En dépit de leur situation qui échappe à tout contrôle, des citoyens tombent sous le charme de jouets présentant des risques pour la santé de l'enfant et vendus à bas prix A la veille de l'Aïd, la contrebande et la vente illégale des jouets pour enfants prospèrent dans les rues et artères de la capitale. Pistolets à billes, pointeurs laser, ballons, poupées... tout est bon à vendre et à acheter, même par des enfants venus seuls. A la rue Charles-de-Gaulle, ou à la rue d'Espagne, où les étals anarchiques sont innombrables, des commerçants ambulants y ont trouvé refuge pour mettre en vente toutes sortes de jouets contrefaits provenant majoritairement des circuits de contrebande. Selon eux, cette marchandise provient notamment de Souk Boumendil, connu comme étant un nerf névralgique de la contrebande à Tunis. En dépit de leur situation qui échappe à tout contrôle, des citoyens tombent sous le charme de ces jouets vendus à bas prix. Par exemple, pour un pistolet ou mitrailleuse à billes, trois ou cinq dinars sont largement suffisants pour s'offrir de tels gadgets, très estimés par les enfants. Pour Ilyès, commerçant ambulant qui s'installe un peu partout dans les rues et les artères de la capitale, ces jouets sont, en effet, vendus massivement à la veille de l'Aid. «Les citoyens ne peuvent pas acheter des jouets à 30 et 40 DT dans des magasins et des bazars, il est vrai qu'il s'agit de produits contrefaits, mais les parents optent toujours pour le prix en dépit de la qualité ou de la sécurité». L'avis de ce commerçant, qui résume un peu la situation, est partagé par les clients eux-mêmes, ignorant souvent la dangerosité et les risques de tels produits, dont l'origine est souvent inconnue. «Chaque Aïd, je viens spécialement à Boumendil pour acheter des jouets à mes petit-fils, le choix est varié et les prix sont largement abordables», explique une grand-mère, accompagnée de son petit-fils, visiblement très séduit par ces jouets de toutes les couleurs. Même son de cloche chez un père de famille qui est venu spécialement au Souk Boumendil et ses rues adjacentes pour acheter une poupée à sa fille à l'occasion de l'Aïd El Fitr. «Malgré la qualité médiocre de ces jouets et parfois leur dangerosité, nous sommes obligés de venir à Boumendil pour acheter une poupée à 10 DT au lieu de dépenser le triple de cette somme dans un magasin ou dans une grande surface», estime-t-il, et d'ajouter «qu'avec toutes les dépenses relatives au mois de Ramadan et à l'Aïd, on ne peut dépenser encore plus pour acheter des jouets authentiques». De toutes les couleurs En faisant le tour de la capitale, on peut s'apercevoir, qu'en effet, le commerce de ces jouets contrefaits est à son apogée à la veille de l'Aïd. Il y en a de toutes les couleurs : pistolets à billes, mitrailleuses, ballons, arcs, doudous, poupées, jouets électroniques, vélos, voitures de course et même pétards... mais pour ces derniers ils sont vendus en cachette ! Selon un commerçant à Boumendil, les pétards figurent parmi les produits les plus demandés sur le marché, notamment les enfants. Mais selon ses dires, les commerçants évitent la vente de ces produits par crainte des importantes amendes en cas d'infraction. Pourtant, certains le font en cachette en dissimulant les pétards dans d'autres marchandises, comme les jouets électroniques ou les voitures de course, comme l'expliquent plusieurs vendeurs de jouets contrefaits qui s'activent dans ce souk très populaire. En Tunisie, visiblement, ces jouets sont accessibles à tous, même des enfants venus sans leurs parents pour s'offrir quelques gadgets à l'occasion de l'Aïd. Des produits non identifiés, présentant souvent des risques sur la santé des usagers, se vendent et s'achètent massivement en dépit des alertes et avertissements lancés par plusieurs organismes. Il faut rappeler, dans ce sens, que l'Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (Ancsep) avait mis en garde contre ces jouets vendus sur les circuits de commerce informel qui pourraient causer de graves accidents aux enfants. Le communiqué, publié à l'occasion de l'Aïd El Fitr, cite notamment des pistolets à feu ou à billes, les pétards et les pointeurs laser, nuisibles surtout pour la vue. Dans ce sens, l'Ancsep a appelé les parents à acheter les jouets dans les espaces formels et éviter les circuits anarchiques. Rappelons que, selon l'Institut National de Consommation (INC), 58,5% des Tunisiens achètent les jouets de leurs enfants auprès des circuits de commerce informel. Pour plusieurs organisations et associations qui œuvrent dans le domaine de la santé, ces produits présentent de grands risques pour de multiples raisons car l'enfant peut s'étouffer en avalant de petites pièces en plastique ou s'étrangler avec une corde, mais aussi se brûler avec des pistoles à feu ou des pétards. Et parce que même les jouets issus du marché légal pourraient dans certains cas présenter des risques, les parents, premiers responsables de la sécurité de leurs enfants, sont appelés à être vigilants pour prévenir d'éventuels accidents pendant cette fête.