Créée en vertu de la loi du 5 avril 2016 et entrée en action depuis le mois de juin 2017, la police municipale peine toujours à poursuivre son petit bonhomme de chemin sur fond de vulnérabilité organisationnelle et de «différends» avec certaines parties qui interférent dans les attributions de ce corps, dont notamment la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution. C'est comme si elle était née dans la précipitation. Aujourd'hui, il est grand temps de se pencher sur les réels problèmes qui la handicapent. Le nouveau code des collectivités locales a certes fixé les responsabilités et les tâches de cette nouvelle police, mais c'était sans compter sur les conditions difficiles de travail, le manque de moyens d'intervention et surtout l'ambiguïté inhérente au fonctionnement de cette police, ce qui a poussé le syndicat général des agents et des cadres de la police environnementale à monter au créneau. De gros problèmes structurels "Une manifestation de protestation est programmée pour le 13 septembre 2018 devant le siège du gouvernement, place de la Kasbah, ainsi qu'une grève de trois jours qui sera entamée à partir du 25 septembre si nos doléances ne sont pas satisfaites", nous déclare le secrétaire général, Ramzi Ben Nasr. Le syndicat revendique un organigramme bien clair du corps de la police environnementale qui définit les tâches et ne laisse rien au gré des humeurs des responsables, ainsi que la mise en place d'un comité qui se penchera sur l'étude du statut proposé par le ministère des Affaires locales et de l'Environnement. Les ordres fusent parfois de partout et on ne sait plus qui commande réellement : le président de la municipalité? Le secrétaire général ? Le chef du district municipal ou le maire ? Il est vrai que le code a apporté les éclaircissements nécessaires dans ce contexte mais entre les textes et la pratique, il existe tout un monde. Par ailleurs, la police municipale se trouve dans certaines situations dans l'extrême obligation de coordonner ses actions avec l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (Apal) ou l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged) ou l'Agence nationale de protection de l'environnement (Anpe), ce qui n'est pas de tout repos, explique Ramzi Ben Nasr. Notre interlocuteur a souligné la nécessité de doter la police environnementale d'infrastructures adéquates afin qu'elle puisse accomplir ses tâches dans les meilleures conditions, en plus des revendications relevant de l'organigramme et du statut. Des solutions en vue Le dialogue semble bien établi entre le ministère des Affaires locales et de l'Environnement et le syndicat général des agents et des cadres de la police environnementale, nous confirme Ramzi Ben Nasr. Une réunion est programmée pour le début de la semaine prochaine entre les différentes parties pour se pencher sur les revendications de ce corps. "L'organigramme et le statut constitueront un garant de neutralité et de bonne organisation pour la police de l'environnement et contribueront inéluctablement à sa réussite", a-t-il tenu à confirmer. Contacté à ce sujet, le chef de la police de l'environnement et chargé de mission auprès du ministre des Affaires locales et de l'Environnement, le général Jamel Boujeh, a souligné que des négociations sont en vue pour tenter d'éviter ces mouvements de protestations. Il est donc fort probable que la partie syndicale revienne sur sa décision de grève dans les prochains jours. Si le droit de grève est garanti par la Constitution, il n'en demeure pas moins que la décision prise par le syndicat de la police environnementale a suscité moult critiques eu égard à plusieurs facteurs, dont notamment l'absence de cette police dans les municipalités du Grand-Tunis depuis sa création. Il est à rappeler que la police de l'environnement a été créée dans un contexte marqué par l'aggravation des atteintes à l'environnement dus à l'affaiblissement des collectivités locales. Cette police est en phase de déploiement ce qui va nécessiter encore du temps. Elle compte aujourd'hui environ 290 agents répartis sur 74 municipalités.