Qu'on veuille le reconnaître ou qu'on campe sur ses positions initiales, la crise de l'enseignement secondaire est désormais transférée à la Place Mohamed-Ali. Noureddine Taboubi et Lassaâd Yaâcoubi cherchent un compromis qui préserve la crédibilité de l'un et permette à l'autre de sauver son poste Une journée particulière, hier, au siège de l'Ugtt, Place Mohamed-Ali, à l'occasion de la rencontre des secrétaires généraux des syndicats de base de l'enseignement secondaire réunis à l'appel de leur fédération générale pour décider «de restituer les notes scolaires relatives au premier semestre de l'année en cours aux administrations des lycées et collèges secondaires et retourner à la table des négociations avec le ministère de l'Education, mais à condition de parvenir à des solutions sérieuses qui répondent positivement aux revendications des professeurs du secondaire», comme ne cessent de le répéter Lassaâd Yaâcoubi et ses collaborateurs les plus proches, dont en premier lieu Néjib Sellami, le S.G. adjoint de la Fédération générale. Hier, les représentants des enseignants dans les régions étaient en conclave pour trouver une solution au conflit qui oppose leur fédération au ministère de l'Education et une issue de sortie à la tension qui caractérise, désormais, les relations qu'entretiennent la même fédération et le bureau exécutif de l'Ugtt, à la suite du refus des membres directeurs de la fédération d'avaliser la décision prise par la commission administrative nationale relative à la remise des notes aux administrations, décision annoncée par Noureddine Taboubi, secrétaire général de la Centrale syndicale ouvrière, comme un succès de son intervention personnelle en vue de résoudre la crise et comme «un nouveau geste patriotique de la part des syndicalistes qui ont toujours consenti les sacrifices qu'il faut dans les moments les plus difficiles de la vie nationale». Malheureusement, la mission de bons offices menée par Noureddine Taboubi n'a pas trouvé l'écho qu'on attendait auprès des syndicalistes de la fédération qui ont rejeté énergiquement la décision de la commission administrative nationale, estimant qu'il leur appartient exclusivement de décider de la poursuite de la rétention des notes ou de leur remise à l'administration. La fronde s'étant installée à la Place Mohamed-Ali et la rupture bureau exécutif-Fédération générale de l'enseignement secondaire menaçant «les rebelles de sanctions que prévoit le règlement intérieur de l'Ugtt, hier, Taboubi s'est retrouvé devant la nécessité de «gagner le bras de fer qui l'oppose à l'un des secteurs les plus forts de l'Ugtt dans le but de montrer aux autres secteurs qui pourraient être tentés de suivre la voie des enseignants du secondaire que la direction centrale a repris le commandement des secteurs et que désormais rien ne se fera sans son aval». Idem pour Lassaâd Yaâcoubi et ses compagnons à la Fédération dans la mesure où ils jouaient, hier, leur dernière carte pour ne pas perdre leur «crédibilité et l'image de militants intraitables qu'ils ont réussi à se forger auprès des enseignants». Interrogations «C'est la raison pour laquelle, apprend-on dans les coulisses de la réunion d'hier, que la tendance générale était à la remise des notes scolaires, au retour aux négociations avec le ministère, mais à nos conditions» comme le révélaient certains participants à la rencontre. Et ces mêmes sources ajoutent : «Au cas où nos revendications ne seraient pas satisfaites comme nous l'exigeons et que le ministère retournerait à ses vieilles traditions de tergiversation et de gain du temps, les enseignants auront recours à d'autres méthodes de militantisme et à de nouveaux mécanismes à même de concrétiser leurs demandes». Les mêmes sources ne détaillent pas les actions qui peuvent être entreprises par la Fédération générale de l'enseignement secondaire en cas d'échec des négociations. On s'interroge, cependant, sur les options qui seront suivies par les syndicalistes «sans porter atteinte aux intérêts des élèves» comme ils ne cessent de le répéter. «Il reste, souligne-t-on, d'autres mécanismes comme la rétention des sujets du baccalauréat 2019 et des concours de la 9e année de l'enseignement de base, le refus d'assurer la surveillance et la corrections des mêmes examens nationaux. Sauf qu'il leur est difficile, voire impossible, de convaincre les Tunisiens que leur action ne porte pas atteinte aux intérêts des élèves». Du côté de la direction centrale de l'Ugtt, les choses sont claires. «Il n'est pas question, souligne-t-on, que les secteurs continuent à faire la pluie et le beau temps et que leurs décisions soient avalisées à n'importe quel prix par le bureau exécutif».