Une entreprise échappe rarement aux lois naturelles de la vie. Elle naît, grandit, mûrit, vieilli et décède. Durant ce cycle de vie, elle peut attraper des maladies, conjoncturelles mais aussi structurelles et de longue durée. Autant de handicaps viendront la saborder. Que ce soit pour les difficultés à l'accès aux financements, le climat d'affaires, les procédures administratives et judiciaires outre le déficit d'infrastructure et surtout les phénomènes de corruption et de l'insécurité. Les PME tunisiennes ne dérogent pas à ces règles. Nombres sont les difficultés auxquelles elles sont souvent confrontées. Chez la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie- connue souvent sous le nom de la CONECT- ces problématiques entre autres ces difficultés furent décryptées dans une étude qui a touché un échantillon de 554 PME sur la période de mars avril 2015. Cet échantillon couvre les 24 gouvernorats, selon une répartition géographique suivante : 15,4% dans les régions du nord ouest, sud ouest et centre ouest, 13% dans le nord est, 33,1% dans le centre est et 39% dans le grand Tunis. 62,3% des PME concernées opèrent dans le secteur des services, le reste (dont 89,7% à participation étrangère) exerce dans l'industrie. Les TICS et les services non désirés aux guichets bancaires 68,8% des PME interrogées dans le cadre de cette enquête pensent que l'insuffisance des garanties bancaires est un principal obstacle à l'accès au financement. Un obstacle qui concerne en particulier le secteur des TIC (83,4%) ainsi que celui des services (69,8%) et bien évidemment l'industrie (68,2%). Autre constat révélé par l'étude : les concours bancaires adressés particulièrement aux PME restent de faibles proportions. La quasi-totalité des entreprises enquêtées (90,6%) pensent que les coûts des crédits sont élevés. environ 80% de ces PME reprochent aux banques leur manque de souplesse pour la mobilisation des fonds requis. D'autant plus que la moitié des entreprises concernées ne sont pas favorables pour le recours aux nouveaux actionnaires pour l'augmentation des capitaux de leurs entreprises. Un lourd héritage. Une mentalité d'autarcie. D'autant plus que l'étude fait ressortir qu'environ 14% des PME recourent à l'autofinancement « contre de faibles sollicitations d'autres instruments financiers, tels que les SICAR (3,6%), alors même que seulement 8,1% ont tenté de recourir à la BFPME et 7,6% à la BTS », expliquent les auteurs de l'étude tout en précisant que « l'accès au financement des entreprises off-shore ou à l'exportation reste mineur, avec respectivement 1,8% et 2,9% des PME interrogées, ce qui pose le problème structurel d'absence d'appui à leur internationalisation ». Un constat déjà évoqué depuis des années. La TFB (TUNISIAN FOREIGN BANK) a déjà échoué sa mission. Zied DABBAR * A noter Au niveau réglementaire, 54,3% des PME soulignent la faible pertinence opérationnelle de La circulaire BCT N°87-47 réglementant les crédits bancaires est jugée de faible pertinence selon 50% des PME enquêtées. Idem pour la législation actuelle des activités des SICARS qui est perçue par 61% des PME comme un frein majeur à leurs activités de financement. * Insécurité et corruption, principales entraves Toujours selon l'étude de la CONECT, les entraves au développement des PME tunisiennes ne manquent pas. C'est ainsi qu'au niveau du climat des affaires, divers degrés de perception ont été soulignés comme posant une contrainte majeure au développement des PME, avec 45,8% pour l'insécurité, 44,9% pour la corruption, 30,7% pour le cadre macroéconomique et réglementaire, 28,9% pour les procédures administratives et judiciaires, 26% pour l'environnement fiscal, 24,5% pour les conditions d'accès au financement, 22,9% pour les défauts d'infrastructure, 22,9% pour la disponibilité des ressources humaines et 16,8% pour les pratiques de marché * Ce la CONECT recommande Les recommandations de l'étude touchent à plusieurs aspects. Ci-dessous l'intégralité des recommandations telles quelles ont été rapportées par l'étude. - Renforcer les mécanismes de garanties financières à l'instar de la SOTUGAR et envisager d'étendre ces mécanismes aux assurances privées en vue d'instaurer l'assurance insolvabilité - Relever éventuellement le taux de dédommagement des banques et des SICARS en cas de sinistre tout en identifiant de nouveaux mécanismes financiers pour renflouer les ressources de la SOTUGAR. - Revoir la procédure de paiement des banques dès la constatation du sinistre, et ce de telle façon à raccourcir le délai d'indemnisation au maximum. - Création d'un fonds d'investissement dédié à la restructuration financière afin de renflouer le fonds de roulement des PME par la voie d'augmentation de capital, et ce indépendamment de l'implantation de la PME dans une zone de développement régional ou non - Renforcer le rôle de la BFME en élargissant son champ d'activités au financement de l'exploitation et pas seulement de celui de l'investissement. - Etudier l'opportunité de création d'une banque spécialisée dans le financement des TIC, ou, au moins, création au sein de la BFPME d'un département dédié. - Assouplir la réglementation des crédits bancaires afin de permettre aux banques d'offrir des financements adéquats des activités de prospection et de marketing, aussi bien sur le marché local qu'international - Instaurer au niveau des banques des systèmes performants de notation des PME pour mieux évaluer les risques, ce qui permettra de mieux corréler le risque à la tarification bancaire et inciter les entreprises à renflouer leurs capitaux propres pour baisser le coût de financement.