Fatale alliance entre l'Union civile et Ennahdha Hier, Nida Tounès et les petites formations qui l'ont quitté ont offert, suite à leurs dissensions interminables et à leurs mauvais calculs, la mairie de Tunis à Ennahdha Encore une fois, Nida Tounès et les petits partis qu'on dit proches du parti des Berges du Lac ont raté le coche et ont balisé, hier, la voie à Ennahdha pour arracher la présidence de la municipalité de Tunis, permettant ainsi à Souad Abderrahim, tête de liste nahdhaouie, d'être élue maire de Tunis en remportant 26 voix contre 22 pour son concurrent nidaiste Kamel Idir. Mais comment la candidate nahdhaouie a-t-elle réussi à doubler son concurrent nidaiste qui paraissait, avant le démarrage de l'opération électorale, favori dans la mesure où d'après le décompte des voix des conseillers élus sur la liste indépendante dirigée par Mounir Ben Milad (4 sièges) et celle des sièges remportés par l'Union civile (5), coalition composée des partis transfuges de Nida Tounès (la Tunisie d'abord, Machrou Tounès, Al Badil), Kamel Idir, tête de liste de Nida Tounès, paraissait comme le gagnant attendu, surtout que les conseillers du Courant démocratique (8 voix) et ceux du Front populaire (4 voix) ont décidé de s'abstenir lors du second tour de l'élection qui s'est déroulé entre Souad Abderrahim et Kamel Idir. Autrement dit et arithmétiquement parlant, quand le second tour de l'élection a démarré (avec la déclaration des conseillers du Front populaire et du Courant démocratique de boycotter le vote), il y avait 48 voix sur 60 à départager entre Kamel Idir et Souad Abderrahim avec 21 voix acquises d'avance pour la candidate nahdhaouie et 17 voix déjà promises au candidat nidaiste. Et l'enjeu de toute l'opération électorale consistait à convaincre les élus de l'Alliance civile et de la liste indépendante (dirigée par l'ancien nidaiste Mounir Ben Miled) de voter ou pour Idir ou pour Abderrahim. Et les observateurs étaient presque d'accord que ces derniers étaient plus proches de Nida Tounès que d'Ennahdha d'autant plus que les dirigeants de la Coalition civile avaient déjà déclaré que leurs édiles allaient voter pour le candidat nidaiste, sans oublier les concertations qui se déroulent ces derniers jours entre les responsables de Nida Tounès et ses fondateurs pionniers qui ont quitté le parti pour créer leur propre formation «dans l'objectif de retourner au parti ou au moins de créer un front démocratique à même de rééquilibrer la scène politique nationale», comme l'a souligné Ridha Belhaj, président du mouvement «la Tunisie, d'abord», à l'issue de sa rencontre, lundi, avec le président de la République Béji Caïd Essebsi. Hier, l'élection du maire de la capitale a constitué la première épreuve pour mesurer le degré de crédibilité, de fiabilité et surtout de faisabilité de cette coalition dont on attendait la formation dans les prochains jours. Hier, les conseillers municipaux élus sur les listes de Nida Tounès, de la Tunisie d'abord, de Machrou Tounès et aussi les conseillers indépendants (nidaistes mécontents mais acquis au parti) avaient à assumer «une responsabilité historique : arracher la présidence de la municipalité de Tunis des mains d'Ennahdha et l'offrir à un nidaiste même si les frontistes et les conseillers du Courant démocratique, objectivement plus proches de Nida Tounès que d'Ennahdha, ont opté pour la politique de la chaise vide», confie à La Presse un observateur surpris par la polémique ayant éclaté entre Ridha Belhaj et Soufiène Toubal, le chef du bloc parlementaire nidaiste, aussitôt annoncé l'accès de Souad Abderrahim à la présidence de la municipalité de Tunis. En effet, les deux responsables s'accusent mutuellement d'avoir trahi leurs engagements initiaux. Toubal déclare : «A l'instar de ce qui s'est passé à Gafsa, l'Union civile n'a pas tenu parole et ses conseillers ont donné leurs voix à Souad Abderrahim plutôt qu'à Kamel Idir. Leur intention est claire et nette : ils se sont alliés pour torpiller Nida Tounès». De son côté, Ridha Belhaj accuse certains conseillers municipaux nidaïstes, sans les nommer, d'avoir voté, hier, pour Souad Abderrahim aux dépens du candidat de leur parti. Il reconnaît, toutefois, qu'une conseillère élue sur la liste de l'Union civile n'a pas obéi aux instructions et précise : «C'est un geste qui s'est produit dans d'autres partis à l'instar du Courant démocratique où plusieurs conseillers à Kairouan n'ont pas respecté les ordres». En tout état de cause, autant l'élection de Souad Abderrahim à la tête de la municipalité de Tunis constitue une première dans l'histoire de la Tunisie, autant elle consacre une vérité qui s'impose de jour en jour : au sein de Nida Tounès, il n'existe plus de chef à écouter ou de ligne à suivre!