Mohamed Abbou : les candidats à la présidentielle devraient présenter leur dossier médical    Google vire des dizaines d'employés qui râlaient contre un contrat sur l'IA avec Israël    Kairouan : Un élève de 14 ans poignarde un enseignant en plein cours    Jazz Club de Tunis et Centre d'Art B7L9 s'associent pour célébrer la Journée internationale du jazz    Sfax : Rapatriement volontaire des migrants    La Juventus condamnée à payer près de 10 millions d'euros à Cristiano Ronaldo    La Tunisie mise sur le dessalement pour sécuriser son approvisionnement en eau    Le Sommet européen de la rébellion face aux USA et la Chine : ça fera rire Biden et Jinping…ou pas    La TSB Bank annonce un déficit de plus de cent millions de dinars en 2022    Oui, cette photo a été prise à Gaza    Mourad Hattab: La rencontre entre Kaïs Saied et Giorgia Meloni a été fructueuse (Déclaration)    Commission permanente des Affaires étrangères : Mobiliser la diaspora et promouvoir les projets de développement    Réunions de printemps du FMI et du groupe BM : Nouri évoque l'impact du changement climatique en Tunisie    Adhésion de l'Etat de Palestine à l'ONU : report à vendredi du vote au Conseil de sécurité    8 blessés après un séisme dans l'ouest du Japon    Tourisme : Des prévisions fortes et une haute saison bien partie !    Belhassan Chiboub, Directeur Général de l'électricité et des énergies renouvelables au ministère de l'Industrie, des mines et de l'énergie : "Notre objectif est d'accélérer la cadence de la transition énergétique"    Algérie-Emirats arabes : L'escalade, Abou Dhabi en passe d'arracher à la Sonatrach un de ses plus gros clients    Météo en Tunisie : pluies éparses sur les régions ouest, du centre et du nord    Pourquoi | Sfax aussi ravagée par la cochenille !    Commerces de bouche : Tout n'est pas si bon !    Ces régions seront privées de l'eau potable pendant trois jours    Recette : Brochettes de poulet libanaise( Chich taouk )    TOP 10 des pays africains qui abritent le plus de millionnaires    CMR : Création de nouvelles chambres de commerce et d'industrie    Régularisation de la situation des ouvriers de chantiers (de moins de 45 ans)    Les ministres de l'Intérieur tunisien et italien discutent de l'immigration et du crime organisé    On nous écrit | Inscrire «La muqaddima d'Ibn Khaldun» sur le registre de la mémoire du monde de l'Unesco    Mohamed Boughalleb condamné à six mois de prison    Kaïs Saied préside la célébration du 68e anniversaire de la création des forces de sécurité intérieure (Vidéo)    DECES ET FARK : Abdelhakim EL MUFTI    Les Italiens du Monde en conclave à Tunis    Guerre à Ghaza : L'Italie appelle l'entité sioniste à mettre un terme à son agression génocidaire    Film Animalia de Sofia Alaoui projeté dans les salles de cinéma en Tunisie (B.A. & Synopsis)    Entre le Maroc et Israël c'est du solide : BlueBird prêt à lancer la production de drones, en attendant les autres    Ons Jabeur se qualifie au prochain tour du tournoi WTA 500 de Stuttgart    Stuttgart : Ons Jabeur en huitièmes de finale    Le sport Tunisien face à une crise inquiétante    Meloni en Tunisie : Travaillons ensemble pour combattre les esclavagistes    Comar D'or 2024 : Liste définitive des romans sélectionnés    Plus de 700 artistes participeront au Carnaval International de Yasmine Hammamet    Livre – «Youssef Ben Youssef» de Lilia Ben Youssef : Ben Youssef en plan serré    Le CSS se fait de nouveau accrocher à Sfax : Des choix déplacés...    Vient de paraître: À la recherche d'un humanisme perdu de Abdelaziz Kacem    Foire internationale du livre de Tunis : 314 exposants de 25 pays    Le CAB perd de nouveau en déplacement à Tataouine : Une mauvaise habitude !    L'ESM gagne dans la douleur devant l'AS Soliman – Kaïs Yaâcoubi : «Il faut être réaliste pour gagner des points »    Ons Jabeur 9ème au classement mondial WTA, s'apprête à entamer le tournoi ATP de Stuttgart    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le spectre de l'année blanche plane encore
Sfax — Grève des enseignants universitaires
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 04 - 2018

Environ 90 institutions universitaires sur deux cents ont adhéré à la grève des enseignants, selon Ijaba.
