En cause : les infrastructures inappropriées, les réseaux d'évacuation d'eaux pluviales inexistants et la corruption au niveau des marchés publics Un glissement de terrain est survenu en début de semaine au niveau de la route nationale 5 reliant Testour et Téboursouk, plus précisément au niveau de l'installation hydraulique Oued Toubech. Une partie de la route s'est effondrée en raison de la pluie diluvienne qui s'est abattue sur la région (50 mm) Les dernières pluies diluviennes, quoique bénéfiques pour les nappes d'eau et les barrages, ont causé plusieurs dégâts dans certaines régions du pays et démontré la vulnérabilité de l'infrastructure routière. Nos routes se fissurent et s'affaissent avec la tombée des premières pluies et nos canalisations s'obstruent et compliquent encore la situation en refoulant les eaux. Piètre et désolant spectacle avec ces voitures qui déambulent dans les rues entraînées par les puissantes et subites crues, ces maisons isolées et envahies par les eaux. Même les morts n'ont pas été épargnés au cimetière Sidi Abdelaziz à La Marsa avec des dépouilles déterrées sous l'effet des pluies torrentielles. Des dégâts en pleine saison touristique La mise en garde publiée par le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche contre la montée du niveau des eaux de l'oued Medjerda, suite aux fortes précipitations n'a fait qu'attiser les craintes des riverains. Les fortes pluies qui se sont abattues samedi dernier sur la délégation de Testour ont atteint 85 millimètres et provoqué le débordement de certains affluents de l'oued Medjerda, notamment ceux de Khalled et Siliana, aux environs du barrage Sidi Salem. Une cellule de veille au sein dudit ministère est en état de réunion permanente pour suivre le cours des événements, en coordination avec le ministère de l'Intérieur et les autorités régionales, avait annoncé le ministère de l'Agriculture. Les intenses précipitations ont, comme à l'accoutumée, pris tout le monde au dépourvu. Des élus municipaux sont encore occupés à fêter leur victoire et ne sont pas prêts pour sortir dans les rues quand il s'agit de relever un réel challenge. Même s'ils étaient annoncés quelques jours auparavant par l'Institut national de la météorologie, les services des municipalités et certains ministères n'ont pu intervenir à temps pour limiter les dégâts enregistrés en pleine saison touristique. Une saison sur laquelle le gouvernement compte beaucoup pour redresser un tant soit peu la barre. Vulnérabilité des infrastructures routières Le plus fâcheux incident enregistré est sans nul doute celui du glissement de terrain survenu au niveau de la route nationale 5 reliant Testour et Téboursouk, plus précisément au niveau de l'installation hydraulique Oued Toubech. Une partie de la route s'est effondrée en raison de la grande quantité de pluie (50 mm) selon le ministère de l'Equipement. La question qu'on est en droit de soulever est la suivante : «Comment n'a-t-on pas pris en compte le débit des eaux pluviales dans cette région connue par une moyenne pluviométrique relativement élevée lors de la phase d'étude de ce projet», nous confie un ingénieur routier. «Il y a eu bel et bien une sous-estimation du débit d'eau pluviale», confirme-t-il. Il faut se pencher sur les réels problèmes du secteur des bâtiments et des travaux publics (BTP) relevant du ministère de l'Equipement qui est considéré comme l'un des secteurs clés de l'économie du pays en raison de sa contribution dans la réalisation de projets d'infrastructure et de bâtiments, nous souligne un ingénieur chef de projet. Ces problèmes impactent la qualité des études. Une enquête a été ouverte suite à ce grave incident, mais il ne faut rien espérer de ces enquêtes qui sont le plus souvent ordonnées pour apaiser la tension et détourner l'attention. D'ailleurs, plusieurs photos illustrant cet incident ont fait le buzz sur les réseaux sociaux, alimentant les rumeurs les plus saugrenues quant aux causes de ce glissement. Plus d'une centaine d'opérations de pompage d'eau ont été effectuées par les unités de la Protection civile, sans compter les opérations de déblayage de routes afin de rétablir les voies d'accès d'évacuation et de sauvetage. Heureusement, pas de pertes humaines durant les dernières pluies torrentielles, c'est la seule bonne nouvelle à annoncer. Soupçon de corruption au niveau des marchés publics Du Nord au Sud en passant par les régions du Centre, les inondations ont mis à nu la vulnérabilité de notre réseau routier (routes nationales, régionales et locales) mais aussi des infrastructures au moment où l'on parle de projet de développement de l'éco-construction dans notre pays et de désenclavement des zones les plus reculées et les plus précaires avec la remise en état de certains axes routiers. Les pluies torrentielles sont toujours là en été comme en hiver pour rappeler les carences et les déficiences des infrastructures. Chaque fois ce sont toujours les inondations, les routes coupées et les canalisations qui se bourrent sans qu'il y ait de solutions à l'horizon. Pour les citoyens, ce sont les municipalités, l'Onas et le ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire qui sont pointés du doigt en pareilles circonstances. Mais ces derniers accusent, à leur tour, des branchements anarchiques d'assainissement et mettent en question le comportement des citoyens. Le soupçon de corruption au niveau des marchés publics est sur toutes les lèvres. Cette question a été, rappelons-le, soulevée par des députés lors de l'examen du projet de budget du ministère de l'équipement pour l'année 2018. En effet, des députés ont évoqué des dossiers de soupçons de corruption au niveau des transactions publiques pour la réalisation de projets d'infrastructure et se sont même interrogés sur les capacités du ministère à contrôler les promoteurs chargés d'exécuter les appels d'offres.