Faouzi Benzarti et, après lui, Khaled Ben Yahia sont les concepteurs de la suprématie absolue de l'Espérance Sportive de Tunis dans le championnat 2017-2018. Et pour accrocher au tableau de chasse du doyen des clubs tunisiens son vingt-huitième trophée national, ces deux entraîneurs ont eu à leur disposition l'effectif le plus riche en Tunisie. Une trentaine de joueurs ont été utilisés pour ce faire. La majorité plus ou moins régulièrement et quelques-uns n'étaient là que pour l'honneur d'appartenir au club le plus huppé de Tunisie. Quand même, vingt-deux acteurs parmi eux étaient les plus en vue. Passons en revue l'apport de chacun de ces artisans de la nouvelle consécration «sang et or» remportée haut la main avec onze points d'écart sur le dauphin (le CA). Mœz Ben Chrifia : le premier keeper de l'EST a eu un rendement des plus mitigés. Souvent il parvenait à honorer son contrat magistralement en réussissant des arrêts spectaculaires. Et parfois, il se transformait en handicap de l'équipe en raison de quelques bévues impardonnables, ce qui lui a valu la rancœur d'une frange du public qui ne lui a jamais pardonné sa contreperformance de septembre dernier contre Ahl Ahly d'Egypte en Ligue des champions. Ali Jemel : en remplaçant Ben Chrifia notamment pendant les dernières semaines de Faouzi Benzarti, ce gardien qui bénéficie d'une grande taille n'a jamais démérité. Le public lui a toujours pardonné ses quelques rares sorties hasardeuses qu'on peut mettre au passif de sa longue inactivité dans la compétition. Iheb M'barki : le latéral droit de l'EST a été l'une des pièces maîtresses de l'équipe grâce à son efficacité défensive et à son généreux soutien pour la ligne d'attaque et ses centres lumineux. Mais sa méchante blessure au niveau des ligaments croisés contractée en décembre dernier l'a éloigné des stades et du coup sa saison terminée d'une manière précoce. Il ne sera de retour que pendant l'intersaison. Sameh Derbali : l'adage qui dit que «le malheur des uns fait le bonheur des autres» va comme un gant à ce vieux routier qui, après avoir roulé sa bosse en Libye, est revenu au bercail juste quelques jours après la blessure de Mbarki. Il a donc été appelé à la rescousse pour le poste d'arrière latéral droit qui a toujours été son poste de prédilection avant son aventure libyenne. Et Derbali de briller de mille feux dans cette mission grâce à une jeunesse retrouvée et à un rendement des plus exemplaires. Sa réussite a rapidement fait oublier la blessure de son prédécesseur. Khalil Chamam : «El capitano», comme on se plaît à l'appeler, a toujours été égal à lui-même grâce à une régularité sans faille aussi bien dans son poste d'arrière gauche que dans celui récemment occupé à l'axe défensif. Son expérience et son talent font de lui le stabilisateur de la défense espérantiste. Houssine Rabii : ayant remplacé Khalil Chamam à la partie gauche de la défense, Houssine Rabii était quelque peu timide au départ. Mais il ne cesse de progresser au fil des matches. C'est un joueur qui peut allier technique et rigueur. Un bel avenir l'attend. Ali Machani : l'ancien Cabiste, prédestiné à une grande carrière à l'EST, a, lui aussi, été victime d'une blessure aussi sérieuse que celle de son coéquipier Iheb Mbarbi l'ayant éloigné de la compétition jusqu'à la fin de la saison. Il ne faut pas oublier que son arrivée à l'EST a précipité le départ de l'illustre international algérien, Hichem Belkaroui. Sa grande taille lui permet de marquer des buts à la «Ramos» sur des balles arrêtées. Montasser Talbi : Ce jeune garçon d'à peine vingt ans est un défenseur axial pétri de qualités. Mais il a besoin de jouer sans interruption pour développer au mieux son style car son poste de défenseur