Les agences de voyages déplorent les réservations de dernière minute. En Occident où la rigueur est érigée en vertu, la gestion des vacances d'été est réglée comme une montre suisse, selon une programmation prématurément établie jusqu'aux moindres détails. Programmation où l'improvisation et la précipitation n'ont aucune chance d'y figurer. De tradition, c'est généralement au début du mois de janvier, et parfois même avant, c'est-à-dire en plein hiver, que les agences de voyages et tour-opérateurs occidentaux commencent à être sollicités par les candidats aux vacances estivales. Ceux-ci s'y amènent pour n'en sortir que réservation en poche, non, bien entendu, sans avoir achevé de choisir la destination qui leur convient et «cautionner» tous les volets de leur séjour et cela dès leur débarquement dans le pays hôte jusqu'au retour au bercail. Dans les offres qu'ils prennent, tout y est détaillé : standing de l'hôtel, qualité de la cuisine, animation, excursions; bref, toutes les prestations de service qui seront mises à leur disposition. Réservation... in extremis ! En Tunisie, faut-il en rire, ou pleurer? C'est que la comparaison ne tient pas debout. La différence entre ciel et terre, entre le jour et la nuit, tout simplement parce que notre tourisme local, en dépit d'une légère embellie constatée ces jours-ci, n'arrive ni à se démarquer de ses sentiers battus, ni à se débarrasser de ses mauvais réflexes, dont justement les réservations de dernière minute. Et là, faut-il l'avouer, nous sommes des champions! «Tant de fois, nous étions obligés de refuser du monde, la réservation étant trop tardive pour être acceptée à l'heure du surbooking», indique un hôtelier. «Certains estivants tunisiens, déplore un autre, viennent demander des chambres, allant jusqu'à... exiger d'être servis séance tenante, faute de quoi, ils nous acusent de privilégier les touristes étrangers au détriment de la clientèle locale». Et notre interlocuteur de préciser encore que «même si, par miracle, un concitoyen arrache une réservation in extremis, rien n'indique qu'il a trouvé la chambre à sa convenance, sans oublier qu'il reste sous le coup d'un séjour écourté, vu le rythme des flux des vacanciers étrangers qui bénéficient naturellement de la priorité, conformément aux engagements légaux qui nous lient aux TO et agences de voyages de leurs pays respectifs». Et pourtant, pour secouer la léthargie des retardataires, hôtels et agences de voyages implantés dans nos murs ne font que rivaliser d'offensives de séduction qui, considérablement renforcées aujourd'hui par des campagnes de sensibilisation non-stop sur la Toile, s'adressent directement au consommateur local, en l'exhortant, s'il est intéressé, à aller réserver illico presto. C'est-à-dire battre le fer pendant qu'il est chaud, au risque de le regretter plus tard. De surcroît, ces campagnes de charme, multicolores et les unes aussi alléchantes que les autres, démarrent dès le mois de mars. De quoi prendre tout son temps pour se décider. Et dire, messieurs les retardataires, que la Tunisie s'achemine vers une haute saison touristique, version 2018, de tous les records. A bon entendeur...