Par M'hamed JAIBI Le vote de l'ARP en faveur du nouveau ministre de l'Intérieur continue de susciter maintes polémiques aussi bien dans les groupes parlementaires qui ont approuvé cette nomination qu'au sein de ceux qui s'y sont opposés. Ce vote reste un mystère pour de très nombreux analystes et observateurs. En plus de la division des députés Machroû Tounès qui s'est soldée, à ce jour, par la démission de cinq d'entre eux, dont Leïla Chettaoui et Sahbi Ben Fraj, ce vote a eu droit au retour de l'UPL sur la scène politique et à une brusque réconciliation des députés nidaïstes qui a été décisive lors de ce vote de confiance qui prend l'allure d'un appui, tout à fait inattendu, à Youssef Chahed, jusque-là sommé de rendre le tablier. Un redéploiement préélectoral Le communiqué publié vendredi soir par le Comité politique remanié de Nida Tounès apporte, implicitement, quelques éclairages codés à cette énigme. Le parti présidentiel semble opter pour une «large» réconciliation dont personne ne connaît l'ampleur exacte, hormis, sans doute, Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj, ainsi que, peut-être, Mohsen Marzouk. En plus du président Caïd Essebsi que le communiqué désigne clairement comme leader et référence unique de Nida. En réaction positive, le mouvement Machroû Tounès a publié, de son côté, lundi, un communiqué appelant Béji Caïd Essebsi à initier un rassemblement des forces politiques modernistes devant garantir l'équilibre et la stabilité politiques du pays. Le fait est qu'en repoussant la date du 1er congrès du parti aux 25, 26 et 27 janvier 2019, la direction officielle de Nida pourrait bien avoir voulu en faire un point de ralliement en vue des prochaines élections présidentielle et législatives devant se tenir avant la fin de l'année. De sorte que se profile déjà, autour de Nida et malgré l'étendue de sa crise interne, des stratégies de campagne et d'alliance dans plusieurs formations et groupes modernistes. Autour d'un leadership charismatique De nombreuses personnalités politiques avérées posent depuis quelque temps la problématique de la nécessaire émergence, à la tête des forces démocratiques modernistes, d'un leader rassembleur charismatique. Néjib Chabbi s'est même reconnu dans ce descriptif. Mais poser aujourd'hui cet impératif, c'est le rapprocher décisivement des échéances électorales du pays, celles-là mêmes que divers opposants revendiquent pour tout de suite, en tant que recours anticipé face à la crise. Peut-être bien que les entités qui s'agitent ces jours-ci, dont la direction de Nida Tounès et les fractions qui en sont issues, s'inscrivent-elles sur la liste des prétendants ou des soutiens à un groupe ou une personnalité majeure qui se verrait bien remplir les conditions d'un leader appelé à sauver le pays. En attendant de subir l'épreuve des urnes. Tout se configurera, en fait, autour de la décision du chef de l'Etat de se représenter à la présidentielle ou de ne pas y être candidat. Et, dans cette dernière éventualité, le choix de la personnalité «charismatique» appelée à conduire le camp moderniste ne manquera pas de dessiner les contours de l'alliance souhaitée tant par Néjib Chebbi que par Mofsen Marzouk, et qui intègrera, sans doute, plusieurs autres personnalités nationales. Mais il est évident que Béji Caïd Essebsi reste la personnalité la plus influente dans le camp des non-islamistes et qu'il pèsera de toute son influence sur le choix du candidat autour duquel se rassemblera la large alliance souhaitée.