Ils sont 33 pour l'instant à adhérer officiellement au nouveau bloc parlementaire, mais quatre autres élus «réfléchissent» encore et pourraient bien renforcer les rangs de «la coalition» d'ici octobre Après quelques semaines de vacances, les députés font peu à peu leurs rentrées politiques en attendant la rentrée officielle des classes prévue en octobre. Les premiers à faire leur apparition cette semaine sont les élus du nouveau bloc parlementaire «Coalition nationale», qui se sont réunis hier dès 9h00 pour mettre les dernières retouches à ce qu'ils espèrent être un bloc régulateur de la vie politique. Selon un communiqué distribué aux journalistes à l'issue de la réunion, le nouveau bloc parlementaire vise notamment à «mettre un terme à l'éparpillement des députés progressistes et à travailler au rééquilibrage de la vie politique à l'intérieur du Parlement». Pour l'instant, de par sa composition très hétéroclite, pas question de parler d'un éventuel futur parti politique, comme nous l'affirme le président de ce groupe, Mustapha Ben Ahmed, fraîchement élu par ses collègues. Pour le moment, il s'agira simplement d'un groupe de députés partageant les mêmes intérêts, mais pas forcément toujours les mêmes convictions. «Je dirais plutôt qu'il s'agit d'un groupe d'élus ayant eu des trajectoires différentes, et qui sont arrivés à un niveau de maturité qui leur permet aujourd'hui d'aborder cette dernière année parlementaire avec sérénité en mettant l'intérêt de la Tunisie au-dessus de tout», rétorque le député du nouveau bloc, Marwen Felfel (ex-membre du bloc Al-Horra). Mais contrairement aux déclarations officielles, Marwen Felfel nourrit l'espoir d'un vrai projet politique, et laisse la porte entrouverte à une éventuelle formation politique assez solide pour pouvoir prétendre à un rôle lors des prochaines élections présidentielle et législatives prévues dans un an. Les 33 députés (dont 6 n'ont pas été présents hier, mais ont envoyé une procuration écrite pour figurer sur la liste) qui ont signé le communiqué final scellant leur adhésion au bloc, sont réunis autour d'un certain nombre d'objectifs précis dont l'impératif de faire du Parlement un véritable lieu de pouvoir. «Aujourd'hui, il y a un antiparlementarisme excessif, dans les médias ou dans l'opinion publique, confie à "La Presse" Marwen Felfel. Dans beaucoup de pays, l'antiparlementarisme a souvent précédé le retour du fascisme, et moi, et mes collègues, nous le refusons». Selon Mustapha Ben Ahmed, quatre députés ayant donné leur accord de principe pour rejoindre la «Coalition nationale» ont finalement préféré tempérer et «réfléchir encore». Réunis hier matin à l'ARP, les élus du nouveau bloc parlementaire travaillent encore à l'élaboration d'une charte et d'un règlement intérieur. Si certains observateurs de la vie politique collent au nouveau groupe parlementaire d'étiquette d'antichambre du gouvernement de Youssef Chahed, le président de «la Coalition» s'en défend. «Nous ne sommes les alliés de personne et cette lutte du pouvoir qui passe par des voies autres que celle du Parlement ne nous concerne pas», a-t-il déclaré aux médias lors d'un point de presse. Et pour montrer patte blanche, une délégation du nouveau bloc demandera audience au chef du gouvernement et auprès des principaux protagonistes de la scène politique. «Nous allons expliquer notre point de vue à l'ensemble des parties prenantes et dissiper les doutes quant à nos orientations», explique Mustapha Ben Ahmed. Toutefois, « la coalition nationale » assume son statut de soutien au gouvernement et à la stabilité des institutions, tout en se gardant le droit de critiquer le gouvernement «quand il le faut». Dans les semaines à venir, et avant de l'officialiser, «la coalition» devra élire un «bureau» et tenter de «recruter» de nouveaux élus.