Les lois existent et correspondent aux standards internationaux, mais elles ne sont ni respectées ni appliquées Une convention de partenariat a été signée entre l'OTDAV (Organisme tunisien des droits d'auteur et des droits voisins) et le Goethe Institut afin d'examiner de près les différents problèmes des droits d'auteur en Tunisie. C'est un projet qui se déroule en trois étapes et trois mois. La première phase du projet s'est déroulée au mois d'octobre dernier et a réuni des auteurs, des médias et des membres de la société civile autour de tables rondes, rencontres et débats pour garantir la protection des droits moraux des artistes et des créateurs. Quant à la seconde phase du projet, elle s'est tenue à Ennejma Ezzahra, les 11 et 12 novembre. Thème principal de la table ronde : la situation des droits d'auteur en Tunisie et la vision stratégique de l'OTDAV pour les protéger. La toute dernière phase qui se déroulera au mois de décembre prochain se concentrera sur les résultats et les propositions élaborés lors de la première et la seconde phase du projet et aboutira à la rédaction d'un document qui formulera une proposition concrète pour la protection des droits d'auteur en Tunisie. L'Organisme tunisien des droits d'auteur et des droits voisins s'est réuni avec le Goethe Institut de Tunisie autour d'une table ronde qui traite les différentes problématiques des droits d'auteur en Tunisie. Plusieurs invités sont intervenus en abordant la problématique sous différents axes. Lors de la seconde journée de cette deuxième phase, c'était autour de l'écrivain allemand Jens Kramer d'intervenir sur le rôle des médias audiovisuels et des autres acteurs économiques dans la préservation des droits d'auteur. L'écrivain qui a décrit en premier lieu la situation des droits d'auteur en Tunisie a essayé ensuite de proposer des solutions. «Certes, les lois existent et correspondent aux standards internationaux mais elles ne sont ni respectées ni appliquées», a dit Kramer, qui a aussi évoqué dans son exposé les conséquences de cette situation sur le court, moyen et long terme. «En Tunisie, vous avez des acteurs qui gagnent de l'argent avec des œuvres protégées sans que l'auteur ne soit dédommagé ou ne reçoive ses droits et il n'est pas payé par le vendeur de son produit. Si vous voulez vendre un livre, un film, une chanson à un producteur éditeur, il est indispensable que vous soyez le propriétaire légitime et que la licence soit acquise selon la loi et cette loi, ce sont les droits d'auteur !», continue l'écrivain. En Tunisie, si l'on examine le processus de création, on remarque que toute l'industrie culturelle et créative est très complexe. La Tunisie est un pays riche, elle a une tradition riche en musique, théâtre, littérature... et si on donne une chance à de jeunes artistes tunisiens pour créer, ils seront capables de créer des liens entre la tradition et la modernité et enrichir de la sorte le pays. La Tunisie peut devenir le centre d'une culture arabo-islamique mais si on rate cette occasion, ces jeunes artistes vont aller ailleurs, vont s'orienter vers d'autres pays. Pour sauvegarder les droits d'auteur, il faut chercher des possibilités de coopération avec d'autres projets internationaux. Mehdi Najjar, sous-directeur de l'OTDAV, a pris la parole juste après pour parler des relations de l'OTDAV avec les médias, les hôteliers et les opérateurs de télécommunication. Il a insisté dans son intervention sur la propriété intellectuelle et littéraire et sur la nécessité de l'instaurer comme un droit car cette problématique est une question de droit moral avant tout.«Si on utilisait des produits dans les espaces publics et dans les médias, il faut à chaque fois citer le nom du créateur», a-t-il déclaré «Pour remédier à ce problème, nous avons signé des conventions avec des radios privées pour la diffusion des œuvres tunisiennes. Une autre convention avec les opérateurs téléphoniques a été aussi signée». Des négociations ont été faites avec la Fédération tunisienne des hôtels pour l'usage de la musique dans leurs espaces. Des rencontres avec la Haica sont aussi prévues pour essayer d'élaborer une stratégie quant à la préservation des droits d'auteur et pour créer une certaine dynamique dans tous les secteurs (touristique, culturel...) Le débat, quant à lui, a porté, entre autres, sur le rôle des ministères de la Culture et du Commerce et leurs collaboration et contribution dans la protection des droits d'auteur.