A Gabès, le tissu associatif s'active à sensibiliser les citoyens sur les risques de la pollution à travers la mise en place de plusieurs projets écologiques. La pollution a considérablement fragilisé les zones agricoles dans la région de Gabès. Jouant un rôle de catalyseur économique dans la zone, l'activité industrielle a entraîné une dégradation et une détérioration progressive de l'écosystème. Les rejets chimiques ont pollué le sol, l'air et l'eau de l'oasis de Gabès. Bien qu'elle continue à assurer l'approvisionnement des marchés locaux en fruits et légumes, l'agriculture gabésienne souffre de plus en plus des répercussions négatives de cette pollution qui constitue une sérieuse entrave à l'activité agricole dans la région. A terme, la dégradation des superficies réservées aux cultures maraîchères et fruitières risque de rétrograder la ville du Sud dans le classement des meilleurs producteurs de grenades à l'échelle de l'Afrique du Nord si des mesures drastiques ne sont pas prises. Selon une étude qui a été récemment réalisée dans cette zone, l'impact de la pollution sur le secteur agricole a, en effet, un coût qui s'élève à 5 millions de dinars et qui s'est concrètement traduit par la baisse du rendement et de la productivité des superficies agricoles, incitant, ainsi, certains agriculteurs à abandonner leurs parcelles. Bien que la production agricole continue à assurer l'approvisionnement en fruits et légumes, les émissions de dioxyde de souffre, de fluorure d'hydrogène et des oxydes d'azote ne cessent de détériorer, en effet, les cultures maraîchères et les grandes cultures. Les prévisions sont pessimistes. Toutes les études, qui ont été réalisées depuis les années 2000 jusqu'à maintenant, concordent à dire que si l'impact de la pollution se poursuit et que son niveau s'élève, celle-ci peut sérieusement affecter et menacer certaines cultures maraîchères dont celle des palmiers dattiers qui peuvent voir leur rendement baisser jusqu'à 80%. Prise de conscience au sein des habitants et de la société civile Mis en œuvre il y a trois ans, le projet d'appui à la gouvernance environnementale de l'activité industrielle a permis de soulever une prise de conscience au sein des habitants et de la société civile sur les problèmes liés à l'environnement. Le gouverneur de la région a dressé le bilan de cette action dans une interview accordée à la dernière newsletter de Gabès, publiée le mois d'avril dernier. Un cercle de qualité environnementale qui implique les responsables officiels, les experts, les habitants et la société civile a été mis en place afin de générer un changement des mentalités et instaurer, à moyen et à long terme, une bonne gouvernance gouvernementale qui permettrait de préserver le système agricole et l‘écosystème de la région, riche en espèces végétales. Quant aux associations, elles sont très impliquées et très actives sur le terrain. Avec l'appui de Handicap international, l'Union d'aide aux insuffisants mentaux (Utaim) de Gabès a mis en place une ferme écologique et pédagogique dans laquelle des porteurs de handicap ont été initiés aux pratiques ancestrales de la permaculture qui permettent de préserver l'environnement. La ferme devra jouer également un rôle pédagogique. Des conventions ont été signées avec des établissements scolaires afin de permettre aux écoliers de s'informer et d'améliorer leurs connaissances sur l'agriculture durable. Parmi les projets futurs prévus : un musée destiné à préserver le patrimoine agricole et une écoconstruction (habitat écologique) fabriquée avec des matériaux naturels.