Le pays a subi durant les deux dernières années de fréquentes perturbations et autres interruptions dans la distribution de l'eau potable. Un grand nombre de spécialistes dans ce domaine ont affirmé que le pays vit une crise de l'eau depuis l'été 2016, devenue plus aiguë durant l'été 2017. Certains observateurs s'attendent à ce qu'elle atteigne son maximum au cours de l'été 2018. M. Faiez Moussallem, directeur général du Département des barrages et des ouvrages hydrauliques au Ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche a bien conscience du problème. Il a déclaré, dans un entretien à Tunisienumérique, que le Tunisie a atteint pour la troisième année consécutive, le seuil de sécheresse avec 430 mètres cube par personne et par an, alors que la norme est 500 mètres cube. Il a indiqué que l'été dernier a été considéré déficitaire en termes d'apport de l'eau potable aux citoyens et de l'eau d'irrigation aux agriculteurs. On a eu recours aux eaux du barrage Sidi Barrak, sachant qu'il est considéré comme la réserve de la Tunisie. M. Mousallam a souligné que la Tunisie connaît cette année des difficultés au niveau du transfert des eaux de barrages, particulièrement celle Nabhana qui fournit l'eau potable et l'irrigation à cinq gouvernorats. L'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) a réalisé un certain nombre d'études qui montrent la situation difficile de l'eau en Tunisie. Son Directeur, M. Naji Jalloul a fait part de sa détresse à Tunisienumérique. Il a affirmé que la Tunisie a été classée 9ème pays du monde déficitaire en eau, sachant que 80 % de l'eau est utilisée pour l'irrigation. Ces déclarations alarmantes, ainsi les coupures fréquentes de l'eau potable, nous font réfléchir sur la situation des ressources hydrauliques du pays et sur les causes des perturbations innombrables dans la distribution depuis le début de l'année 2018. Nous avons abordé cette question avec M. Mosbah Helali, directeur général de la Société nationale pour l'exploitation et la distribution d'eau (SONEDE). Il nous a expliqué que les coupures étaient dues essentiellement à des travaux de maintenance effectués par l'entreprise et à des pannes accidentelles qui arrivent dans le réseau de distribution. M. Helali a ajouté que la situation de l'eau dépend des précipitations supplémentaires pendant les mois d'avril et de mai, précisant que le niveau des averses était bas cette année. Concernant les éventuelles perturbations dans la distribution de l'eau au cours de l'été de 2018, il a indiqué que les choses seront plus claires entre fin avril et début mai. Quant aux solutions envisagées par la SONEDE, son PDG a déclaré qu'il y avait des programmes de réalisation de forages d'une valeur de 60 millions de dinars et un plan de renforcement des stations de pompage. Notre interlocuteur a ajouté que si les ressources d'eau seront insuffisantes, l'Etat va recourir à la mis en œuvre du programme de gestion des ressources en eau, s'étalant jusqu'en 2035. Ce programme inclut le dessalement de l'eau de mer, en plus de la purification de l'eau de la nappe phréatique, commencé depuis 1983. Concernant le coût de ces projets M. Helali a avancé la somme de 3.300 millions de dinars, dont 1.500 millions de dinars pour le dessalement de l'eau. Ces diverses déclarations nous alertent sur l'état préoccupant de l'eau en Tunisie d'où la nécessité pour les décideurs politiques et les experts de se pencher sur le problème pour ne plus dépendre des caprices de Dame Nature.