Le public, nombreux dans la soirée du 10 août, est venu s'enivrer du live sensationnel de deux groupes issus de la culture musicale alternative maghrébine, sans cesse en mutation. N3erdistan, la sensation électro-marocaine a déferlé sur la scène du théâtre de plein air de la ville d'Hammamet en première partie de soirée suivi de Mazalda & Sofiane Saïdi qui ont envoûté des spectateurs subjugués jusqu'à 1h00 du matin. Nos voisins, le Maroc et l'Algérie, ont partagé la scène du Festival international d'Hammamet. Walid Ben Selim a conquis son public à partir de 22h00 avant de céder le flambeau aux virtuoses du rai algérien, les membres du groupe Mazalda et Sofiane Saïdi. N3erdistan mélange habillement rap et sonorités électroniques tout en étant dans la recherche et l'innovation. Les sonorités émanent de la scène artistique nouvelle du Maroc, mais leur passage sur scène a été enrichi par des pointures tunisiennes. Le groupe était composé d'une artiste hors pair « Wided Broko », « Nidhal joua » au qanoun, « Imed Alibi » à la batterie, sous la houlette de « Walid Ben Selim ». Des morceaux, tels que « Maliha », « Kortoubat el gharaa», «Sanasel», «Ana we Anta » entre autres ont fait vibrer la foule présente sur des airs endiablés. Le groupe a partagé son imaginaire débordant avec ses fans. Mis à part leur amour pour la musique, les leaders de N3erdistan sont également dans la dénonciation et dans le décorticage des problèmes sociaux qui rongent le Maghreb. A travers leur musique, des messages humanistes pertinents sont transmis. Leurs compositions s'inspirent des textes en arabe littéraire de poètes, comme Mahmoud Derwich, Nizar Qabani, Ahmed Matar, Jabraan Khalil Jabraan, que le groupe fusionne avec du hip-hop et de l'électronique. Bienvenue dans les contrées déroutantes du N3erdistan, un espace musical sans frontières, où la force des mots coulent dans des airs électro-choc. Il y avait quelque chose d'hypnotique dans la musique de ce soir-là, quelque chose de décapant aux frontières de l'Oriental-beat et de l'électro urbain, distillant des notes ethniques, triturant la mondialisation des samples et des sons, questionnant le sens de la vie ou l'exil numérique, N3erdistan est une belle brèche créative et un affranchissement sonore total. Du raï 2.0 Une vivacité autre s'est abattue sur la scène aux environs de 23h15. Le groupe Mazalda & Sofiane Saïdi ont enflammé encore plus la scène grâce à leur prestation. Qui aurait dit que le raï c'est fini ? Sans blague ? Car Sofiane Saïdi est trop heureux d'épouser les formes nouvelles, comme il l'a fait avec la funk, le chaâbi égyptien ou la musique de Bollywood, tout en plongeant ses racines si profond dans la croûte terrestre oranaise, fécondée par les bédouins qui trafiquent du son de l'Ethiopie au Mali, par les réfugiés d'Al-Andalus, dont les écoles de nouba rayonnent toujours, la poésie des chioukh, le phaser des gasbas. Ses morceaux, tels que «Volcan », « Mon cœur » et «Les étoiles » (titres traduits littéralement de l'arabe au français) n'ont pas laissé de marbre le public. Une effervescence musicale hors du commun enrichie au saxophone engendrant des sonorités inédites. Sofiane Saïdi réinvente le raï, c'est celui qui est sorti intact des machines à produire des clichés, spécialement quand on parle du Maghreb. Et ce soir-là, le prince du raï 2.0, réanonce cette vérité imbattable : la fête, la musique, la profondeur, la proximité, la fraternité, la beauté immense et la magie de l'âme algérienne, une totale symbiose entre le public et la scène. Tunisiens, Marocains et Algériens ont répondu présents jusqu'à une heure tardive de la nuit du 10 août. Une vague nouvelle de jeunes talents, comme on l'a rarement vue sur la scène d'Hammamet.