L'éventualité d'une année universitaire blanche ne laisse personne indifférent. L'opinion publique s'inquiète. Les parents sont en émoi. Les étudiants, tout en ayant le sentiment d'être pris doublement en otage, sont, pourtant, dans l'expectative. Le ministère affiche paradoxalement une certaine sérénité dont il est le seul à détenir le secret. Les cours se poursuivent normalement, y compris dans les institutions touchées par la grève décrétée par l'Union des universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba).
Dans les rangs du noyau dur des professeurs ayant répondu favorablement à l'appel d'Ijaba, la résolution se consolide. A l'Ugtt, on se désolidarise sans pour autant chercher la confrontation. Ainsi se présente, en effet, la situation au sein de l'université tunisienne où la crise résultant de la décision d'Ijaba de ne pas remettre les sujets d'examens dure depuis, bientôt quatre mois.
Quatre mois que le bras de fer persiste entre l'Union des universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba) et le ministère de l'Enseignement supérieur. Ijaba persiste et signe, campant sur ses positions concernant la rétention des sujets d'examens jusqu'à gain de cause. Le ministère fait la sourde oreille et compte apparemment sur le phénomène de l'usure pour réduire au maximum le nombre des irréductibles rangés sous la bannière de l'union, d'autant plus que leur mouvement ne toucherait, selon la version officielle, qu'une trentaine d'institutions sur deux cent-dix, disséminées à Sfax, Sousse, Monastir et Gabès. De son côté, Ijaba continue d'afficher sa détermination inébranlable à «poursuivre son mouvement tel que décidé précédemment», faisant porter la responsabilité «de l'inévitable issue d'une année blanche au ministère», et déclinant «toute responsabilité quant à la tournure que pourrait prendre la situation».
L'Union des universitaires chercheurs tunisiens puise son assurance dans les statistiques selon lesquelles «Aux alentours de 90 institutions universitaires sur deux cents ont adhéré à la grève des enseignants, même si c'est à des degrés variables», comme le souligne Aïda Kammoun, coordinatrice générale adjointe auprès du bureau national de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens.
Pourtant, l'effervescence des semaines précédentes marquées par les rassemblements, marches et autres sit-in organisés aussi bien par Ijaba que par les étudiants semble s'estomper avec l'approche de la fin de l'année universitaire, surtout avec le déroulement normal des cours et l'élaboration des calendriers des examens des premier et second semestres par les conseils scientifiques.
Aucun examen n'a eu lieu dans trois institutions universitaires
Alors que certains observateurs trouvent dans ce retour au calme des indices d'essoufflement de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens, cette dernière y voit un gage de sa bonne foi et de sa bonne volonté : «Nous faisons preuve d'un indéniable sens des responsabilités en œuvrant à ce que notre grève cause le moins de dégâts possibles. Nous sommes en train de nous acquitter de notre devoir sacré d'enseignants en assurant la formation scientifiques de nos étudiants. A charge pour le ministère d'assumer ses responsabilités, d'engager un dialogue constructif avec nous et d'éviter l'issue catastrophique de l'année blanche», s'écrie Aïda Kammoun, qui enchaîne : «Il n'y a aucune institution universitaire à Sfax où l'on puisse parler de déroulement intégral des examens. Pis encore, aucun examen n'a eu lieu dans trois institutions universitaires à Sfax, à savoir la Faculté des sciences, l'Ecole de commerce et l'Institut supérieur des multimédias. Et dire que nos revendications ont des motivations des plus légitimes et des plus nobles : la défense des intérêts, de l'avenir et de la fonction de l'université publique en tant qu'ascenseur social, de la qualité de notre enseignement et du droit au travail de nos docteurs en situation de chômage. Notre action a aussi pour objectif de dénoncer la non-application de la grille des salaires en vue de réparer une injustice flagrante ! »
Dans les rangs des étudiants, par contre, si l'inquiétude est perceptible, il y a comme un mystérieux air de confiance quant à une issue positive de l'année universitaire. Aussi bien Ghassène Bouazzi, représentant de l'Uget, que Wassim Ben Hamed, de l'Ugte, sont d'accord à déplorer la situation d'otages des étudiants, mais aussi à écarter l'éventualité d'une année blanche, misant sur le sens des responsabilités du ministère de tutelle qu'ils appellent à assumer pleinement ses responsabilités en prenant une initiative salvatrice.
