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«On passe par une année difficile qui impose une limite des usages secondaires de l'eau»
Entretien avec M.Mosbah HELALI, PDG de la SONEDE
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 04 - 2018

Les perturbations enregistrées ces derniers jours dans la distribution de l'eau potable ont mis les nerfs des citoyens à fleur de peau. Des perturbations qui ont dépassé parfois les trois jours, causant ainsi des nuisances pour les usagers, surtout avec la montée de la température. Le P.-d.g. de la Sonede, M. Mosbah Helali, nous livre les explications nécessaires à cette question et nous parle des grands projets et de la stratégie de son entreprise pour faire face à une troisième année consécutive de sécheresse. Entretien.
Les citoyens se plaignent ces derniers temps des perturbations ainsi que des coupures dans la distribution de l'eau potable. Ces perturbations dépassent des fois trois jours. Qu'en est-il au juste ?
La Sonede gère sur tout le territoire tunisien un réseau de 53 mille km de conduites et environ 4.000 ouvrages hydrauliques, entre stations de pompage, de traitement de dessalement, et ouvrages hydrauliques annexes. Les installations nécessitent aujourd'hui un renouvellement en raison de leur vétusté et la Sonede est appelée, dans le cadre de l'entretien de son infrastructure, à la mise à exécution de trois types d'intervention qui engendrent une perturbation au niveau de la distribution de l'eau potable pour des durées bien déterminées.
On cite, au premier plan, les interventions préventives sur les réseaux, les équipements, les conduites qui vieillissent et qui doivent systématiquement être remplacées selon les moyens dont dispose notre société et qui proviennent essentiellement des recettes de la vente d'eau. Il y a aussi les interventions de maintenance curative qui relèvent de la réparation des pannes qui surviennent sur les installations, les équipements et les conduites.
Le troisième type d'intervention sur les réseaux est exigé par d'autres intervenants dans la voie publique pour libérer l'emprise de certains ouvrages comme les travaux des routes, des ponts, les échangeurs, comme c'est le cas pour cette semaine. Une intervention programmée et demandée par le ministère de l'Equipement pour libérer l'emprise de l'échangeur qui est en cours de construction par ledit ministère au niveau du croisement de la route X et la sortie ouest de la capitale. Généralement, on trouve sur la voie publique les conduites de la Sonede et d'autres ressources diverses. C'est donc sur la demande de ses intervenants qu'on est appelé à déplacer légèrement les conduites pour libérer de l'espace et permettre l'accomplissement d'autres ouvrages.
Pour la dernière intervention qui a eu lieu au cours de cette semaine, il s'agit d'un déplacement de la conduite pour libérer l'emprise de la route ceinture X20 réalisée par le ministère de l'Equipement. Malheureusement, l'emprise de cette route ceinture et de l'échangeur croise le tracé des conduites existantes depuis 1900 qui alimentent la banlieue sud de Tunis. C'est une conduite de grande capacité (1.600mm de diamètre), ce qui a engendré la perturbation au niveau de la distribution de l'eau potable.
Ce sont ces trois types d'intervention sur les réseaux et qui nécessitent l'interruption parfois partielle et parfois totale et dont la durée est plus ou moins importante proportionnellement à l'ampleur des travaux.
Certains pensent que la fréquence de ces interventions suit une courbe ascendante par rapport aux années passées, ce qui est totalement faux. Ceci est dû à notre nouvelle politique de communication axée sur la transparence. Tous nos travaux sont annoncés dans le cadre du total respect du consommateur qui a le droit à l'information. Nos équipes interviennent en moyenne 50 fois par jour sur tout le territoire.
Il y a des interventions qui ne sont programmées que dans les saisons de basse consommation, c'est-à-dire en hiver ou au début du printemps. Mais à partir de la fin du mois d'avril, les interventions préventives sont limitées. La priorité est donnée aux interventions de maintenance et de réparation des pannes sur les réseaux. Dès l'arrivée de l'été, qui est une haute saison de consommation d'eau, on essaie toujours de minimiser au maximum les interventions.
