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Polémiques et enseignements
Arrêt sur image: Fictions ramadanesques
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 06 - 2018


Par Samira DAMI
Il n'y a pas de Ramadan qui passe sans que les feuilletons diffusés, au cours de ce mois de la fiction par excellence, ne suscitent polémique sur polémique, pour une raison ou une autre.
Ainsi, après «Mektoub» et «Ouled Moufida», c'est au tour de «Ali Chouerreb» d'être au cœur de vives polémiques.
De son côté, «Tej El Hadhira», s'il a quelque peu échappé à une grande controverse, n'a pas, lui, manqué de provoquer les railleries des internautes en raison du mimétisme criard façon «Harim El Soltane» qui mine ce feuilleton réalisé par Sami Fehri. Car, certains visuels et autres scènes relèvent carrément du copié-collé.
Compilées dans une vidéo, les séquences incriminées ont fait le tour des réseaux sociaux. «Tej El Hadhira» est-il un sous-produit dans la forme? Tout porte à le croire. Tandis que sur le fond, cette fiction écrite par Ridha Gaham, péche par un contexte historique confus, des contre-vérités, voire une falsification de l'Histoire et par des personnages mal construits et mal caractérisés.
Pis, le générique du feuilleton est purement et simplement plagié sur celui d'une série venue d'ailleurs, plus précisément d'Amérique.
Mais, passons et retournons au feuilleton de toutes les polémiques qu'est «Ali Chouerreb», dont les détracteurs sont allés jusqu'à fustiger le choix même du sujet qui se focalise sur la trajectoire dramatique d'un bandit-bagarreur en diable devenu une légende dans les années 50 et 60 notamment. Les dénigreurs de cette fiction qui, pourtant, caracole en tête des audiences — ce qui démontre clairement que les téléspectateurs affectionnent davantage les feuilletons à caractère social que ceux du genre historique , — ont reproché le choix même du sujet et l'abus de la violence.
Scénarisé par Yosra Bouassida et Riadh Nfoussi et réalisé par Rabii Takali, «Ali Chouerreb» a enflammé la Toile entre approbateurs et détracteurs. Ces derniers rejetant la violence excessive qui ne peut influencer que de manière négative les petits et jeunes téléspectateurs, entre enfants et adolescents. Il est vrai que, concernant ce point précis, il aurait fallu diffuser le feuilleton avec une signalétique l'interdisant aux jeunes de moins de 16 ans. Cela afin de protéger les mineurs des scènes de violence susceptibles de perturber leurs repères ou de les choquer.
Continuant sur leur lancée, les détracteurs ne comprennent pas non plus qu'on consacre tout un feuilleton à un marginal, alors que le pays foisonne de figures et d'icônes nationales, du temps passé et du temps présent, entre réformateurs, militants, érudits, écrivains, penseurs, poètes et créateurs, dont le parcours mérite de faire l'objet d'une fiction. Une manière de mettre leurs idées, actions et créations sous les feux des projecteurs afin que les jeunes générations puissent prendre exemple et emprunter leur voie.
Voilà qui a incité Lotfi Abdelli, qui campe le rôle du personnage central, de multiplier les justifications dans les médias insistant sur le côté «Patriote» de Ali Chouereb «qui s'est, selon lui, rebellé contre le colonisateur» (sic). Est-ce vrai ? On ne le sait guère, d'autant que les témoignages divergent. Chacun y allant de sa propre vérité. Il aurait fallu, alors, accentuer le caractère de patriote chez le personnage, d'autant que la fiction le permet et que les personnages sont imaginaires, selon la pancarte signalétique, insérée avant le générique.
Toutefois, rien n'oblige Abdelli à justifier les choix du sujet car les protagonistes de toute fiction sont, partout dans le monde, absolument libres de choisir tel ou tel autre sujet.
Et même sous nos cieux, on n'est plus au temps où il faut traiter de certains thèmes plutôt que d'autres intouchables. Ainsi, on sait qu'ailleurs, des chefs-d'œuvre cinématographiques ont été consacrés aux mondes des braqueurs, bandits, gangsters, de la mafia, et autres. Il n'y a qu'à citer «Le parrain» de Francis Ford Coppola, «Les affranchis» de Martin Scorsese, «Bonnie and Clyde» d'Arthur Pen, «Pulp fiction» de Quentin Tarantino et tant d'autres.
