Air pollué, dégradation de la qualité de l'eau... les habitants du sud du pays, notamment de la région de Gabès, souffrent depuis des décennies de la pollution industrielle et environnementale qui menace leur santé. Une pollution causée par la présence des usines qui dégagent de l'acide phosphorique... Sans baisser les bras, ils luttent tout de même pour essayer de sauver leur oasis qui risque de se transformer, dès lors, en désert... ! Quelles sont donc les entreprises responsables de la pollution dans cette zone ? Quels sont les dommages causés par la pollution environnementale ? Et quelles sont les mesures prises par le ministère de tutelle pour remédier à tous ces problèmes ? Khayreddine Debbya, activiste et coordinateur du mouvement «Stop Pollution», répond à ces questions. Selon notre activiste dans la société civile, la première cause responsable de la pollution dans toute la région du Sud et particulièrement à Gabès serait le complexe «Groupe chimique tunisien». En effet, la transformation du phosphate en acide phosphorique n'a que des impacts négatifs sur l'environnement, qui touchent même la santé de l'être humain. La pollution touche en effet l'air, l'eau, la terre... car la quantité de phosphogypse produite et le rejet de ce type de déchets dans les eaux ont des effets très néfastes sur l'écologie de la zone : désertification de la partie centrale du golfe de Gabès, une biodiversité en chute libre, une pêche côtière qui survit péniblement et des stocks de petits pélagiques qui s'affaiblissent de plus en plus. «La pollution a même des effets néfastes sur l'économie dans cette région, car l'activité de la pêche (crevettes, poulpes, poissons...) s'est dégradée progressivement à cause de la pollution des eaux marines, ce qui a engendré entre autres une baisse de l'activité touristique dans la zone, causée par la disparition des plages paradisiaques, transformées en décharges dû au pompage excessif des eaux d'irrigation à des fins industrielles», avance l'activiste. La société civile se mobilise Pour trouver des solutions efficaces et remédier à ces problèmes qui menacent la zone, l'activiste et membre du mouvement «Stop Pollution», Khayreddine Debbya, a précisé que, depuis quelques années, le ministère des Affaires locales et de l'Environnement, celui de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, ainsi que les parties concernées et la société civile œuvrent pour interdire le rejet des déchets phosphogiques (estimé à 16 mille tonnes par jour) directement à la mer. «La date du 30 juin 2017 a été fixée, lors de la tenue de la réunion du Conseil régional du gouvernorat de Gabès en octobre 2016, comme date limite pour l'interdiction définitive du rejet des déchets phosphogiques à la mer. Dès lors, des mouvements de protestation ont été menés par les habitants de la région et dans la zone affectée et ont été suivis par une grève générale et une grande mobilisation de la société civile et les habitants de la région afin de sensibiliser les autorités à cette problématique et de les pousser à prendre une décision finale quant au rejet de cette matière à la mer. Le mouvement Stop Pollution, quant à lui, a lancé, en collaboration avec l'association "Oasis Chat Salem", une campagne pour la transfert des unités polluantes en dehors des zones urbaines afin de limiter les dégâts causés par la pollution et préserver la santé des habitants», conclut-il.