PARIS (Reuters) — Les grèves contre la réforme des retraites ont déjà coûté plus de 4 milliards d'euros à l'économie française, déclare hier l'organisation patronale Cgpme, dénonçant la "chienlit" dans le pays. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, avait auparavant estimé le coût des mouvements sociaux à 200 à 400 millions d'euros par jour. "D'ores et déjà, on peut raisonnablement chiffrer le coût des grèves et de leurs effets induits à plus de 4 milliards d'euros pour l'économie française", écrit la Cgpme dans un communiqué. Pour parvenir à ce total, la Cgpme a multiplié 300 millions d'euros (milieu de la fourchette de Christine Lagarde) par le nombre de journées d'action syndicale passées ou à venir, soit huit, et ajouté 100 millions par jour depuis le 12 octobre, "date à laquelle les pénuries ont commencé à être gênantes pour les entreprises", a précisé à Reuters Jean-Eudes du Mesnil, son secrétaire général. Ces 100 millions par jour sont la somme de chiffres communiqués par le secteur de la chimie (33 millions), la Sncf (20 millions), l'hôtellerie (13 millions), Air France (5 millions), le commerce de proximité, les transporteurs et d'autres industriels, a-t-il ajouté, précisant qu'il faudrait en plus compter les surcoûts liés aux hausses de prix du carburant. "En disant cela, on reste sur la fourchette basse", a dit Jean-Eudes du Mesnil. "Evidement, on est sur des extrapolations, on ne peut pas être précis sur ce genre d'exercice." Le secrétaire général de la Cgpme a ajouté qu'il s'agissait de pertes de chiffre d'affaires et non de pertes nettes, ce qui permet d'espérer qu'une partie soit rattrapée dans le futur. Mais, a-t-il ajouté, "ce n'est pas vrai pour tous les secteurs, quand on n'est pas allé au restaurant un jour, on ne mange pas deux fois plus la fois d'après", a-t-il déclaré. Dans son communiqué, la Cgpme prévient que "les PME les plus fragiles sont aujourd'hui menacées. La reprise qui semblait poindre s'éloigne au fur et à mesure que la chienlit s'installe". Le mot chienlit, qui signifie désordre, est souvent associé à une phrase attribuée au général de Gaulle en mai 1968 : "La réforme oui ; la chienlit non". Selon l'organisation patronale, "prolonger le mouvement actuel est clairement faire preuve d'irresponsabilité". "Que les adeptes du blocage social ne viennent pas ensuite donner des leçons de dialogue social (aux entreprises) ou leur demander des efforts supplémentaires !", ajoute-t-elle. Le projet de loi qui porte de 60 à 62 ans l'âge légal de départ en retraite a été adopté vendredi par les sénateurs et devrait faire l'objet demain d'un vote définitif mais la contestation ne s'éteint pas. Les syndicats ont appelé à deux nouvelles journées d'action, jeudi prochain et le samedi 6 novembre, et l'approvisionnement des stations-service continue de poser problème.