La question se pose toujours après un échec cuisant du sport national à l'échelle internationale : quelle approche allons-nous entreprendre pour restructurer ce secteur ? Des questions qui, durant des années, sont restées sans réponse. Le rêve du Mondial russe, qui nous a accompagnés depuis la fin de l'année écoulée, s'est finalement brisé. Ce n'est pas que nous ne nous attendions pas que notre équipe nationale quitte la compétition dès le premier tour, comme ce fut le cas lors des quatre participations précédentes, mais nous aspirions à une participation honorable, ponctuée par une belle prestation, particulièrement devant l'Angleterre et la Belgique. Le Tunisien est connu pour aimer le football technique, offensif et spectaculaire. Les quelques milliers de supporters qui ont fait le déplacement jusqu'en Russie pour encourager les «Aigles de Carthage» n'ont pas été servis à la hauteur de leur engagement. En effet, si la prestation des hommes de Nabil Maâloul au Mondial de Russie est tout simplement à oublier, les supporters tunisiens ont fait le show dans les rues de Moscou. Ils étaient même retenus comme les meilleurs supporters par la Fifa. C'est dire qu'au moment où nous attendions quelque chose sur le terrain, nous étions plutôt servis sur les gradins. Bref, ce que nous retiendrons du Mondial russe, c'est une énième déception d'une sélection tunisienne de football qui n'arrive toujours pas à se hausser au plus haut niveau. Une réelle prise de conscience ! Après chaque échec cuisant de notre sport national, le football en particulier, des voix s'élèvent pour une restructuration profonde. Mais une fois l'orage passé, on revient à nos vieilles habitudes comme si de rien n'était. Notre problème, c'est qu'on continue à gérer notre football avec une mentalité d'amateurs. Nos clubs sont toujours gérés avec des statuts d'associations omnisports à but non lucratif. Pour être plus direct, nos clubs de football qui évoluent en Ligue 1 et Ligue 2, dites professionnelles, sont gérés à ce jour avec des statuts de clubs amateurs. Certains observateurs qualifient notre championnat de semi-professionnel. Et quand on a des statuts et une infrastructure sportive qui ne vont pas de pair avec le professionnalisme, sans oublier les difficultés financières que connaissent nos clubs de football, vu qu'ils n'ont pas de ressources financières fixes et qui restent tributaires de généreux donateurs, il est tout à fait normal que nous ayons un championnat de plus en plus faible. Chose que nous savons parfaitement, sauf que nous nous sommes mis à rêver depuis la victoire remportée par l'équipe de Tunisie en match amical face à son homologue iranienne, au mois de mars dernier. La Tunisie a enchaîné avec de belles prestations en matches amicaux, successivement contre le Costa Rica, le Portugal, la Turquie et enfin l'Espagne. Et même si nous avons constaté quelques défaillances défensives que Nabil Maâloul n'a malheureusement pas corrigées, la prestation de notre sélection nationale aurait été meilleure. Si elle avait fait une meilleure prestation, particulièrement contre l'Angleterre et la Belgique, l'équipe nationale aurait pu être une locomotive pour hisser les clubs tunisiens vers le haut niveau. Maintenant que le mal est fait, il sera judicieux de prendre le temps de la réflexion pour une véritable mise à niveau de notre championnat national, à commencer par l'établissement de nouveaux statuts dignes d'instaurer un vrai championnat de football professionnel. Quand la formation à la base s'effectuera sur des bases solides et que nos équipes de football auront des ressources et une infrastructure dignes de clubs professionnels, ce jour-là nous atteindrons le haut niveau.