Ouverture, lundi soir, de la 6e édition des Rencontres des réalisateurs tunisiens qui deviennent, cette année, un festival compétitif organisé par l'Association des réalisateurs de films tunisiens (Arft) avec le soutien du ministère des Affaires culturelles et du Cnci. Pour sa première édition, ce festival qui réunit quelque 25 films tunisiens entre fictions et documentaires, se tiendra à la Cité de la culture à la cinémathèque jusqu'au 5 mai. «Cela fait deux années que les rencontres des réalisateurs n'ont pas eu lieu et je dois avouer que ces deux années, n'ont pas été faciles pour l'Arft pour diverses raisons, déclare Mokhtar Ladjimi, président de l'association. Cette année nous avons essayé de donner un nouveau look et une nouvelle formule à ces rencontres pour préparer le terrain à un festival du cinéma tunisien à l'instar de nos amis marocains. Espérons que les années qui viennent verront leur festival tunisien. Je pense que le côté compétitif de ce festival va booster cet événement et lui donner plus de punch. Cette année, la somme de 150 mille dinars sera distribuée sur 15 prix». Mokhtar Ladjimi a reconnu l'effort des présidents qui l'ont précédé : Khaled Barsaoui et Sonia Chemkhi avant d'ajouter: «Mais il ne faut pas que ça devienne tout simplement le festival de l'Arft, nous espérons qu'un jour on verra naître une académie des Arts et des techniques du cinéma pour pouvoir décerner des césars tunisiens pour nos films. Je tiens également à préciser que nous ne sommes pas une concurrence pour les JCC mais plutôt une prolongation...». Le président de l'AFT a, ensuite, présenté le jury de la compétition longs métrages de fiction composé de Moussa Touré (président), Françoise Gallo, Ivan Lavoine, Souad Hussein, Ahmed Boughaba, Tarak Ben Abdallah et Farouk Abdelkhalak (membres) et le jury de la compétition des films documentaires: Hichem Ben Ammar (président) Nada Mezni Hfaïedh et Laurent Doré (membres). Prenant la parole, M. Mohamed Zinelabidine, ministre des Affaires culturelles, a salué cette initiative, fruit de la conjugaison des efforts des cinéastes professionnels issus de la société civile, l'autorité de tutelle et tous les passionnés de cinéma. Cette manifestation a-t-il souligné est de nature à impulser la création cinématographique dans un esprit de saine émulation qui ne peut que promouvoir la création et améliorer la qualité de la production. Le ministre a rappelé, à cette occasion, les nombreuses réalisations accomplies sous la voûte de la Cité de la culture qui offre les infrastructures les plus modernes en matière de production et de diffusion de la culture, citant, notamment, l'ouverture récente de la saison du Pôle ballets et arts chorégraphiques, la tenue du Festival arabe de la radio et de la télévision. M. Mohamed Zinelabidine a exhorté les cinéastes à aller encore de l'avant et cibler les régions dans une dynamique de production et de diffusion culturelle participative avec un esprit de diversification privilégiant l'approche thématique. Un hommage a été rendu au réalisateur Mounir Baâziz et à l'acteur Habib Chaâri, deux figures emblématiques du cinéma tunisien qui ont marqué, par leur savoir-faire et leur passion du 7e art, toute une génération de cinéastes et de techniciens. «Je partage cet hommage avec tous ceux qui ont choisi de vivre du cinéma et de le vivre comme un parcours de vie. J'ai fait un choix d'indépendance pour le cinéma. Lorsqu'on est retourné après nos études de Bruxelles ou de Paris ou d'ailleurs, c'était pour construire et servir un cinéma tunisien complémentaire c'es-à-dire avec des réalisateurs, des techniciens tunisiens et avec la volonté de fonder un cinéma indépendant et engagé. Aujourd'hui, tout le monde doit veiller à ce que chacun exige le meilleur de lui-même et de ne pas voir dans le cinéma une source de revenus uniquement et un moyen pour s'enrichir. Malheureusement, la législation reste toujours en retard par rapport à l'évolution de notre secteur». Pour sa part, Habib Chaâri a déclaré : «Je suis vraiment content de cet hommage aujourd'hui après plus de 70 films dans ma carrière. J'espère que le cinéma tunisien aura longue vie et présentera des œuvres de plus en plus évoluées». Habib Chaâri a ensuite raconté des anecdotes en rapport avec son métier à l'époque où il assistait Rossellini dans le sud tunisien pour tourner un film. Rossellini demandait un taureau mais il n'y avait que des chèvres et des moutons. Il fallu aller très loin pour trouver un groupe d'hommes qui allaient juste égorger un taureau. Habib Chaâri arrive quelques instants avant et réussit de justesse à troquer le taureau contre des chèvres et des moutons. C'est une copie numérisée du film de Hamouda Ben Halima «Khelifa le teigneux» qui a été ensuite projetée à l'ouverture de ce premier festival national du film tunisien.