Par Rafik EL Herguem L'étude menée par la Conect sur les difficultés de l'exportation pour un échantillon mixte entre sociétés exportatrices et non exportatrices a été riche en enseignements. La problématique était déjà claire : quels sont les soucis des entreprises tunisiennes en matière d'exportation ? Plus de 60% des entreprises de cet échantillon disent ne pas mener d'activités exportatrices, et c'est déjà révélateur. L'intention n'est même pas disponible, ce qui augure un malaise au sujet de l'exportation en Tunisie. Pourtant, c'est un secteur qui contribue fortement au PIB (surtout pour les textiles et les phosphates avec la régression que l'on connaît). Cette étude met en lumière des handicaps et des soucis récurrents et «endogènes» pour l'opération de l'exportation. Ce n'est pas simplement une transaction de vente d'un produit ou d'un service à l'étranger, c'est une culture et un process compliqué qui, aujourd'hui, se heurtent à un cumul historique de handicaps. Pourquoi cela traîne-t-il autant ? Selon l'étude et selon nos connaissances et ce que rapportent les exportateurs, il y a le faible soutien de l'Etat, non seulement pour réduire les coûts, mais aussi pour faciliter la logistique et les procédures liées à l'exportation. Pour vendre à l'étranger, il faut un accompagnement, un soutien de la part de la banque (non seulement dans le cas de l'importation) pour partager et financer le risque (l'insolvabilité par exemple) et cet aspect l'Etat et les banques ne le font pas assez. Un exportateur, généralement une PME ou quelqu'un qui se positionne sur un petit créneau à l'international, se sent seul devant ces coûts exagérés et devant une administration qui complique les procédures. Ce n'est pas seulement ça, le calvaire du transport, maritime et puis aérien (pour les destinations des pays non côtiers) est la source de tous les problèmes. Les retards sont de plus en plus énormes et cela augmente les frais et diminue la compétitivité, les procédures douanières sont si longues qu'on finit par perdre des clients ou altérer la qualité des produits exportés. Tout cela confirme ce qu'on disait toujours : l'exportation, en tant que premier levier de croissance et d'expansion économiques, est encore l'otage d'un cumul de problèmes structurels très sérieux et qui s'aggravent de jour en jour. Le gouvernement, premier concerné, reste peu actif et peu créatif en termes d'exportation. On n'est pas encore au stade d'une approche solide qui étaye les exportateurs, mais on est passif devant les infractions, les dépassements et les procédures qui «tuent» l'idée d'exporter et de sortir du cadre limité et classique du marché tunisien.