Mieux, au dernier festival de Cannes, la sélection officielle «Un certain regard» a programmé le film argentin «El Angel» de Luis Ortega, qui retrace le parcours d'un ado de 17 ans, Carlito, lequel a commis, dans les années 70, 11 meurtres, 42 vols, 2 enlèvements et autres viols, le metteur en scène a traité de manière délurée et très «pop» de cette légende diabolique, de son vrai nom Robledo Puch, qui purge jusqu'à aujourd'hui une peine de prison à perpétuité. Il s'agit là du plus ancien prisonnier argentin.
Or, justement, la terrible trajectoire de ce criminel au visage d'ange a été traitée telle une métaphore sur la dictature en Argentine. Rien n'est gratuit, en fait, tout doit sécréter du sens et générer une vision.
D'aucuns pourraient répliquer qu'on va au cinéma, alors que la télé pénètre dans les foyers, ce qui est relativement vrai. Mais, tout le monde le sait, les télévisions de par le monde ne sont pas en reste puisque les séries sur les voleurs, bandits, gangsters et mafieux, des plus tendres aux plus dangereux, sont légion. Des plus «soft» («Robin des bois», «Arsène Lupin») aux plus «hard» (Breaking bad», «Board Walk Empire», «The Shadow Blick» «Sons of anarchy»), ces séries battent les records d'audience sur les chaînes occidentales.
«La casa de Papel», série diffusée en premier lieu sur la chaîne espagnole «Antena 3», puis sur la plateforme «Netflix», relève du phénoménal tant elle bat tous les records d'audience dans le monde. Réalisée par Alex Pna, cette fiction espagnole met en scène un braquage pas comme les autres, «c'est le braquage du siècle».
Ce braquage, qui ne se déroule pas comme prévu, se décline, également, telle «une métaphore chargée de revanche sociale dénonçant les voleurs qui s'en prennent aux économies du peuple», car ces marginaux et laissés-pour-compte sont moins coupables, en fait, que les vrais braqueurs et arnaqueurs des peuples.
Inverser les stéréotypes
Tout ça pour dire que le choix de tout sujet de fiction est libre pourvu que l'ensemble distille du sens, une vision et des enseignements.
Or, jusqu'ici, dans «Ali Chouerreb», on ne favorise pas l'identification puisque le personnage central, cet anti-héros, fait même la leçon à un personnage d'enfant en lui conseillant «de ne pas suivre sa voie qui ne mène à rien, mais à emprunter celle du savoir et des études qui mène à la réussite et génère le respect. Car les bandits ne suscitent pas le respect, mais seulement la peur».
Tout est dit fontalement ici en attendant la fin du feuilleton.
Autre polémique : Lotfi Abdelli est-il l'acteur indiqué pour camper le rôle d'un bandit ? Plusieurs voix se sont élevées, assénant que le rôle aurait pu aller comme un gant à Moez Gdiri.
Ce que ce dernier, gêné, a récusé, affirmant «qu'il était bien phasé avec son personnage», qu'il a d'ailleurs incarné avec beaucoup de justesse.
Maintenant, jouer le rôle d'un gangster ou d'un bandit n'implique plus forcément le recours au stéréotype de l'acteur «hyper baraqué» aux «gros biceps», l'important c'est de convaincre.
Et on peut dire qu'en jouant le rôle de Ali Chouerreb, Abdelli a inversé les stéréotypes immuables et clichés figés. Ce que le réalisateur de «El Angel» a fait à travers le choix d'un acteur frêle et au visage d'ange pour incarner au fond «un criminel diabolique». Reste que Abdelli a choisi de changer le timbre de sa voix, ce que certains grands acteurs ont fait, à l'image de Marlon Brando dans «Le Parrain» qui a adopté une voix de gorge, un quasi chuchotement, devenue l'une des grandes marques de fabrique de la série de films. Or, Abdelli aurait certainement été plus crédible et convaincant en évitant «le cliché du bandit à la grosse voix» et en optant pour un jeu intériorisé sans tics ni simagrées.
Autres polémiques : la vie sexuelle ambiguë de Ali Chouerreb, qui a créé des querelles même, mais en l'absence d'un spécialiste de «l'histoire du banditisme», sous nos cieux, et de témoignage sérieux, toute discussion est vaine.
Voilà pour les polémiques soulevées par ce feuilleton réalisé de manière très basique et non sans anachronismes dont par exemple l'utilisation de lits dans la prison, alors qu'on sait qu'à cette époque (années 1950 et 1960) les prisonniers dormaient sur des paillasses.
Or, ces erreurs et anachronismes auraient pu être évités si les productions avaient été préparées suffisamment à l'avance. Il semble que chaque année, les producteurs et les chaînes de télé ne tirent pas visiblement les leçons qu'il faut et continuent, étrangement, à produire des fictions en dernière minute dans l'urgence la plus totale. Y remédiera-t-on un jour?


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