Le match d'ouverture Tunisie-Angleterre fait déjà partie de l'histoire avec une nouvelle défaite de notre équipe nationale. Une défaite, somme toute, inévitable, assortie d'une piètre prestation à oublier afin de ne pas affliger la suite du parcours. Pour quelqu'un qui n'a pas vu le match Tunisie-Angleterre joué avant-hier soir au magnifique stade de Volgograd, valable pour la première journée du tournoi mondial, le score de deux buts à un en faveur des Anglais est honorable pour la Tunisie. Il ne peut nullement faire rougir les nôtres. Au contraire, il pourrait même semer quelque peu le doute auprès de tous les Anglais venus en Russie avec l'ambition d'être parmi les favoris de l'édition de 2018. Mais, pour tous ceux qui ont vu le match, il y a bien d'autres commentaires beaucoup plus sévères à l'adresse de notre équipe nationale qui était juste méconnaissable dans ce match, notamment au cours des trente premières minutes. En effet, c'était une demi-heure d'enfer que tous les Tunisiens (joueurs et supporters) ont endurée. On n'a jamais assez rappelé que de l'entame des matches avec les grandes équipes que dépendent les résultats et la tournure des débats. «Providentielle» précipitation des Anglais Et c'est ce qui a été une nouvelle fois vérifié. La défense tunisienne qui ressemblait, avant-hier, à un navire en perdition, a été prise d'assaut de tout bord par des attaquants anglais déterminés à marquer le maximum de buts et cueillir à froid notre équipe nationale. Ce fut un démarrage en trombe rappelant le style tonitruant du boxeur américain Mike Tyson qui cherchait toujours à forcer la garde de son adversaire à fléchir avant de le mettre K.-O. Une demi-heure durant, la défense tunisienne, qui ressemblait à une passoire, était d'une naïveté déconcertante. Elle nous a «gratifié» de toutes les frayeurs du monde en permettant une hécatombe d'occasions (cinq au moins) dont une seule a été payante lorsque Harry Kane, le capitaine et avant de pointe anglais, a trouvé le chemin des filets sur corner (11'). Ce fut une vraie tornade anglaise qui allait emporter tous les rêves des Tunisiens car on était à deux doigts de subir une correction inoubliable si les occasions offertes à Young, Sterling, Trippier et Alli en particulier avaient abouti. Devant toute cette détermination des «Trois lions», la défense tunisienne, qui ne savait plus sur quel pied danser, accumulait les erreurs de positionnement et d'anticipation. Même l'abécédaire du football n'y était pas dans le compartiment arrière de notre équipe nationale qui allait perdre son gardien de but titulaire, Moez Hassen, à la 12' suite à une blessure à l'épaule. Heureusement que nos adversaires ont joué de malchance sur des occasions inratables en plus du fait qu'ils étaient trahis par une criarde et fâcheuse précipitation. Leur désir d'en finir le plus rapidement possible leur a joué un bien mauvais tour tout en remettant en cause le fameux sang-froid anglais. En revanche, cette précipitation aveuglante des Anglais était providentielle pour notre équipe nationale qui était totalement désarmée devant l'état de siège imposé par les Anglais. Et ce n'est que pendant le dernier quart d'heure de la première mi-temps que nous avons vu nos joueurs sortir de leurs derniers retranchements et tenter quelques tableaux plaisants qui ressemblent à leur jeu des grands jours. D'ailleurs, le fruit de leur timide audace, somme toute rarissime dans ce match, a été couronné de succès à la suite du penalty sifflé à la 33' en faveur de Fakhreddine Ben Youssef que Ferjani Sassi a transformé avec succès. Ce fut l'égalisation inespérée (1-1). Recul stratégique En deuxième période, Nabil Maâloul, qui s'est rendu à l'évidence que l'Angleterre était trop forte, a donné les consignes nécessaires pour fermer toutes les brèches devant les Anglais, voire de refuser carrément le jeu. Et ce n'est nullement blâmable car à l'impossible nul n'est tenu comme on dit. Les espaces laissés à l'adversaire et les compartiments éloignés de la première mi-temps ont cédé la place au jeu de prédilection habituel et «réaliste» des Tunisiens. Celui du «catenaccio» italien qui a bien fonctionné puisque le danger menaçant et harcelant des Anglais a été manifestement atténué et on croyait que le score de parité allait être «volé» à l'Angleterre. Mais le même scénario vécu contre l'Espagne en amical allait se reproduire encore une fois quand Kane avait doublé la marque dans les minutes de récupération pour offrir une victoire étriquée à l'Angleterre. Une victoire au forceps qui ne reflète guère la physionomie du match dominé de bout en bout par les Anglais. Peut-on, par ailleurs, reprocher à Nabil Maâloul d'avoir fait jouer Wahbi Khazri et Ali Maâloul (revenants d'une blessure) durant toute la rencontre? Non pas du tout car ces deux joueurs clés en ont besoin si on veut qu'ils reprennent rapidement la plénitude de leurs moyens pour le compte des deux matches suivants contre la Belgique et le Panama. D'ailleurs, si on avait décroché le score de parité, personne n'aurait parlé de ce choix stratégique de Nabil Maâloul. Ce dernier et nous autres tunisiens croyons que le coup est encore jouable. Peut-être que la preuve sera donnée dans trois jours face à la Belgique. Dans le même contexte, la défaite concédée par l'Allemagne face au Mexique (0-1) ou le nul du Brésil devant la Suisse (1-1), ne les empêchent pas de figurer encore parmi les favoris incontestés dans ce Mondial. Notre équipe nationale était dans un jour sans face à l'Angleterre. Elle ne risque pas d'afficher le même visage dans les deux prochains matches. Du moins, on l'espère.