Par Samira DAMI La communication au sein des institutions culturelles et le développement des compétences dans le domaine de la propriété intellectuelle». C'est là l'intitulé de la rencontre interrégionale de formation des directeurs des maisons de la culture, organisée les 19, 20 et 21 avril à Tunis, par la direction générale de l'action culturelle du ministère des Affaires culturelles. Cette rencontre, ayant réuni une soixantaine de dirigeants de centres, complexes et maisons de la culture de six gouvernorats, Tunis, Ariana, Ben Arous, La Manouba, Nabeul et Zaghouan, s'est tenue avec le concours de la délégation régionale des affaires culturelles du gouvernorat de Tunis et de l'Otdav (Organisation tunisienne des Droits d'auteur et voisins). Cette rencontre — ou séminaire — s'est articulée autour de 3 axes: le développement des compétences dans le domaine des droits d'auteur et voisins, ainsi que la relation et les méthodes de communication avec les médias traditionnels et électroniques et enfin les orientations de la direction régionale de l'action culturelle ainsi que les moyens de développement des institutions culturelles publiques. Quatre ateliers de formation ont été organisés au cours de ce séminaire. Les deux premiers ayant trait à la propriété intellectuelle ont pour buts de développer les compétences des directeurs des institutions culturelles en matière de droits d'auteur, afin de réconcilier les créateurs et les artistes avec ces institutions, et d'inciter ces directeurs à «respecter les droits de la propriété intellectuelle», souligne Mounira Ben Halima, directrice générale de l'action culturelle au sein du ministère. Ces ateliers ont été animés par deux experts, M. Ahmed Ben Hassana et M. Mehdi Najar. Au terme de ces ateliers, une convention, d'une durée de 3 ans, a été signée le 19 avril entre la direction générale de l'action culturelle et l'OTDAV, et ce, en présence du ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine, qui a ouvert cette rencontre par une communication sur «les orientations fondamentales de l'action du ministère des Affaires culturelles». Les deux autres ateliers concernant la communication des activités culturelles à travers les médias traditionnels et électroniques ont pour objectifs, selon Mounira Ben Halima, «de valoriser l'action, les activités et manifestations culturelles par une communication judicieuse en vue de promouvoir la culture de proximité et d'assurer le droit à la culture pour tous aussi bien le large public que les publics spécifiques». Ces deux ateliers ont été animés par les journalistes et communicateurs, Mnawer Melliti qui a traité «des méthodes de communication à travers les médias traditionnels et électroniques», et Mourad Allala qui s'est focalisé sur «les voies et les moyens de communication avec le public dans toutes ses composantes», les publics des quartiers populaires, des centres d'intégration sociale, des personnes âgées, des centres de protection de l'enfance, des centres de détention et prisons, des régions rurales, etc. Le troisième axe de cette rencontre concerne «les orientations de la direction générale de l'action culturelle». Il s'agit, entre autres, d'une approche participative de partenariat avec les diverses composantes de la société civile, les secteurs public et privé, outre l'ouverture sur les nouvelles expressions artistiques ainsi que l'élaboration de nouvelles voies de création. Au cours du débat qui a clôturé les ateliers, il s'est avéré que la plupart des directeurs des maisons de la culture sont conscients de l'importance du droit des créateurs à la propriété intellectuelle contre toutes formes de piratage. Toutefois, concernant la communication de l'action culturelle à travers les médias, quelques réticences se sont manifestées chez les dirigeants des institutions culturelles, certains arguant du fait «que d'abord, ils ne sont pas des spécialistes de la communication et qu'ensuite, face à leurs multiples tâches entre programmation, administration, affichage, maintenance et autres, ils ne peuvent également prendre en charge la communication avec et dans les médias». Quelques directeurs se sont même plaints de l'isolement, de la bureaucratie administrative et du manque de suivi de leurs activités par les médias en général, tout en exprimant leurs regrets de voir certains journalistes s'acharner à les critiquer en méconnaissant les nombreuses tâches et les multiples efforts qu'ils fournissent pour valoriser leurs institutions et faire réussir leurs actions et manifestations culturelles. Toutefois, une question s'impose : que faire et comment agir afin que les activités des espaces culturels touchent le public ? Il n'y a certes pas de recettes prêtes. Car outre les médias traditionnels et électroniques, il s'agit d'utiliser les réseaux sociaux. Or, la majorité des directeurs présents ont affirmé qu'ils y ont recours, mais que le résultat n'est pas toujours probant, puisque le public n'est pas toujours au rendez-vous. Certains dirigeant (e)s de ces institutions ont proposé que la communication devrait être prise en charge par les délégations régionales ou carrément le ministère de tutelle. D'autres propositions intéressantes dont celle de la directrice de la maison de la culture de «Hay Ettahrir» qui a suggéré que le ministère des Affaires cultuelles crée sa propre chaîne de radio et de télé dans le but de promouvoir les activités et les grandes manifestations de l'ensemble de ses institutions culturelles et de ses festivals. Une proposition intéressante et judicieuse à creuser et à méditer. Pourquoi pas ? Enfin, notons que cette rencontre interrégionale de formation des directeurs de maisons de la culture, qui sera suivie d'autres impliquant les gouvernorats de Sousse et de Gabès, sera couronnée par un colloque national prévu en octobre 2018.