Quelles actions la Sonede compte-t-elle entreprendre pour lutter contre la menace du stress hydrique en Tunisie, notamment pour cet été ?
Notre pays a pu gérer l'offre en eau depuis des décennies. L'Etat a multiplié la construction des barrages et les transferts entre ces barrages en raison du stress hydrique que vit toute la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Mena) et pas seulement la Tunisie .On a mobilisé au maximum nos ressources en eau. Actuellement, on est à 92% du taux de mobilisation et nous espérons aller plus à la fin du plan quinquennal pour atteindre 95%. C'est un acquis de taille compte tenu des moyens modestes mis à notre disposition.
L'objectif dans notre stratégie générale est de passer d'une politique de gestion de l'offre à une politique de gestion de la demande en eau qui doit s'axer sur la rationalisation de la consommation et l'incitation du citoyen dans cette direction, d'autant plus que c'est toute la planète qui subit les conséquences du réchauffement climatique et surtout la région Mena qui figure parmi les plus touchées par ce changement.
Nous vivons aujourd'hui la troisième année de sécheresse, et la quantité des dernières précipitations, surtout à l'extrême nord du pays, n'a pas atteint la moyenne. Le stock général dans les barrages s'élève aujourd'hui à un milliard 50 millions de m3, contre un milliard 65 millions de m3 la même journée de l'année dernière. 15 millions de m3 de moins par rapport à 2017 qui est pourtant considérée comme une année sèche.
On passe encore par une année difficile, ce qui impose une rationalisation et une gestion équilibrée de l'eau. Le citoyen doit limiter les usages secondaires de l'eau. Il faut que tout le monde sache que nous sommes un pays au potentiel hydrique très limité.
Toutefois, la Tunisie a toujours su gérer le peu de ressources en eau dont elle dispose et mis en place un système d'interconnexion entre les barrages et de transfert de l'excédent d'eau à d'autres régions, ce qui a assuré la continuité au niveau de la distribution de l'eau depuis la création de la Sonede en 1960.
Qu'en est-il du prix de l'eau ?
Mettre l'eau potable à la disposition de tous les citoyens a un coût qui est tributaire de la consommation de l'énergie et la Sonede est le premier consommateur d'électricité dans le pays. Cette énergie est utilisée pour le pompage, le traitement et le dessalement de l'eau. La facture énergétique est énorme et en progression continue.
Tout ce qui est matière première utilisée dans la construction et tout ce qui relève de l'équipement (importé généralement), ainsi que la main-d'œuvre, font que le prix de revient de l'eau augmente chaque année.Le coût est en nette augmentation d'une année à l'autre au moment où les recettes de la Sonede qui proviennent exclusivement de la vente d'eau sont gelées, ce qui rend impossible l'équilibre entre le prix de revient de l'eau et le prix de vente.
Il y a lieu de mentionner d'autres charges supplémentaires pour la Sonede avec la mise en place de 10 nouvelles stations de dessalement dans le sud du pays en 2017 visant à améliorer la qualité d'eau distribuée dans le Sud, et la mise en service à partir de ce mois d'avril de la station de dessalement de Djerba. Ceci va constituer une charge supplémentaire en électricité qui va peser sur le coût et les dépenses de la société.
Actuellement, la différence entre le prix de revient et le prix de vente du m3 d'eau est aux alentours de 150 millimes, ce qui veut dire que la Sonede vend l'eau à perte, ce qui pourrait affecter les équilibres généraux de l'entreprise, sa capacité à renouveler ses réseaux et à mettre à disposition des équipements d'intervention rapide pour la réparation des conduites et la maintenance. Mais en dépit de toutes ces contraintes, on essaie toujours d'améliorer nos services avec les moyens disponibles.
