En dépit du discours rassurant du ministre de la Santé, le Conseil national de l'ordre des médecins vient de tirer, pour la énième fois, la sonnette d'alarme à propos de la pénurie des médicaments essentiels. Il a dans un récent communiqué manifesté sa profonde inquiétude concernant cette pénurie, qui perdure depuis plusieurs mois, et s'insurge contre la lenteur des autorités à y trouver des solutions efficientes. Au moment où le ministre de la Santé tente de rassurer les citoyens et de démentir, à coup de déclarations, la pénurie des médicaments, qui est entrée en phase critique, médecins, pharmaciens d'officine et représentants syndicaux ne cessent de tirer la sonnette d'alarme depuis des mois. Aujourd'hui, on a atteint les limites et des malades atteints de diabète n'hésitent plus à lancer des appels de détresse sur les réseaux sociaux après avoir fait le tour des officines en raison de la pénurie d'insuline qui prend de l'ampleur et qui, bizarrement, semble toucher aussi un pays voisin vers lequel les contrebandiers ont pris l'habitude d'acheminer illégalement des médicaments destinés à la distribution en Tunisie. La grande crise économique a entraîné la prolifération de l'informel dans tous les secteurs et la recrudescence de la contrebande n'a pas épargné le secteur pharmaceutique malgré les efforts des services douaniers et sécuritaires visant la lutte contre ces activités illicites. L'une des unités de la Garde nationale a d'ailleurs réussi, le 27 du mois courant, à mettre la main sur une grande quantité de médicaments destinés à la contrebande et dissimulés dans une voiture algérienne au niveau de la route nationale à Nefza (gouvernorat de Béja). Quelques jours auparavant, les agents de la direction générale de la Douane ont pu saisir à l'aéroport Tunis-Carthage une grande quantité de médicaments en possession de deux passagers de nationalité mauritanienne. Selon des médecins spécialistes des maladies cardiovasculaires, que nous avons contactés, la protamine, un médicament indispensable dans la chirurgie cardiaque et vasculaire, est aussi en manque, ce qui pourrait mettre en danger la vie de certains patients qui doivent être opérés dans les plus brefs délais. En dépit des mises en garde, des critiques qui fusent de partout et qui pointent du doigt une corruption galopante dans le secteur pharmaceutique, le ministre de la Santé a toujours tenu, lors de ses sorties médiatiques, un discours rassurant en dissonance avec les cris d'alarme des pharmaciens d'officine et des médecins. Les réserves stratégiques en médicaments atteignent actuellement les 88 jours, selon le nouveau P.-d.g. de la Pharmacie centrale de la Tunisie, M. Aymen Mekki, qui tente, ces derniers jours, de contrecarrer les informations évoquant une réelle pénurie de médicaments. Sauf que le Conseil national de l'ordre des médecins n'est pas près de lâcher prise. En effet, le Cnom vient de tirer, pour la énième fois, la sonnette d'alarme à propos de la pénurie des médicaments essentiels .Il a dans un récent communiqué manifesté sa profonde inquiétude concernant cette pénurie qui perdure tant dans le secteur public que privé depuis plusieurs mois, et s'insurge contre la lenteur des autorités à apporter des solutions efficientes et pérennes à cette pénurie. Il exige que soient prises immédiatement toutes les mesures urgentes pour y remédier et, surtout, celles de nature à ce qu'elle ne se reproduise plus. Les mesures transitoires prolongeant la précarité de la situation ne sont plus acceptables, a ajouté le Cnom dans son communiqué. En conclusion, il a appelé les médecins et les professionnels de la santé à consulter régulièrement le site de la Pharmacie centrale de Tunisie pour suivre les communiqués d'approvisionnement et de réapprovisionnement en médicaments. De son côté, Nadhem Chakri, président de l'Association des pharmaciens, nous a confirmé la pénurie des médicaments. Une pénurie qui ne date pas d'aujourd'hui et qui est due à la mauvaise gestion qui gangrène ce secteur et au circuit parallèle de distribution et de vente illégale. La pénurie est là, il nous faut des solutions urgentes pour sortir de cette crise, a-t-il souligné.