Après le franc succès qu'a connu le «Djerbahood» à Erriadh à l'île de Djerba en 2014 où les œuvres d'une centaine d'artistes de plus de trente nationalités différentes ont transformé ce lieu authentique et traditionnel en une attraction culturelle incontournable en Tunisie, la manifestation «Djerba Painting» visait le même objectif en investissant un vieux quartier à Houmt-Souk. En s'inspirant de cette belle expérience, l'Association Hibiscus Djerba, en collaboration avec l'Association des architectes de Djerba qui, toutes les deux, souhaitaient travailler dans la continuité des valeurs véhiculées par le Street Art : générosité, partage, offrant au passage la possibilité de découvrir la ville autrement, viennent d'organiser le «Djerba Painting» au cœur de la ville de Houmt Souk. Plus d'une dizaine d'artistes tunisiens et étrangers ont pris part à cet événement et ont investi les murs des ruelles oubliées de la vieille ville au grand bonheur des habitants, mais aussi des touristes curieux qui ont apprécié la nouvelle allure de Houmt-Souk. L'événement se décline sur plusieurs supports. Pans entiers de murs, façades d'habitations mais aussi devantures de vieilles boutiques. Ainsi, pour permettre une créativité maximale et proposer une grande variété d'œuvres, carte blanche a été donnée aux participants, faisant jaillir une pluralité de styles. Leur seule contrainte étant, en revanche, de respecter l'authenticité des lieux et de l'environnement local pour ne pas dénaturer la médina. En quatre jours, seulement, plusieurs fresques originales et gigantesques sont apparues sur les murs de la vieille ville. Ces artistes graffeurs qui méritent tous d'être cités pour la qualité de leurs œuvres : Iman Ross Williams (Maroc/Etats-Unis), Nadia Ghariani (Maroc), Thomas Schellenberger, Bob Storme, Pierre Patrice Kasses et Yann Laissy (Belgique), Manuel Quaresma, Willy Fruchard et Kwim Twe (France), Syd Bissell (Grande-Bretagne), Samta Ben Yahia (Algérie), Ashraf Abdelaadhim, Bayrem Tounsi, Mouadh Jaballah, Monaam Ben Younes, Dalel Tangour et Jilani Zerria (Tunisie) ont tous travaillé d'arrache-pied afin de redonner vie aux murs délabrés de la ville. «Ils ont donné un nouveau souffle à une partie délaissée de la ville, une des plus anciennes parties de Houmt Souk, où le temps s'est arrêté, tout en respectant l'authenticité des lieux et de l'environnement local pour ne pas dénaturer la médina», précisent les organisateurs, qui assurent que cet événement artistique fut également une grande aventure sur le plan humain, permettant aux artistes d'échanger leurs expériences artistiques avec les habitants dans une ambiance fraternelle et conviviale. Employant la technique mixte, le collage, le dessin et le graffiti, etc., chacun des artistes traduit sur son support tout ce qui a pu attirer et séduire son regard. Se laissant ensuite aller dans une douce euphorie, voir les couleurs apparaître. Ils balayent l'espace à grands coups de pinceau, superposant les couleurs et les matières, imprimant des graffitis tels des spots publicitaires invitant le spectateur à explorer une ville, une culture, une histoire et un quotidien doux et serein. Les couleurs viennent alors renforcer le plaisir de «la pupille», tout en préservant une certaine sobriété dans ce champ graphique trouvant un espace de convivialité où cohabitent images, couleurs et calligraphie. Des dessins de Djerbiens en costumes traditionnels, des animaux ou des signes et des motifs artisanaux ou alors des fresques représentatives de l'art brut ou abstrait sont ainsi progressivement apparus sur les murs du quartier. L'événement a connu un succès inattendu et a agité les réseaux sociaux. Cette ruelle est devenue maintenant le passage incontournable des agences de voyages qui commercialisent l'île auprès des touristes européens. A découvrir, donc, lors d'une petite virée à l'île de Djerba !