Les étudiants veulent rencontrer le ministre
C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer cette accalmie et cette attitude moins frondeuse de la part des étudiants, surtout que l'espoir d'une solution à la crise repose sur la rencontre des représentants des étudiants avec le ministre de l'Enseignement supérieur Slim Khalbous, du 28 avril au 1er mai, à Tataouine : «Il est probable que le ministre aura dans sa besace la clé à la crise qui secoue l'université», serait-on enclin à penser.
Cette hypothèse n'est pas en effet sans fondement, dans la mesure où certaines voix proposent de mettre en place des commissions pédagogiques auxquelles serait confiée l'élaboration des sujets d'examens en lieu et place des professeurs récalcitrants d'Ijaba.
Or, Mohamed Bahri, secrétaire général de la section fédérale de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Sfax, rejette catégoriquement cette solution : «En tant que section fédérale et syndicalistes relevant de l'Ugtt, nous ne sommes nullement concernés par l'adhésion à cette proposition car il n'est pas admissible qu'une commission remplace un collègue qui a lui-même assuré les cours».
A la question de savoir si cette attitude n'est pas de nature à renforcer l'éventualité et même la fatalité d'une année blanche, M. Bahri répond : «Le règlement de cette question est une affaire qui concerne uniquement le ministère», s'empressant de rectifier : «Le ministère a la latitude et même le devoir de trouver une solution d'ordre politique à cette question, surtout dans les cas où les examens seraient réalisés à hauteur de 85% . Les modalités lui incombent à lui seul».
A ce propos, selon certains observateurs, le ministère de l'Enseignement supérieur pourrait se limiter à prendre en compte les résultats des examens passés par les étudiants, ce qui pourrait poser le problème des matières aux cœfficients élevés.
Abordant également l'attitude, apparemment paradoxale, de désolidarisation des syndicats relevant de l'Ugtt vis-à-vis des revendications de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens, alors qu'elles sont des plus légitimes, le secrétaire général de la section fédérale de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Sfax entreprend de disséquer ces revendications : «D'abord la contestation de la grille des salaires est une énorme duperie parce que Ijaba sait bien que le salaire de base est respecté dans la fonction publique mais que les décalages se situent uniquement au niveau des primes qui ne sont malheureusement pas conformes à la logique du niveau des diplômes, étant déterminées par des facteurs liés au rapport de force entre l'administration de certaines institutions et les syndicats de base. Pour ce qui est du prétexte de défense de l'université publique, certains des professeurs relavant d'Ijaba perdent de leur crédibilité, n'hésitant pas à porter atteinte aux institutions publiques en retenant les sujets d'examens, alors qu'ils remettent les sujets aux étudiants des institutions universitaires privés où ils assurent des cours. Un professeur va même plus loin, en remettant les sujets des examens dans une institution publique à Sidi Bouzid parce que son propre fils y est inscrit, ce qu'il refuse de faire à l'université de Sfax !».
Mohamed Bahri accuse clairement le mouvement de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens d'avoir d'autres visées : «Leur objectif est de mettre la pression sur le ministère de tutelle afin de lui forcer la main et de le contraindre à négocier et à signer des accords avec eux, au mépris des lois et des conventions nationales relatives à la règle de la représentativité lors des négociations avec la partie syndicale. Ils visent ainsi à renverser l'équilibre des forces. Mais ce qui est sûr, c'est que le soutien des enseignants au mouvement de grève déclenché par Ijaba est en train de s'amenuiser au fur et à mesure que l'on s'approche de la fin de l'année universitaire, nombre de professeurs se désolidarisant avec eux. Il ne restera en fin de compte que les purs et durs, ce qui finira par ramener l'organisation à ses dimensions véritables».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.