De retour sur la scène mondiale pour la première fois depuis douze ans, les Aigles de Carthage n'ont pas de nombreuses individualités, mais une grande force collective. Et comptent bien faire douter leurs adversaires. Car la Tunisie, c'est peut-être perfectible, mais c'est surtout costaud. La Tunisie est une équipe à réaction plus que d'action. Autrement dit, elle se fait d'abord surprendre avant de prendre les choses en main. Cela s'est vérifié face à la RD Congo et la Guinée lors des qualifications ainsi que contre le Portugal et la Turquie en amical. Chaque match de poule étant une finale pour les Aigles de Carthage, Nabil Mâaloul devrait opter pour une formation plutôt compacte, avec Elyes Skhiri juste devant une défense à quatre. La sentinelle de Montpellier serait alors elle-même soutenue par deux autres milieux, à savoir Mohamed Amine Ben Amor et Ferjani Sassi. Devant, les électrons libres Sliti et Badri seront chargés d'alimenter le larron situé en pointe. Reste à savoir si Wahbi Khazri sera remis à 100% pour aller planter des cacahuètes dont lui seul a le secret. Réitérer l'exploit de 78 Comme le nombre de victoires pour la Tunisie en Coupe du monde. Et ce, lors de sa toute première participation, en 1978. Quatre décennies que les Aigles de Carthage rêvent de réitérer cet exploit réalisé lors de leur toute première rencontre en mondovision face au Mexique. Menés 1-0 à la mi-temps, les Tunisiens étaient parvenus à inverser la tendance pour s'imposer 3-1 grâce à Ali Kaabi, Néjib Ghommidh et Mokthar Dhouib. Une victoire hautement symbolique puisqu'il s'agit là du tout premier succès d'une équipe africaine en phase finale de Coupe du monde. Ce que Poutine dirait de cette équipe ! « J'aime la Tunisie. Si je suis aussi bien habillé, c'est grâce au créateur Riadh Bouaziz. En toute logique, je ne vais pas me gêner pour tailler un costard aux Anglais juste avant leur match contre les Aigles de Carthage. » Il aurait pu être russe, mais il est né à Tunis ! Un rouquin aux yeux bleus dans un pays de bruns aux yeux marron : c'est peu dire si Fakhreddine Ben Youssef détonne. Fort de son mètre 92, l'ailier tunisien ne passe pas inaperçu. S'il remonte son arbre généalogique, il trouvera peut-être un(e) de ces Russes qui s'est établi(e) à Bizerte à la suite de la fuite de la Flotte de l'Armée blanche devant la révolution bolchevique à la fin de l'année 1920. Le joueur frisson, c'est Naïm Sliti En l'absence de Youssef Msakni, le feu follet de Dijon, est à coup sûr l'un des joueurs-phares de cette équipe de Tunisie. Il n'y a qu'à voir ce qu'il a réalisé cette saison en Ligue 1 : sept buts et six passes décisives en 31 apparitions, et beaucoup de dribbles et de décalages pour les copains. En équipe nationale, c'est pareil : Naïm court partout et donne le tournis aux défenses. Attention quand même à ne pas trop garder le ballon et à exagérer, comme ce fut parfois le cas lors des matchs de préparation. Le grand absent : Youssef Mskani Un genou blessé, et c'est tout un pays qui pleure. La sale blessure de Youssef Msakni lors de la dernière journée de la Qatar Stars League a plongé la Tunisie dans un désarroi profond. Compréhensible, en même temps : le trublion est le meilleur joueur que la République de Carthage ait vu ces dernières années. Capable de gestes dingues et de frappes soudaines, Msakni aurait posé de nombreux problèmes à ses adversaires. Malheureusement, il ne sera pas du voyage. Pas grave : quand la Tunisie remportera le Mondial, Wahbi Khazri pourra toujours se prendre en photo avec le maillot de Msakni, comme Götze avec la liquette de Reus en 2014.