Ce qui devait arriver arriva. L'Espérance, qui se trouve dans de beaux draps ces derniers temps, n'avait pas les moyens de s'imposer devant Al-Ittihad d'Alexandrie, auteur d'un match très intelligent. Le résultat : une sortie précoce de la compétition arabe. Ce fut une occasion propice qui s'est présentée avant-hier à Radès susceptible de permettre à l'Espérance de chasser le «désamour» de ses supporters installé après les piètres prestations de leur équipe de cœur. Malheureusement, les protégés de Khaled Ben Yahia ont, une fois de plus, confirmé la disette par laquelle ils passent depuis le début des compétitions locale, arabe et africaine démarrées cet été. Ils viennent en effet de perdre leur couronne arabe en concédant un énigmatique score de parité (2-2) devant les Egyptiens d'Al-Ittihad d'Alexandrie qui les ont accrochés (1-1) à l'aller en Alexandrie dans le cadre des trente-deuxièmes de finale du championnat arabe des clubs. Ce fut une grosse perte, ne serait-ce que par le juteux pactole réservé au vainqueur de cette édition s'élevant à environ 16 millions de dinars. Cette élimination précoce n'a surpris personne, en quelque sorte, dans la mesure où l'EST de ce début de saison n'a jamais rassuré ni ses fans ni les spécialistes qui voient en elle une équipe juste moyenne, voire trop peu armée pour jouer les premiers rôles sur le plan international. Et voilà que la première épée de Damoclès est tombée sur la tête de l'équipe de Bab Souika qui s'apprête à fêter son centenaire en 2019. Ce fut très pénible à supporter par les joueurs, le staff technique, les responsables et surtout les supporters qui voyaient venir la grande désillusion. Responsabilité partagée A qui la faute dans la perte de ce front devenu d'une importance capitale pour le doyen des clubs tunisiens et pour tous les autres clubs arabes qui le convoitent désormais plus que jamais auparavant ? Eh bien, tout le monde a sa part de responsabilité dans ce nouveau fiasco. A commencer par Khaled Ben Yahia qui fait pourtant du bon travail avec son équipe, devenue capable de varier le jeu et d'imposer sa domination nette sur ses adversaires avec un spectaculaire taux de possession de la balle atteignant souvent les 75%. Mais ce qu'on peut reprocher à Ben Yahia c'est son coaching. A ce propos, on se pose la question pourquoi l'ex-libéro de charme de l'EST, qui est mieux placé que quiconque pour connaître la valeur intrinsèque des joueurs, «s'entête» à titulariser des joueurs franchement indignes de jouer à l'Espérance (dont on ne veut pas citer les noms) ainsi que d'autres joueurs en perdition depuis belle lurette comme Taha Yassine Khénissi, Sameh Derbali et même Coulibaly et Haïthem Jouini. Surtout que le banc des remplacants regorge de talents très prometteurs comme Mohamed Ben Romdhane, Bilel Mejri, Amine Meskini, et la liste est longue. Pour preuve, l'éclosion du jeune et excellent latéral gauche Aymen Ben Mohamed, devenu à chaque fois l'homme du match. A ce propos, il faut savoir que les supporters ainsi que les spécialistes avertis réclament avec ferveur le lancement des joueurs au talent prometteur avant qu'ils ne perdent leurs moyens en moisissant sur le banc de touche et en regardant des «médiocres» leur ravir une titularisation qu'ils ne méritent guère. Ce qui nous conduit à dire que le gros de la faute incombe incontestablement aux joueurs qui se permettent le luxe de louper un nombre incalculable d'occasions de but à chaque match. C'est d'ailleurs ce nouveau phénomène inquiétant qui met à nu les faiblesses criardes du compartiment défensif. C'est que le ratage des occasions associé à la faiblesse de la défense se paie toujours cash. En effet, encore une fois, la défense a été le talon d'Achille de l'équipe. Ce compartiment est littéralement disloqué. Et n'eussent été le concours de la chance et la forme pimpante de Aymen Ben Mohamed, d'autres buts auraient pu être encaissés par l'Espérance qui ne peut plus continuer à jouer sur ce niveau en défense. L'heure du changement a sonné depuis belle lurette. Il faut seulement oser le changement avant que les problèmes n'empirent et n'affectent la suite du parcours de l'Espérance en Ligue des champions africaine.