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Quand la musique raconte
«Maqâm Roads ou les imaginaires du Maqâm» de Zied Zouari
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 03 - 2018

Le musicien et violoniste Zied Zouari sort très prochainement son album «Maqâm Roads ou les imaginaires du Maqâm», un travail de longue haleine qui réunit des instants précieux du parcours de l'artiste. Chaque morceau est une histoire, un souffle, une énergie.
Ce samedi 31 mars sera la date officielle pour le lancement de ce projet, un show case sera donné à Sfax (ville natale du musicien) et puis l'album fera son bonhomme de chemin. «Maqâm Roads ou les imaginaires du Maqâm» est un album à écouter avec le cœur.
«Chaque maqâm est un monde en soi», disait le grand oudiste Munir Bashir. Et il est vrai que le maqâm, clé esthétique des musiques modales des mondes arabe, turcophone, perse et d'Asie, est un caméléon. Chaque maqâm possédant une couleur, un sentiment particulier. L'art du maqâm étant une hydre qui s'est fécondée au fil des siècles et des géographies. C'est ce rhizome de styles qui a inspiré le violoniste tunisien Zied Zouari pour la composition de cet album nourri de ses rencontres et de ses doutes. Cette contemporanéité d'approche étant, après tout, conforme aux acceptions du maqâm qui désigne aussi un lieu musical et l'esprit de la musique qui en découle. Va donc pour Maqâm Roads (Les routes du Maqâm), voyage onirique du Maghreb à l'Inde et tendre manifeste pour affirmer la liberté inaliénable de l'artiste voulant faire fi des clôtures mentales qu'une actualité souvent délétère veut lui imposer.
Le choix de ses deux complices pour l'accompagner n'étant pas neutre tant comme le précise Zied Zouari : «L'on essaie de traverser les peines avec une mémoire musicale commune». En l'occurrence, le chanteur turc Aburrahman Tarikci (par ailleurs joueur de saz et de basse) et le batteur-percussionniste d'origine arménienne, Julien Tekeyan. Depuis longtemps, Zied Zouari œuvre à un nouveau langage violonistique arabe avec une approche syncrétique de diverses influences, de la musique afro-arabe et indou-turque à la musique classique occidentale, au jazz et aux musiques du monde. A cet égard, Maqâm Roads propose une juste palette de sa quête. Tunisian Complaint doit être entendue comme une composition veinée d'inquiétude à propos de la période qui a suivi la fameuse révolution tunisienne. Y percevoir comme une perplexité quant au futur d'une société menacée par les extrêmes. Un morceau traversé d'influences africaines selon un esprit pentatonique propre au t'ba tunisien que l'auteur entend réhabiliter. A contrario, avec Flowers, balade éthérée, un certain optimiste s'exprime. Utopie d'une humanité apaisée à faire naître ? Les lyrics (traduire : du vœu d'un langage humain...) étant empruntés à un traditionnel de la cité turque de Tokat sur la mer Noire. Ecouter Air From India, c'est atterrir en Inde. Rien de fortuit dans cette escale. Notre violoniste qui a fréquenté Lakshminarayana Subramaniam, maître du violon carnatique, s'avoue fortement imprégné de la culture de ce pays. Et la tradition des ragas est à l'origine de cette pièce jouant des onomatopées du konnakol indien. Le système des syllabes rythmiques (associé aux frappes des tablas) étant pour lui une autre façon de chanter. Avec Tales of Krishnamurti, voici un autre écho au référent indien puisque la composition s'inspire de la pensée du théosophe Jidhu Krishnamurti (1885-1986). Ce Socrate du Andhra Pradesh qui avait la conviction qu'une mutation bénéfique du monde devait passer par une transformation du «vieux cerveau conditionné de l'homme», afin d'accéder à une liberté, loin des dogmes religieux et des idéologies politiques qui ne faisaient que perpétuer des conditionnements aliénants. Le patern du morceau, le btaihî, étant issu de la nûba tunisienne avec, là encore, une irisation hindoue. Morceau en 7/8 de facture mélancolique, No Bow No Cry (Sans archet on ne pleure pas) est un autre parti pris d'africanité. Clin d'œil au No Woman, No Cry de Bob Marley, imitant la kora, le violon joué sans archet, dans une manière de berceuse, suggère les gnawas du Sud saharien. Pour sa part, Lettre à Ikbel, référence à une missive que Zied Zouari avait écrite à sa compagne alors qu'il effectuait une tournée loin d'elle, est une élégie amoureuse. Y déceler un maqâm entre deux héritages, celui de l'Egypte et celui de la Turquie, mais dont le chorus sur une grille harmonique opte pour une dimension jazzy. Intime toujours avec La Sfeqâs. Mais cette fois, l'ode s'adresse à une ville, Sfax, la cité de sa naissance, riche de son huile d'olive, de ses amandes, de son poisson et de sa médina. Notre violoniste y croisant deux inspirations : une imprégnation rythmique d'un fameux thème de Chick Corea (Spain) et un pur traditionnel mystique du cru extrait d'une nûba de la Hadhra (rituel collectif soufi). D'où un mix de karkabous et un chant (en arabe) porté par Abdurrahman Tarikci. Avec Egyptian Notice, l'auteur prône un échange modal plus équitable entre l'Egypte et les autres pays arabes. Tant durant des décennies le rapport musical avec ce pays (via Oum Kalsoum, films et feuilletons) fut à sens unique. Un morceau auquel est insufflée une dimension rock. Le contraste entre groove et options minimalistes étant une marque de fabrique du compositeur. L'album se concluant avec une relecture de Zarzis, titre-phare de Ridha Kalaï (1931-2004), le «père» du violon tunisien, à propos des filles de cette cité du Sud. Zied Zouari insufflant dans ce standard toute une sensibilité nourrie aux deux rives de la Méditerranée. Comme un point de vue prospectif, grâce au filigrane du maqâm, sur des enjeux féconds entre l'Ici et l'Ailleurs, cultures autochtones et mondialité.


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