Il semble qu'on est parvenu à la conclusion suivante : Youssef Chahed reste au Palais de La Kasbah avec le consentement du président de la République et du président d'Ennahdha En contrepartie, il s'engage publiquement à ne pas briguer la présidence de la République en 2019 Est-on parvenu à l'idée selon laquelle la démission de Youssef Chahed et de son équipe ministérielle ainsi que le choix d'un nouveau chef de gouvernement sont devenus une opération politique improductive dans la mesure où on est censé aborder, dès le 2 octobre prochain, date officielle de la rentrée parlementaire, la cinquième et dernière année du mandat législatif issu des élections législatives du 26 octobre 2014 ? Et comme il est de tradition que la dernière année du mandat législatif est considérée comme une année électorale au cours de laquelle le gouvernement en place et le parti dont il est issu préparent leur campagne électorale en prévision du nouveau mandat législatif, les gouvernements qui assurent la gestion de cette dernière année se contentant généralement de conduire les affaires courantes et évitent de prendre les mesures qu'on présente comme urgentes ou de décider de la mise en place de réformes dites douloureuses mais que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 n'ont pas eu le courage d'appliquer. Pour être plus clair, la question qui se pose ces derniers jours est bien la suivante : face à l'impossibilité de se débarrasser constitutionnellement de Youssef Chahed et de son gouvernement et face à l'incapacité d'Ennahdha et de Nida Tounès de parvenir à une position commune concernant le fameux point 64 du Document de Carthage (celui du départ du chef du gouvernement), n'est-il pas plus productif pour le pays et pour les partis en question de conclure un accord selon lequel le chef du gouvernement sera maintenu au palais du Bardo mais à condition qu'il opère un remaniement ministériel partiel du gouvernement et à condition aussi qu'il s'engage moralement à ne pas se porter candidat à l'élection présidentielle de 2019 ? Finalement, les observateurs se disant au parfum de ce qui se passe au palais de Carthage et à Montplaisir avancent que les derniers entretiens Caïd Essebsi-Ghannouchi et Caïd Essebsi-Noureddine Taboubi ont montré que l'idée de déloger Youssef Chahed du palais de La Kasbah n'est plus d'actualité d'autant plus que le soutien dont il se prévaut ne concerne plus uniquement Ennahdha dans la mesure où, comme le souligne Imed Khémiri porte-parole du parti nahdhaoui, «il existe des nidaïstes qui veulent son maintien». Idem pour Issam Chebbi, secrétaire général d'Al Joumhouri, qui considère que la démission volontaire ou obligatoire de Youssef Chahed et de son équipe ministérielle aurait dû intervenir l'année dernière. Maintenant que le mandat législatif issu des élections de 2014 tire à sa fin, il n'est plus question de changer le chef du gouvernement et de lui trouver un remplaçant. D'autres sources proches du parti nahdhaoui assurent que le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, est en train de conduire une initiative ayant pour objectif de rassembler les différents partenaires politiques sur une solution consensuelle qui prenne en considération les exigences des uns et essaye de satisfaire les conditions des autres. D'ailleurs, Ameur Laârayedh, député et président de la commission parlementaire de l'énergie et des hydrocarbures qui a rencontré dernièrement Youssef Chahed dans le cadre de l'affaire Khaled Gaddour, n'a pas manqué de se joindre à ceux qui soutiennent le maintien du chef du gouvernement à son poste mais à condition qu'il opère un remaniement partiel de son équipe.