Selon les chiffres publiés par l'INS, les exportations des produits cosmétiques et d'hygiène tunisiens (à l'exception des huiles essentielles) ont atteint 160 millions de dinars en 2017, poursuivant ainsi leur tendance haussière. Toutefois, les protagonistes du secteur déplorent un marché local morose et une imposition «injuste» de droits de douane sur les matières premières importées. Le marché local tunisien serait-il assez petit pour que les industriels investissent dans le secteur du cosmétique et de la parfumerie ? En tout état de cause, les industriels opérant dans le secteur cosmétique affirment qu'il représente un marché à la consommation estimé à environ 900 millions de dinars. Est-il un secteur compétitif ? Encore une fois, les professionnels du secteur affirment que c'est une industrie à grand potentiel, toutefois entravée par des obstacles de nature, essentiellement, fiscale. Sollicité par La Presse, le président de la Chambre syndicale des industriels de parfumerie et de cosmétique, Hatem Meziou, a contesté la nouvelle imposition des droits de douane appliquée sur les matières premières et intégrée dans la loi de finances 2018. «Il est vraiment inadmissible que l'on impose des droits de douane sur les matières premières et des intrants indispensables à la fabrication des produits cosmétiques et des produits d'hygiène, alors que les produits finis fabriqués en Europe sont exempts de droits de douane», déplore-t-il. Secteur en difficulté En effet, les produits cosmétiques et d'hygiène ne sont plus estimés comme produits de luxe. Procurant des sentiments d'aise et de bien-être, l'usage des produits de beauté, à l'instar des maquillages, des parfums, des produits déodorisants, est devenu plutôt un quotidien nécessaire. «Les produits de beauté sont devenus une quasi-nécessité pour les femmes actuelles. Pareil pour les produits de rasage pour hommes, le gel-douche, etc. L'on ne cesse pas de répéter que nous produisons des produits de luxe. C'est faux ! Il est, également, à noter que les prix varient, il y a des produits de beauté très chers et d'autres qui sont à la portée. Le cosmétique et la parfumerie sont devenus indispensables dans la mesure où ils contribuent au bien-être des individus. Ainsi que l'on oublie que le secteur comporte, outre la fabrication des produits cosmétiques, l'industrie des produits d'hygiène, à l'instar des dentifrices et la savonnerie», ajoute-t-il. Toutefois, les protagonistes de cette industrie affirment que le secteur vit une véritable morosité. Ces nouvelles impositions de droits de douane sur les matières premières importées constitueraient un coup dur pour leurs activités. Hatem Meziou a affirmé que le secteur emploie environ 10.000 personnes dans les diverses activités, à savoir l'industrie, la distribution et le commerce de détail. La nécessité de relever les droits de douane Actuellement, la Chambre syndicale de l'industrie cosmétique relevant de l'Utica travaille en collaboration avec le ministère de l'Industrie et des Petites et Moyennes entreprises, pour revoir les possibilités d'abrogation de cette nouvelle imposition. «A vrai dire, le ministère de l'Industrie est très coopératif. Nous essayons ensemble de trouver une issue à ce dilemme. Mais le ministère des Finances, malgré les efforts fournis par un bon nombre de ses cadres, demeure, jusque-là, sur sa position», confie Hatem Meziou. Quant aux perspectives de l'export dans ce secteur, le président de la chambre syndicale a déclaré que les opérateurs tunisiens ne peuvent pas se positionner sur le marché africain sans maîtriser et s'emparer du marché local, d'autant plus que l'accession aux marchés africains est périlleux et nécessite énormément de moyens, selon ses dires. «On ne peut pas exporter aux marchés africains sans être des champions dans notre marché local», a-t-il précisé.