axial nécessite une grande expérience à toute épreuve. Chamseddine Dhaouadi : «Chameau» pour les intimes est un défenseur axial capable des plus belles performances en défense et en attaque grâce particulièrement à son bon jeu aérien. Mais parfois il fait des bourdes handicapantes pour son équipe. Il doit se perfectionner davantage. Ghailane Chaâlali : le joker de l'équipe ne sait pas tricher dans l'effort. Il est partout sur un terrain. Il est excellent tant au niveau de la récupération qu'à celui de la reconversion en plus du fait qu'il est doté d'une bonne frappe de balle. Ses blessures (sans gravité) lui ont joué quelques mauvais tours cette saison après avoir été la grande révélation de la saison 2016-2017. Fusseïny Coulibaly : incontestablement l'homme-clé du groupe «sang et or». Son rôle au milieu du terrain et son double soutien à la défense et à l'attaque font de lui le poumon de l'équipe que tout entraîneur souhaite avoir dans son effectif. C'est aussi l'exemple de la constance et de l'assiduité. Franck Kom : avec l'Ivoirien Coulibaly, le Camerounais Franck Kom compose les 50% de réussite de l'équipe de Bab Souika à chaque match. Kom est un «trois en un» : il défend bien, il sert des passes décisives pour les attaquants et il marque des buts. C'est aussi une force de la nature qui gagne presque tous ses duels. Anis Badri : alors là, c'est la petite merveille de l'équipe. Le lutin qui sait se jouer des défenseurs les plus sûrs grâce à son arsenal technique et à sa vélocité. C'est aussi un buteur qui sait libérer son équipe dans les moments les plus difficiles. L'international «sang et or» est bien parti pour faire une bonne Coupe du monde en l'absence de Youssef Msakni. Saâd Bguir : c'est un joueur énigmatique. C'est le vrai Tunisien qui est capable de tout : l'excellence et la médiocrité. C'est un régisseur né mais qui n'a pas confiance en ses moyens. Son manque de caractère pourrait lui faire perdre sa place à l'EST. Pourtant, ses «caviars» et sa bonne frappe de balle le prédestinaient à un très bel avenir. Bizarre ! Taha Yassine Khénissi : le buteur de l'Espérance et de l'équipe nationale a joué de malchance ces derniers mois à cause des fréquentes blessures dont il a été victime. Cela ne l'empêche pas d'avoir joué le rôle principal dans l'épopée de l'EST cette saison. Youssef Blaïli : le retour de l'Algérien au Parc «B» est venu au moment crucial lorsque l'effectif de l'EST s'est retrouvé amoindri dans tous les compartiments de jeu. Blaïli est en train de faire montre d'une grande maturité (voire de sagesse) qui vient s'ajouter à son explosivité offensive et à ses tirs qui font mouche presqu'à chaque fois. Avec lui, on peut dire que la ligne d'attaque a été bien renforcée. Haïthem Jouini : tout comme Saâd Bguir, Jouini qui est un avant de pointe de métier n'arrive toujours pas à s'exprimer à sa juste valeur bien qu'il ait pu réussir à convaincre de nouveau durant l'absence de Khénissi. Franchement, il n'est pas fait pour rester dans l'ombre de ce dernier. Il peut beaucoup mieux faire. Fakhreddine Ben Youssef et Ferjani Sassi : bien qu'ils soient partis en Arabie saoudite au milieu de la saison, ces deux joueurs ont largement contribué à l'ancrage de la suprématie imposée par l'EST dès le début de la saison. Ils méritent une mention spéciale pour services rendus. Pour les autres joueurs dont l'apparition en championnat a été plus ou moins importante, à l'instar de Maher Ben Sghaïer, Anis Ben Htira, Mohamed Ali Moncer, Bilel Mejri, Adam Rejaïbi, Aymen Ben Mohamed et Amine Meskini, on peut dire que leur jeunesse plaide largement en leur faveur. Ils constituent, à notre avis, les doublures de marque qui attisent le feu de la jalousie auprès des autres clubs.