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Le spectre de l'année blanche plane encore
Sfax — Grève des enseignants universitaires
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 04 - 2018

Environ 90 institutions universitaires sur deux cents ont adhéré à la grève des enseignants, selon Ijaba.
L'éventualité d'une année universitaire blanche ne laisse personne indifférent. L'opinion publique s'inquiète. Les parents sont en émoi. Les étudiants, tout en ayant le sentiment d'être pris doublement en otage, sont, pourtant, dans l'expectative. Le ministère affiche paradoxalement une certaine sérénité dont il est le seul à détenir le secret. Les cours se poursuivent normalement, y compris dans les institutions touchées par la grève décrétée par l'Union des universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba).
Dans les rangs du noyau dur des professeurs ayant répondu favorablement à l'appel d'Ijaba, la résolution se consolide. A l'Ugtt, on se désolidarise sans pour autant chercher la confrontation. Ainsi se présente, en effet, la situation au sein de l'université tunisienne où la crise résultant de la décision d'Ijaba de ne pas remettre les sujets d'examens dure depuis, bientôt quatre mois.
Quatre mois que le bras de fer persiste entre l'Union des universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba) et le ministère de l'Enseignement supérieur. Ijaba persiste et signe, campant sur ses positions concernant la rétention des sujets d'examens jusqu'à gain de cause. Le ministère fait la sourde oreille et compte apparemment sur le phénomène de l'usure pour réduire au maximum le nombre des irréductibles rangés sous la bannière de l'union, d'autant plus que leur mouvement ne toucherait, selon la version officielle, qu'une trentaine d'institutions sur deux cent-dix, disséminées à Sfax, Sousse, Monastir et Gabès. De son côté, Ijaba continue d'afficher sa détermination inébranlable à «poursuivre son mouvement tel que décidé précédemment», faisant porter la responsabilité «de l'inévitable issue d'une année blanche au ministère», et déclinant «toute responsabilité quant à la tournure que pourrait prendre la situation».
L'Union des universitaires chercheurs tunisiens puise son assurance dans les statistiques selon lesquelles «Aux alentours de 90 institutions universitaires sur deux cents ont adhéré à la grève des enseignants, même si c'est à des degrés variables», comme le souligne Aïda Kammoun, coordinatrice générale adjointe auprès du bureau national de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens.
Pourtant, l'effervescence des semaines précédentes marquées par les rassemblements, marches et autres sit-in organisés aussi bien par Ijaba que par les étudiants semble s'estomper avec l'approche de la fin de l'année universitaire, surtout avec le déroulement normal des cours et l'élaboration des calendriers des examens des premier et second semestres par les conseils scientifiques.
Aucun examen n'a eu lieu dans trois institutions universitaires
Alors que certains observateurs trouvent dans ce retour au calme des indices d'essoufflement de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens, cette dernière y voit un gage de sa bonne foi et de sa bonne volonté : «Nous faisons preuve d'un indéniable sens des responsabilités en œuvrant à ce que notre grève cause le moins de dégâts possibles. Nous sommes en train de nous acquitter de notre devoir sacré d'enseignants en assurant la formation scientifiques de nos étudiants. A charge pour le ministère d'assumer ses responsabilités, d'engager un dialogue constructif avec nous et d'éviter l'issue catastrophique de l'année blanche», s'écrie Aïda Kammoun, qui enchaîne : «Il n'y a aucune institution universitaire à Sfax où l'on puisse parler de déroulement intégral des examens. Pis encore, aucun examen n'a eu lieu dans trois institutions universitaires à Sfax, à savoir la Faculté des sciences, l'Ecole de commerce et l'Institut supérieur des multimédias. Et dire que nos revendications ont des motivations des plus légitimes et des plus nobles : la défense des intérêts, de l'avenir et de la fonction de l'université publique en tant qu'ascenseur social, de la qualité de notre enseignement et du droit au travail de nos docteurs en situation de chômage. Notre action a aussi pour objectif de dénoncer la non-application de la grille des salaires en vue de réparer une injustice flagrante ! »
Dans les rangs des étudiants, par contre, si l'inquiétude est perceptible, il y a comme un mystérieux air de confiance quant à une issue positive de l'année universitaire. Aussi bien Ghassène Bouazzi, représentant de l'Uget, que Wassim Ben Hamed, de l'Ugte, sont d'accord à déplorer la situation d'otages des étudiants, mais aussi à écarter l'éventualité d'une année blanche, misant sur le sens des responsabilités du ministère de tutelle qu'ils appellent à assumer pleinement ses responsabilités en prenant une initiative salvatrice.
