Mme Emna Jeblaoui, directrice de l'Institut de développement humain, nous expose les activités de cette association qui travaille depuis des années discrètement en faveur de la femme et des adolescents, pour une meilleure inclusion économique et une instauration de la paix. Compte tenu de son sérieux, cette association a trouvé le soutien et l'apport financier des organisations internationales. Quels sont les objectifs et la mission de l'Institut de développement humain que vous dirigez ? La structure de l'IDH se compose d'un bureau exécutif, d'un comité de direction et d'un représentant légal. Cette association est constituée aussi d'un Conseil consultatif et d'une Commission composée des compétences qui appuient l'IDH sur les questions liées à la stratégie et la ligne directrice. «Tunisie Platform» est un espace de création, de proposition, d'action, de conception de réflexion pour les jeunes de l'Institut en question. Quant au «Cercle Genre», il s'agit d'un network destiné au renforcement des capacités des femmes et la promotion de leurs droits, lançant l'initiative Femmes pour la Paix et la Sécurité dont le respect de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations unies. «IDH Brain Box» est une plateforme de recherches et un cercle de Réflexion, basés sur l'approche recherche-action. Les objectifs de l'IDH consistent notamment à fournir l'assistance pour les réformes en période de transition. Il est question aussi de renforcer les capacités des acteurs de la société civile et de la société politique en démocratie et de promouvoir la médiation et l'arbitrage politique, social et économique en période de conflit. Parmi les autres objectifs fixés, on peut citer aussi la facilitation du dialogue démocratique et du débat multipartite entre les différents acteurs politiques, sociaux et économiques. L'Institut vise, de même, à créer une plateforme de recherche et de réflexion stratégique sur les questions du développement humain et à consolider le rôle de la femme dans la construction de la paix. L'Institut veut également renforcer les capacités des jeunes et notamment des adolescents (lycées, collèges,...) et jouer ainsi un rôle dans la prévention contre l'extrémisme violent. Le renforcement des capacités d'exportation constituent une autre activité menée. Parlez-nous des projets concrets réalisés par votre association ? Le projet «CAP-X» est un programme qui s'étale sur deux ans et qui vise à créer des opportunités en soutenant une augmentation des exportations artisanales tunisiennes. Ce projet apporte une expertise technique à 50 artisans entrepreneurs tunisiens pour affiner leurs produits afin de répondre aux standards internationaux. L'IDH et «Creative Learning» ont pour objectif de faciliter la participation des artisans entrepreneurs sur les marchés internationaux et d'augmenter les exportations de leurs produits. Une attention particulière est accordée aux femmes artisanes dans les zones rurales et vulnérables. Ce projet vise à renforcer les capacités des artisans au niveau du design, afin de les préparer à accéder au marché américain le long de la chaîne de valeur artisanale. Les catégories de produits choisies pour ce projet sont la poterie dont celle de style berbère, le poids rustique et les couleurs naturelles (vases, bols...). On cible aussi la céramique, la fibre végétale (luminaires suspendus, décoration intérieure), le verre (verre soufflé à la bouche, fusionné), le bois d'olivier pour la fabrication des petites tables d'appoint, miroirs peints, boîtes, plateaux. Quant au textile, il concerne les charpes-fibres naturelles et la teinture naturelle. La mosaïque est aussi concernée par les travaux pour la fabrication d'objets de décoration. L'IDH remercie l'Onat pour son appui et sa collaboration fructueuse. Nous tenons à remercier Mme Selma Elloumi, ministre du Tourisme, pour son encouragement à cette expérience de collaboration entre la société civile et les acteurs étatiques. Nous tenons également à exprimer nos remerciements au directeur général de l'Office national de l'artisanat tunisien, M. Faouzi Ben Halima, le directeur de la coopération internationale, M. Karim Louhichi, ainsi que tout le personnel de l'Onat. Comment les femmes peuvent-elles jouer un rôle dans l'instauration de la paix ? Les Femmes pour la paix et la sécurité entre dans le cadre du projet «Women 4 Peace & Security» ou W4PS. Celui-ci est mené en partenariat avec l'Agence espagnole pour la coopération internationale (AECID) sur la période 2016-2018. Le projet a pour but de former 100 citoyennes et citoyens, ambassadeurs de paix qui vont œuvrer à la promotion de la paix et de la sécurité dans leur région, leur milieu professionnel ou dans leurs organisations. Ce projet se base sur 3 axes, à savoir : – Créer une plateforme web et l'alimenter d'informations sur les activités de l'IDH : vidéos éducatives et ludiques véhiculant des discours alternatifs de haine et d'extrémisme violent... – Faire une étude et un mapping sociologique de la radicalisation des zones sensibles et marginalisées. – Renforcer les capacités des 100 acteurs du réseau pour être des ambassadeurs de paix dans leurs régions et associations, les doter d'outils d'analyse, d'outils de détection des signes de la radicalisation, notamment celles des adolescents. Le projet «Femmes & jeunes pour la paix» ou «Women & youth 4 peace» (WY4P), financé par l'Union européenne en partenariat avec l'Association italo-suisse Helpcode, est planifié pour être exécuté sur 3 ans de 2018 à 2021 et couvrira six gouvernorats de Ben Arous, Tunis, Ariana, La Manouba, Médenine et Tataouine. L'objectif général du projet consiste à identifier et renforcer les capacités de 500 femmes et 500 jeunes aux efforts de prévention de l'extrémisme violent et à réduire les risques de radicalisation au sein de leur communauté pour en faire les acteurs de consolidation de la paix en Tunisie. Les objectifs spécifiques du projet consistent à renforcer des réseaux locaux de femmes pour promouvoir l'égalité de genre, combattre la discrimination, encourager la sensibilisation à l'autonomisation économique de la femme et favoriser la participation à la construction d'une culture de la paix. Il s'agit, de même, d'assurer le développement avec les jeunes à risque de radicalisation en usant un discours alternatif pour promouvoir la paix et la non-violence. La création d'un réseau de dialogue participatif au niveau communautaire, local et national permettra la compréhension du phénomène de la radicalisation et la définition commune des mesures d'atténuation.