Aujourd'hui que tout le monde semble suspendu aux élections de 2019, les nidaïstes qui se proclament dépositaires du projet moderniste cherchent à rassembler leurs forces éclatées dans le but de former une coalition qui leur permette de renouer avec les victoires de 2014. Sauf qu'ils peinent à dénicher un leader rassembleur et un discours séduisant Face au blocage qui caractérise le paysage politique national dans le sens que Youssef Chahed a réussi à se maintenir à la tête du gouvernement contre vents et marées en faisant la sourde oreille aux directives-conseils du président Caïd Essebsi et en signant, en prime, comme le soulignent ses partisans, «une éclatante victoire» le 28 juillet dernier, au Palais du Bardo quand près de 150 députés ont accordé leur confiance à Hichem Fourati, son nouveau ministre de l'Intérieur, se pose la question suivante : que peuvent faire maintenant Nida Tounès et les partis qui gravitent dans son giron, tels que Machrou Tounès, Al Mostaqbel et Béni Watani, dans le but de s'opposer à la mainmise d'Ennahdha sur la scène politique renforcée plus que jamais par ses succès électoraux aux municipales du 6 mai dernier. En d'autres termes, les concertations et les négociations en cours entre les responsables des partis se déclarant appartenir «à la famille démocratique, progressiste et moderniste» peuvent-elles aboutir à dégager un projet politique commun, à trouver un leader qui a le statut et le poids nécessaires pour rassembler autour de sa personne (comme le président Caïd Essebsi à l'époque de l'Union pour la Tunisie en 2013) et surtout pouvoir séduire, de nouveau, les électeurs qui leur ont accordé leur confiance un certain 26 octobre 2014, en permettant à Nida Tounès, avant qu'il n'éclate en quatre partis, de gagner les législatives et la présidentielle de la deuxième République tunisienne ? Tahar Ben Hassine, l'un des fondateurs de Nida Tounès et actuellement président du parti Al Mostaqbal, annonce que «le Front progressiste, moderniste et de juste milieu verra le jour début septembre prochain. Il ne s'agit pas d'un retour qui sera opéré par les mécontents de Nida Tounès vers leur parti. Il est question plutôt d'une coalition électorale qui aura pour objectif de rassembler les forces démocratiques autour d'un programme commun qui sera présenté par la coalition». Le même discours est développé par le député nidaïste Mongi Herbaoui, ancien porte-parole de Nida Tounès et actuellement chef de la commission information du même parti. Il soutient, en effet, qu'il n'est pas question que «Mohsen Marzouk ou Saïd El Aïdi ou Tahar Ben Hassine ou même les députés d'Al Watania reviennent au parti pour occuper les anciens postes. Il est question de trouver, en réalité, un programme commun, de créer une coalition électorale en prévision des élections législatives et présidentielle de 2019». Et aussi bien Tahar Ben Hassine que Mongi Herbaoui évitent de répondre à la question que se posent beaucoup de Tunisiens : qui aura à diriger cette coalition, qui en sera le leader même si les partis qui vont la composer se maintiennent sur la scène politique comme l'ont déjà fait les partis qui forment actuellement le Front populaire ? Et pour être encore plus explicite, y aura-t-il au sein de la future «Coalition centriste, moderniste et progressiste» un leader qui parle en son nom comme c'est le cas pour le Front populaire où Hamma Hammami est considéré comme la vedette principale et la star unique au point que beaucoup de Tunisiens ne savent pas qu'il représente le Parti des travailleurs au sein du Front dont il n'est en réalité que le coordinateur général. Une autre donnée qui appelle une réponse claire : qui sera le candidat de «la coalition centriste progressiste» à la présidence de la République au cas où le président de la République Béji Caïd Essebsi déciderait de ne pas postuler au mandat présidentiel 2019-2024 ? Comme à son accoutumée, Mohsen Marzouk, le secrétaire général de Machrou Tounès, ne livre pas de réponses claires aux questions précises et aux attentes ordinaires des citoyens, en particulier ceux qui se reconnaissent en la famille dite moderniste, plus précisément le Nida Tounès des années de gloire. Il se contente d'appeler le président Caïd Essebsi «à rassembler les nidaïstes autour des idéaux qui ont fait leur force et ont séduit les Tunisiens avant qu'ils ne leur accordent leur confiance, fin octobre et novembre 2014». Seulement, il refuse de rejoindre pour le moment le parti qu'il a contribué à fonder, estimant «qu'une coalition des partis de la famille démocratique centriste est la solution la plus indiquée pour le moment». Et les concertations entre les nidaïstes, qu'ils soient au sein du parti ou parmi ceux qui ont quitté le parti, de se poursuivre. Pas plus tard qu'hier, mardi 14 août, Ons Hattab, porte-parole du parti, annonçait qu'on essaye, à l'heure actuelle, de recomposer le bloc parlementaire nidaïste en y intégrant les députés de Machrou Tounès et d'Al Watania, en attendant la coalition centriste. Reste à savoir en attendant la naissance officielle de la coalition en question qui sera la personnalité qui émergera pour arracher la confiance des électeurs nidaïstes et s'imposer comme le dépositaire de leurs ambitions.