Les étudiants veulent rencontrer le ministre
C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer cette accalmie et cette attitude moins frondeuse de la part des étudiants, surtout que l'espoir d'une solution à la crise repose sur la rencontre des représentants des étudiants avec le ministre de l'Enseignement supérieur Slim Khalbous, du 28 avril au 1er mai, à Tataouine : «Il est probable que le ministre aura dans sa besace la clé à la crise qui secoue l'université», serait-on enclin à penser.
Cette hypothèse n'est pas en effet sans fondement, dans la mesure où certaines voix proposent de mettre en place des commissions pédagogiques auxquelles serait confiée l'élaboration des sujets d'examens en lieu et place des professeurs récalcitrants d'Ijaba.
Or, Mohamed Bahri, secrétaire général de la section fédérale de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Sfax, rejette catégoriquement cette solution : «En tant que section fédérale et syndicalistes relevant de l'Ugtt, nous ne sommes nullement concernés par l'adhésion à cette proposition car il n'est pas admissible qu'une commission remplace un collègue qui a lui-même assuré les cours».
A la question de savoir si cette attitude n'est pas de nature à renforcer l'éventualité et même la fatalité d'une année blanche, M. Bahri répond : «Le règlement de cette question est une affaire qui concerne uniquement le ministère», s'empressant de rectifier : «Le ministère a la latitude et même le devoir de trouver une solution d'ordre politique à cette question, surtout dans les cas où les examens seraient réalisés à hauteur de 85% . Les modalités lui incombent à lui seul».
A ce propos, selon certains observateurs, le ministère de l'Enseignement supérieur pourrait se limiter à prendre en compte les résultats des examens passés par les étudiants, ce qui pourrait poser le problème des matières aux cœfficients élevés.
Abordant également l'attitude, apparemment paradoxale, de désolidarisation des syndicats relevant de l'Ugtt vis-à-vis des revendications de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens, alors qu'elles sont des plus légitimes, le secrétaire général de la section fédérale de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Sfax entreprend de disséquer ces revendications : «D'abord la contestation de la grille des salaires est une énorme duperie parce que Ijaba sait bien que le salaire de base est respecté dans la fonction publique mais que les décalages se situent uniquement au niveau des primes qui ne sont malheureusement pas conformes à la logique du niveau des diplômes, étant déterminées par des facteurs liés au rapport de force entre l'administration de certaines institutions et les syndicats de base. Pour ce qui est du prétexte de défense de l'université publique, certains des professeurs relavant d'Ijaba perdent de leur crédibilité, n'hésitant pas à porter atteinte aux institutions publiques en retenant les sujets d'examens, alors qu'ils remettent les sujets aux étudiants des institutions universitaires privés où ils assurent des cours. Un professeur va même plus loin, en remettant les sujets des examens dans une institution publique à Sidi Bouzid parce que son propre fils y est inscrit, ce qu'il refuse de faire à l'université de Sfax !».
Mohamed Bahri accuse clairement le mouvement de l'Union des universitaires chercheurs tunisiens d'avoir d'autres visées : «Leur objectif est de mettre la pression sur le ministère de tutelle afin de lui forcer la main et de le contraindre à négocier et à signer des accords avec eux, au mépris des lois et des conventions nationales relatives à la règle de la représentativité lors des négociations avec la partie syndicale. Ils visent ainsi à renverser l'équilibre des forces. Mais ce qui est sûr, c'est que le soutien des enseignants au mouvement de grève déclenché par Ijaba est en train de s'amenuiser au fur et à mesure que l'on s'approche de la fin de l'année universitaire, nombre de professeurs se désolidarisant avec eux. Il ne restera en fin de compte que les purs et durs, ce qui finira par ramener l'organisation à ses dimensions véritables».


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