Un procès historique qui ouvre une nouvelle voie à une meilleure justice dans le pays et prélude à la consécration du processus démocratique engagé en Tunisie Deux accusés présents à la première séance et plusieurs avocats se sont portés volontaires pour plaider dans cette affaire qui met en cause l'ancien régime La juridiction spécialisée au tribunal de première instance du Kef a siégé hier dans le cadre de la justice transitionnelle et statué sur le premier procès relatif à l'affaire du martyr Nabil Barakati, un enseignant syndicaliste mort sous la torture le 8 mai 1987 et tué par balle réelle en pleine tête, avant d'être retrouvé abandonné dans une décharge publique à Gaâfour. Le procès est instruit par le collectif des avocats historique et ouvre la voie à la concrétisation de la justice transitionnelle et du processus démocratique engagé depuis 2011 en Tunisie, d'autant que toutes les garanties ont été offertes pour favoriser un procès équitable dans cette affaire plus connue comme celle de la plus grande torture sous l'ancien régime et qui plus est a donné son sens au choix du 8 mai comme journée nationale de lutte contre la torture. Avocats, journalistes, hommes politiques et intellectuels de divers horizons ont assisté, hier, parfois dans la fierté d'un processus de justice transitionnelle, parfois dans la douleur d'un souvenir émouvant qui met en relief les tortures barbares infligées aux opposants de l'ancien régime, tous ont exprimé leur indignation face au passé inhumain d'un appareil répressif et se sont déclarés satisfaits de voir enfin ce processus de justice transitionnelle prendre son chemin, sans obstacles ni embûches. Le procès intervient après que l'Instance vérité et dignité (IVD) a soumis le dossier, le 25 avril dernier, au procureur de la République près le tribunal de 1ère instance du Kef. Il s'est ouvert avec l'audience du frère de la victime et ses témoignages sur les circonstances douloureuses et l'arrestation de son frère et son incarcération ainsi que sur les harcèlements subis par les membres de la famille Barakati, alors qu'un ancien codétenu de Nabil a donné lui aussi sa version, on ne peut plus pertinente et précise, sur les méthodes de torture infligées aux personnes incarcérées et dont Nabil Barakati faisait partie. Seuls deux accusés — des officiers de police — ont assisté au procès, alors que tous les autres ne se sont pas présentés à l'audience, dont un médecin légiste. Le principal accusé est cependant mort.