En décidant de soumettre à l'Assemblée des représentants du peuple un projet de loi instituant l'égalité dans l'héritage entre femmes et hommes, le président de la République met en application un principe essentiel énoncé par la Constitution post-révolutionnaire de janvier 2014, celui de l'égalité de tous les citoyens, dont celle entre les femmes et les hommes. Cette égalité en droits et en devoirs n'est ni divisible ni négociable. Elle a pour fondement l'égalité en droits économiques et sociaux qui est intimement liée à la République. Cependant, le texte coranique sacré, valable pour tous les temps, recèle divers aspects juridiques qui, avec les évolutions et mutations qu'a connues la société musulmane, sont souvent rattrappés par des pratiques consensuelles différentes qui se sont installées dans les us et coutumes des musulmans. C'est le cas de la flagellation, la lapidation, l'amputation de la main du voleur... En matière de droit successoral, la Chariâ coranique apporte une pléiade de dispositions complexes à même de répondre à tous ces cas de figure. Mais il ressort de ces dispositions que la femme n'a droit qu'à une moitié de ce qui revient à l'homme. Dans la pratique, ces questions de partage d'héritage sont réglées «à l'amiable» entre tous les ayants-droit. Or, dans la pratique, les héritiers de sexe masculin se réfugient derrière la Chariâ pour s'octroyer la part du lion, outrepassant de très loin les parts du simple au double indiquées. L'évolution de la société tunisienne a transformé le statut, la place et le rôle de la femme, de sorte que ce partage inégal ne satisfait plus aux besoins d'un fonctionnement adéquat de la cellule familiale. .