Encore une fois, le message d'Ennahdha est clair: Youssef Chahed doit exprimer clairement ses intentions en prévision de la présidentielle de 2019 Pour le reste, le consensus est toujours de mise On attendait une position tranchante sur l'égalité en matière d'héritage telle que proposée par le président Caïd Essebsi, on voulait que les Nahdhaouis départagent leurs chefs et tranchent aussi sur la polémique qui oppose Mohamed Ben Salem à Lotfi Zitoune, on a eu droit finalement à une réaffirmation d'une position que tout le monde connaît depuis le 1er août 2017: Youssef Chahed a l'obligation de démissionner au cas où il aurait l'intention de se porter candidat à l'élection présidentielle 2019. Les membres du conseil de la Choura d'Ennahdha, réunis samedi 25 et dimanche 26 août à Hammamet, sont on ne peut plus clairs et précis: «Il n'est pas question que l'expérience Moncef Marzouki, président-candidat à la présidentielle de novembre 2014, se reproduise fin 2019 avec Youssef Chahed qui semble décidé à briguer la présidence de la République tout en poursuivant sa mission à la tête du gouvernement en acceptant d'introduire un remaniement partiel ou profond à son gouvernement». Ainsi, les Nahdhaouis qui sont restés les seuls à soutenir le maintien de Youssef Chahed au poste de chef du gouvernement persistent-ils et signent encore une fois pour clarifier leur position et envoyer des messages clairs principalement à Youssef Chahed et aux parlementaires qui ont confectionné sa «victoire éclatante» le 28 juillet dernier au palais du Bardo. «Oui — semblent dire les Nahdhaouis — nous avons contribué à l'obtention de la confiance du parlement pour Hichem Foureati, nouveau ministre de l'Intérieur, et à obliger les nidaïstes et les députés de Mohsen Marzouk à lui accorder leurs voix. Toutefois, nous n'accordons pas un chèque en blanc à Youssef Chahed. D'abord, nous appelons à accélérer le remaniement ministériel tant attendu. Il n'est pas acceptable que le pays demeure dans l'inertie et l'attente au moment où on se prépare à affronter une nouvelle année politique et parlementaire déterminante. Ensuite, il est temps que Youssef Chahed exprime clairement ses intentions et ses ambitions personnelles. Au cas où il envisagerait de se porter candidat à l'élection présidentielle 2019, il a l'obligation de démissionner immédiatement de son poste de chef du gouvernement. S'il n'a pas d'ambitions présidentielles et qu'il tient à poursuivre sa mission à la tête du gouvernement, il a aussi l'obligation de le déclarer en s'engageant publiquement lui et ses ministres à ne pas se présenter aux prochaines élections, qu'elles soient législatives ou présidentielle». La réponse aux nouveaux groupes parlementaires Et les observateurs qui ont pris l'habitude de scruter les attitudes d'Ennahdha en lisant dans les déclarations, les silences et aussi les petites phrases de ses responsables, notamment les plus médiatisés comme Imed Khémiri, Mohamed Ben Salem ou Ali Laârayedh, de comprendre que la réaffirmation de la position tranchante du parti nahdhaoui à propos des «projets présidentiels de Youssef Chahed» constitue un avertissement clair à ce dernier et aux parlementaires qui s'activent dans les coulisses pour annoncer dans les prochains jours la naissance «d'une troisième force parlementaire formée de quelque 40 députés et qui sera le noyau dur sur lequel se fondera l'alliance démocratique centriste dont on annonce pour leader Youssef Chahed, appelé à rentabiliser aujourd'hui et non demain sa victoire éclatante du 28 juillet dernier». En plus clair, quand Nida Tounès et Machrou Tounès serrent les rangs et décident de créer le bloc parlementaire n°1 avec quelque 70 ou 71 voix, et lorsque Sahbi Ben Frej, Mustapha Ben Ahmed et les députés de l'Union patriotique libre (UPL) coalisent pour former un bloc parlementaire de soutien à Youssef Chahed, Ennahdha se mobilise aussi pour rappeler tout le monde à l'ordre et leur faire comprendre qu'il dispose toujours d'un grand poids au sein du parlement et que son attachement au consensus «malgré les remarques acerbes du président Caïd Essebsi le 13 août et les déclarations de certains responsables nidaïstes qui n'ont pas encore réussi à accepter la gifle qu'ils ont reçue le 28 juillet dernier» est toujours une carte payante, et ce, d'autant que Béji Caïd Essebsi aura besoin de l'appui des Nahdhaouis pour faire voter sa loi sur l'égalité en matière d'héritage. Soufiène Toubel : «Non au soutien conditionné» Il est à préciser que Sofiène Toubel a dénoncé la position d'Ennahdha concernant son «soutien conditionné» à Youssef Chahed, soulignant qu'il revient à Nida Tounès et non à Ennahdha de décider de présenter la candidature de Youssef Chahed. Sofiène Toubal a tenu à rappeler qu'il n'existe pas de contradiction entre action gouvernementale et action partisane, en témoigne Zied Laâdhari qui est à la fois ministre du Développement et de l'Investissement extérieur et secrétaire général d'Ennahdha