Par ailleurs, la Sonede a mené, avec tous les intervenants du secteur, des études sur la capacité des Tunisiens à payer la facture d'eau. Ces études ont démontré que la charge de cette facture ne représente que 0.52% du budget d'une famille moyenne, alors que les normes et les standards indiquent que ce pourcentage peut atteindre 5% sans toutefois affecter le pouvoir d'achat des citoyens de souche moyenne.
Les citoyens se demandent si l'eau du robinet est potable et pourquoi devient-elle jaunâtre des fois? Ils se plaignent aussi de la faible pression de l'eau du robinet à certaines heures de la journée.
La Sonede ne peut distribuer de l'eau si elle n'est pas conforme aux normes nationales et internationales. Les normes incluent les caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques de l'eau. Chaque année, la Sonede effectue au moins 52 mille prélèvements d'échantillons et d'analyse sur tous les réseaux de distribution à travers le territoire tunisien avant d'atteindre le robinet du consommateur.
En parallèle, le ministère de la Santé, avec ses structures régionales, effectue des prélèvements inopinés à l'insu de la Sonede. Environ 35 mille prélèvements sont effectués chaque année par ce ministère sur tout le territoire afin de s'assurer de la qualité de l'eau. On ne peut distribuer de l'eau qui n'est pas conforme aux normes. Consommer l'eau du robinet ne constitue aucun problème.
Pour la couleur jaunâtre qui apparaît de temps à autre, ceci est dû aux travaux d'intervention sur les réseaux. Il y a des procédures de désinfection et de rinçage avant la remise en service du réseau. Ce qu'on conseille aux consommateurs, c'est de laisser l'eau du robinet couler pendant quelques minutes et attendre qu'elle reprenne sa couleur normale.
Généralement, ces baisses de pression sont enregistrées dans des zones élevées, où les habitations sont construites hors plan d'aménagement et c'est pendant les moments de consommation excessive de l'eau que chute la pression, mais la plupart du temps la Sonede intervient pour résoudre le problème avec le renforcement des équipements de pompage et des conduites.
Quels sont les futurs projets de la Sonede ?
Aujourd'hui, la Sonede a mis en place des projets qui sont en cours de réalisation pour l'année 2018 et qui sont d'une valeur équivalente à trois mille millions de dinars en vue d'assurer de bonnes conditions de desserte de ses clients, la disponibilité des ressources hydriques pour tout le monde et garantir la qualité de service et la qualité de l'eau.
Chaque année, à partir du mois de septembre, la Sonede met en place un programme de passage de l'été pour l'année suivante. Pour l'été 2018 qui représente le pic de la consommation dans tout le pays, on a mis en place un programme d'environ 40MD qui comporte la création de nouveaux forages. Actuellement, 87 forages sont en phase d'exécution dans toutes les régions pour pallier le déficit. 18 forages sont conçus pour les systèmes d'alimentation en eau potable au Cap Bon, au Sahel et à Sfax, où la demande en eau est très importante et la population concernée est d'environ 5 millions d'habitants.
Ce programme comporte aussi la création et le renforcement des stations de pompage, l'extension de certaines adductions et le renforcement de leur débit pour couvrir les besoins en eau pour la période estivale. Ce programme ne résoudra pas tous les problèmes de l'été 2018 étant donné le manque de ressources, surtout dans les deux barrages les plus importants du pays, ceux de Sidi Salem et surtout Nebhana qui n'a pas eu d'apport cette année. C'est pour cette raison qu'on a engagé un programme pour la création de 18 forages uniquement pour ce système en vue d'atténuer d'une manière drastique le déficit prévisionnel sur cette région.
Nous croyons qu'à la fin des travaux du barrage Kalâa Kebira, qui est d'une capacité d'environ 30 millions de m3, le problème de la pointe estivale dans les régions du Cap Bon, du Sahel et de fax sera résolu.
Il va sans dire que tous les gouvernorats sont concernés par ce programme en fonction du niveau du déficit prévisionnel pendant l'été 2018.


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