Comme cela s'est fait avec la Fédération générale de l'enseignement secondaire, il semble que la crise dans le supérieur est en passe de connaître la même issue. En plus des étudiants et de leurs parents, c'est l'ensemble de la société civile qui est monté au créneau pour demander qu'on mette fin au blocage des devoirs et des examens dans certaines institutions universitaires. Les choses se précipitent, ces derniers jours, en vue d'arriver à une solution rapide de la crise ouverte depuis janvier 2018 par le syndicat dit « Ijaba « des enseignants universitaires chercheurs. Selon les diverses informations fournies par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, 150.000 étudiants seraient touchés par ce boycott administratif. 32 institutions touchées En dépit des efforts et de plusieurs réunions de concertation, aucun résultat n'a pu être enregistré jusqu'à présent. La dernière réunion entre les deux parties remonte au 23 mai. Elle a regroupé des représentants du ministère de l'Enseignement supérieur et du syndicat «Ijaba». D'après un communiqué du ministère, les concertations se seraient déroulées dans un climat positif et les efforts se seraient concentrés sur la recherche de solutions concrètes pour sortir de l'impasse. Le ministère n'a pas manqué de mettre l'accent sur les difficultés rencontrées et les grandes divergences dans les points de vue. Cela ne pouvait pas empêcher la poursuite des discussions. De ce fait, le MES appelle tous les universitaires, et en particulier ceux qui sont impliqués dans ces mouvements de protestation, à tout mettre en œuvre pour réussir cette année universitaire. Engagement a été pris de la part des autorités pour établir un échéancier précis pour étudier les différents dossiers en suspens (grille des salaires, statuts des enseignants universitaires, reconnaissance de ce syndicat comme partenaire social...) d'ici la fin de cette année. Le syndicat « Ijaba » a pris acte des propositions ministérielles et a annoncé qu'il les soumettrait à ses structures pour examen. Il avait réservé sa réponse pour après l'audience du ministre de l'Enseignement supérieur devant l'ARP, lundi 28. En principe, une réunion était prévue hier (mardi 29 mai) pour déterminer la position syndicale. Aucune information n'a filtré de cette réunion jusqu'en fin d'après-midi. En tout cas, le ministre de l'Enseignement supérieur était clair lors de son intervention devant l'Assemblée des représentants du peuple. Sans trop minimiser le rôle de ce mouvement de protestation, il a essayé de replacer les faits dans leur contexte. En effet, il a précisé que le nombre d'enseignants qui n'ont pas effectué les examens et qui appliquent un boycott administratif ne dépassait pas les 1.640 contre 6.800 autres adhérents à la Fgesrs. En d'autres termes, il y a près de 32 institutions où les examens n'ont pas eu lieu. Dans cette intervention à l'ARP, le ministre a souligné l'attachement de son Département à la poursuite du dialogue avec cette structure syndicale dans le cadre du respect mutuel. Implication de la société civile Par contre, la réaction de la société civile n'a pas été tendre avec «Ijaba». Celle-ci a réussi à se mettre à dos tout le monde. A commencer par la Fgesrs. Cette dernière a eu des mots assez durs à l'encontre des mesures adoptées par cette structure syndicale. Dans un communiqué publié le 24 mai, elle dénie à ce syndicat tout droit de représenter les enseignants universitaires. Pour elle, « Ijaba » serait un appendice de la Troïka qui lui avait accordé une autorisation pour torpiller le vrai travail syndical et saper les efforts de la Fgesrs qui milite afin d'améliorer le sort des enseignants du supérieur. De son côté, l'Uget (Union générale des étudiants de Tunisie) s'oppose à toute année blanche ou report des examens au mois de septembre. Cette union estudiantine s'en prend violemment aux agissements d'«Ijaba» qui prend les étudiants en otage pour faire un chantage au ministère pour qu'il le reconnaisse comme un partenaire syndical. L'Union condamne l'opération entreprise par ce syndicat le 17 mai dernier et qui a consisté à évacuer des étudiants des salles des examens à l'Institut supérieur des sciences et technologies de l'environnement à Borj Cédria. L'Uget appelle, en outre, à parachever tous les examens avant le 30 juin et à exclure toute idée de report au mois de septembre. Pour faire aboutir ces décisions, l'Union a mis sur pied une commission nationale regroupant des responsables, des universitaires ainsi que des représentants des organisations nationales. Dans le même sens, l'Ordre national des ingénieurs tunisiens a tiré la sonnette d'alarme en demandant, instamment, au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour rééquilibrer la situation dans l'Université tunisienne. L'Ordre des ingénieurs met également en garde contre « les conséquences de la poursuite de la grève et la détérioration de la situation des écoles d'ingénierie, notamment sur le plan de la formation et la réputation de ces institutions à l'échelle nationale et internationale ». Rappelons, pour finir, que le Conseil des universités avait, auparavant, annoncé la création d'une commission pédagogique qui serait chargée d'élaborer les sujets des examens pour éviter de tomber dans une année blanche. Mais le syndicat des enseignants universitaires chercheurs avait dénoncé cette mesure comme étant illégale et qu'il s'opposerait à son application.