Toutes les parties présentes sont restées sur leur position, le chef de l'Etat et son fils dans le même camp La crise politique qui traîne et se ramifie depuis quelques longues semaines semble prendre un tournant hasardeux et des proportions inquiétantes, puisqu'après avoir divisé Nida Tounès, mettant face à face Youssef Chahed et Hafedh Caïd Essebsi, elle amorce, avec l'interview présidentielle de dimanche, un palier bien supérieur, puisque le chef de l'Etat y prend clairement parti contre Youssef Chahed accusé d'être branché sur l'échéance électorale de 2019 au détriment de ses obligations gouvernementales et de son engagement dans les impératifs de sauvetage du pays. Sur Nessma TV, le président de la République a été, cette fois-ci explicite, appelant le chef du gouvernement, qu'il avait lui-même adoubé, à démissionner ou à initier une motion de confiance de la part du parlement. L'interview d'avant-hier soir semble avoir été conçue dans l'esprit de convaincre ceux qui soutiennent Chahed que ses jours sont comptés, sachant que la chose serait tranchée lors de la réunion de Carthage qui s'est tenue hier. Il s'agit d'une réunion atypique où étaient présents les trois présidents, les représentants officiels des deux grands partis et les numéros 1 de l'Ugtt et de l'Utica, ainsi que le chef de cabinet de la Présidence. Mais il n'est sorti de cette longue réunion aux propos très controversés, qu'une mise en cause énergique de HCE par le chef du gouvernement qui lui a demandé de se taire, n'étant pas, à ses yeux, le leader de Nida. Et l'on rapporte que le «directeur exécutif» s'est tu. Cet épisode a donné le ton à toutes les discussions, et l'on a pu constater que toutes les parties présentes sont restées sur leurs positions : Hafedh Caïd Essebsi pour le départ immédiat de l'ensemble du gouvernement, de même que l'Ugtt. Ennahdha pour le maintien du gouvernement avec certains changements de titulaires, surtout qu'il faudra remplacer le démissionnaire Mehdi Ben Gharbia et l'ancien ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem. Enfin, Youssef Chahed a défendu son bilan et l'exigence de stabilité gouvernementale. La crise politique prend l'allure d'une véritable impasse où le chef de l'Etat et son fils sont dans le même camp.