Dans le cadre de la célébration de la fête nationale de la Femme, la commune de Tunis et le Réseau des leaders maghrébines organisent une conférence sur le thème « le rôle de la femme élue au sein des conseils municipaux dans la consolidation de l'égalité des chances » au palais municipal de la Kasbah. A cette occasion, membres gouvernementaux et non gouvernementaux ont été présents pour échanger les idées et les témoignages sur la question et exprimer leur soutien indéfectible à la présence des femmes dans des postes de décision. Les célébrations du 13 août ne sont pas encore achevées. Cette date, symbole de l'émancipation de la femme tunisienne, correspond également à la célébration de ses droits, ses acquis et ses grandes avancées. D'année en année, on retrouve la volonté législative et exécutive à établir des lois qui accentuent son statut et répondent à ses revendications. En plus du Code du statut personnel (CSP), des lois incriminant les violences contre les femmes ont été promulguées en 2017, l'abolition de la circulaire lui interdisant le mariage à un non- musulman, et finalement, l'élaboration d'un code électoral qui impose le respect de la parité dans les listes. Tout un travail reste cependant à faire, afin que ces dispositions ne restent pas lettre morte. Cette date ne peut être mieux célébrée qu'au sein de la municipalité de Tunis, qui a vu pour la première fois de son existence, l'entrée d'une maire, Souad Abderrahim ou encore « cheikhet el Médina ». Dans son allocution, Mme Souad Abderrahim a exprimé sa fierté du succès que la femme a réalisé, qui est, selon elle, la conséquence d'une mutation sociale que traverse le pays. « Nous avons réussi, à travers ces dernières élections, à démocratiser les conseils municipaux, qui étaient exclusivement réservés à la gent masculine », a-t-elle martelé. Souad Abderrahim a notamment précisé que la parité prévue pour les élections municipales n'était pas effective en raison du nombre réduit des femmes ayant présidé les conseils. « Ce n'est qu'un premier pas. Une femme a pu arracher la tête d'une mairie éminente, celle de Tunis. Nous devrions en être fiers. Mais sachez qu'aucune société ne peut se relever sans une égalité effective et sans la présence de la femme ». Et d'ajouter : « Notre pays a aboli l'esclavage, il peut bien abolir la discrimination du genre ». De son coté, la représentante des leaders maghrébines a déclaré que cette occasion est propice pour abolir les stéréotypes autour de la question du genre, qui attisent l'inégalité. « Nous avons élaboré un conseil pour l'étude des égalités des chances et nous comptons maintenant entamer de nouveaux projets et de nouvelles perspectives qui respectent l'égalité effective et établissent l'égalité des chances et le droit d'accéder à tous les postes selon les capacités et non le sexe. C'est inscrit dans notre Constitution et dans plusieurs conventions ratifiées par la Tunisie ». La représentante a en outre précisé que la discrimination positive doit être appliquée en faveur des femmes mais aussi des plus démunis, afin qu'on réalise une vraie représentativité. « Le gouvernement doit penser à offrir aux femmes certaines dispositions car la femme est indispensable à son domicile et à ses enfants et elle doit, en outre, contribuer économiquement, et en dehors de la sphère domestique ». Les représentants du gouvernement et de la présidence de la République absents, c'est Mme Yamina Zoghlémi, députée et représentante de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui était présente et qui s'est exprimée sur la question, au nom de l'organe législatif tunisien. « Ne laissons pas certaines questions et problématiques nous diviser. Nous devons rester unis. Même si nous ne sommes pas forcément en accord sur tout, il est impératif de laisser place aux discussions ». La députée a notamment mis en exergue le rôle pionnier de l'ARP dans la réalisation des lois qui propulsent la collusion sociale et l'égalité des chances, non pas entre les sexes uniquement mais entre les citoyens de toutes régions confondues. La Tunisie engagée dans l'égalité des chances Cette conférence a été couronnée par la présence de Mme Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, de l'Enfant et des Seniors et qui a réitéré l'engagement de son ministère pour l'égalité et la défense des droits de la femme. « La vraie question qu'on se pose aujourd'hui est : qu'avons-nous fait et donné durant ces années ? Certes, les moyens donnés au ministère et les conditions politiques et sociales du pays n'étaient pas en notre faveur mais nous avons élaboré certains projets et défendu bec et ongles des lois telles que la majorité sexuelle qui est passée de 13 à 16 ans. Nous avons préparé une compensation à l'organisation ou l'association qui respectera le mieux l'égalité des chances dans l'acquisition des postes de décision. Le ministère a pris en charge plusieurs femmes, venues de différentes régions, et leur a organisé une formation politique. Et nous avons appelé à ce que le budget accordé aux ministères respecte ce principe ». Mme Laâbidi a notamment insisté sur le rôle crucial de l'éducation dans l'élaboration d'une nouvelle perception du genre et l'endiguement des stéréotypes longtemps propulsés dès le jeune âge par les jeux, les livres scolaires et l'éducation des enfants. Grâce aux différentes et éminentes interventions, la conférence a été un espace d'échange et de détermination à ce que l'égalité des chances soit aujourd'hui une réalité. Dans les milieux politique, social et économique, la discrimination du genre doit être abolie et cela ne sera effectif que grâce aux législations qui l'imposent, à l'instar des lois électorales. Ce n'est pas un hasard si la Tunisie a été choisie cette année comme la capitale de la femme arabe, qu'elle a accueilli les femmes ministres arabes et qu'elle sera, en octobre 2018, le lieu de rencontre des femmes travaillant dans les milieux de l'investissement. Les lois promulguées et celles en cours ainsi que la volonté politique présente représentent un vrai élan vers plus d'égalité entre les sexes et la reconnaissance du rôle de la femme au sein de la société.