Hassen Laâmari (Nida Tounès) : « Que les choses soient claires : depuis le début de la crise, notre bloc parlementaire s'est toujours rangé du côté du président de la République» Après l'interview du dimanche 15 juillet dernier dans laquelle le président de la République a publiquement désavoué Youssef Chahed, le chef du gouvernement, et après l'échec, deux jours plus tard, d'une "réunion de concertation" avec les patrons de Nida Tounès, d'Ennahdha, de l'Ugtt et de l'Utica, voilà que Béji Caïd Essebsi a convoqué pour aujourd'hui, au Palais de Carthage, l'ensemble des 56 députés de Nida Tounès. Une tentative, semble-t-il, de resserrer les rangs du bloc parlementaire de Nida Tounès, en proie à un émiettement sans précédent depuis le succès électoral du parti en 2014. Critiqué par l'opposition et d'autres personnalités publiques au sujet de son manque présumé d'impartialité en tant que président de tous les Tunisiens et non de chef d'un parti, le président a laissé entendre, via le bureau exécutif de Nidaa, que ce sont les députés du bloc parlementaire qui ont demandé l'entrevue. Dans une déclaration à l'agence TAP, Mongi Harbaoui, député de Nida, a affirmé que « les questions internes de Nida Tounès ne seront pas évoquées avec le président de la République». Une affirmation qui laisse perplexe, puisque la crise est en partie liée aux désaccords au sein du parti Nida Tounès, fondé en 2012 par l'actuel président de la République. Contacté par La Presse, le député nidaiste Hassen Laâmari affirme que le bloc parlementaire de Nidaa Tounes souhaite « jouer un rôle positif dans le dénouement de la crise politique ». "Que les choses soient claires, même si on peut entendre des déclarations dissonantes de certains élus de Nida Tounès, il est important de souligner que, depuis le début de la crise, notre bloc parlementaire s'est toujours rangé du côté du président de la République", tient à préciser notre interlocuteur. Il reconnaît toutefois que le groupe parlementaire peut avoir des positions différentes de celles de certains cadres du parti. "Nous, députés, nous ne formulons pas uniquement des positions purement politiciennes : nous sommes au contact de la réalité et nous réfléchissons à l'intérêt de la Tunisie", explique encore Hassen Laâmari. Le député espère que la réunion permettra de "clarifier un certain nombre de choses" et contribuera au dénouement de la crise. Mais, quelle que soit l'issue de la réunion d'aujourd'hui, la crise ne sera pas résolue. En effet, pour évincer son ex-protégé de la présidence du gouvernement, Beji Caïd Essebsi aura besoin de bien plus que de 56 élus. Il lui en manquera toujours 53 autres pour pouvoir, sans grand risque, déclencher l'article 99 de la Constitution qui confère au président de la République la prérogative de demander au parlement un vote de confiance — ou de défiance —, au sujet du gouvernement. Dans l'état actuel des choses, et devant le refus du mouvement Ennahdha de lâcher Youssef Chahed, recourir à l'article 99 serait très risqué pour le président. En effet, si la Constitution lui accorde la possibilité de recourir, à deux reprises, à une procédure de destitution du chef du gouvernement, l'article 99 dispose que "si les deux fois, l'Assemblée renouvelle sa confiance au gouvernement, le président de la République est réputé démissionnaire". Certains députés de Nida Tounès, fidèles au chef de l'Etat, lui ont d'ailleurs déconseillé d'y recourir afin de ne pas éroder son autorité et sa légitimité politique.