le clientélisme et la mainmise par une petite catégorie sur les leviers du pouvoir qui a des inintérêts communs avec les centres de corruption». Pour le FP, le choix de Chahed «consacre la loyauté en premier lieu au président de la République qui veut contourner la constitution pour imposer un régime présidentiel comme première étape en désignant un chef de gouvernement proche et docile dont on pourra orienter les décisions et en amendant la constitution au moment approprié, en seconde étape, comme l'ont affirmé plusieurs parties de la coalition au pouvoir». Le Front Populaire a indiqué que «le choix de Chahed est une poursuite des politiques du gouvernement sortant, ses choix socio-économiques et ses liens avec l'étranger, ce qui ne fera qu'aggraver la crise du pouvoir, poussera à réprimer les libertés et contourner les acquis démocratiques obtenus grâce aux sacrifices du peuple». Il a lancé un appel aux «forces nationales et démocratiques, partis et organisations, associations, aux organisations des jeunes, des femmes et aux personnalités culturelles et nationales à se mobiliser pour rejeter les plans du président de la république et sa coalition au pouvoir visant à mettre fin au processus révolutionnaire et à retourner à la dictature et à la répression». Hamma Hammami, secrétaire général du parti des travailleurs et porte-parole du FP, avait estimé lundi à Monastir que «le gouvernement prochain connaîtra l'échec car il n'a pas d'autres alternatives et un nouveau programme et sera contraint de réprimer les libertés pour imposer des mesures douloureuses»..