Et si le 2 octobre prochain, date de la rentrée parlementaire, les députés découvraient une nouvelle configuration du paysage politique marquée notamment par l'accès du bloc «Coalition patriotique» au statut de deuxième force parlementaire ? Face à la crise politique qui perdure de jour en jour au point que la présidence de la République se trouve dans l'obligation de publier une déclaration publique dans laquelle elle souligne qu'elle n'a signé aucun accord sur la fin de la crise comme l'ont laissé entendre, en fin de semaine, certains médias et face à la formation de nouveaux groupes parlementaires à même de reconfigurer complètement le paysage politique national à la faveur de la rentrée parlementaire prévue pour le 2 octobre prochain, certaines voix commencent à s'élever pour évoquer la possibilité du report des élections législatives et présidentielles programmés pour la fin 2019. Et ceux qui plaident pour le report avancent certaines justifications dont l'échec de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) à donner naissance à la Cour constitutionnelle alors que sa création devait intervenir une année après la promulgation de la Constitution en janvier 2014, soit en janvier 2015 au plus tard. Malheureusement, le mandat législatif issu des élections législatives du 26 octobre 2014 tire à sa fin et les députés sont encore à la recherche des quatre membres consensuels qui représenteront l'ARP au sein de la Cour constitutionnelle aux côtés des huit autres membres qui seront désignés par la présidence de la République et le Conseil supérieur de la magistrature. Et en attendant que les partis politiques les plus influents au sein du parlement parviennent à la prochaine rentrée de trouver les candidats consensuels qui auront leur aval (à condition que Nida Tounès et Ennahdha maintiennent au cours de la prochaine session parlementaire leur statut des blocs parlementaires n°1 et n°2, ce qui n'est pas garanti au vu de la série de démissions continues qui touchent Nida Tounès), l'on se pose la question: quel visage montrera le parlement à la rentrée quand les députés découvriront un nouveau groupe parlementaire composé, jusqu'à samedi 8 septembre, de quelque 41 députés (en prenant en compte les 8 démissionnaires nidaïstes conduits par Zohra Driss et Moncef Sellami), nombre destiné à augmenter davantage puisque le bloc «Coalition patriotique» qui accueille ces députés reste ouvert à tous ceux parmi «les nidaïstes qui ne veulent plus de la mainmise de Hafedh Caïd Essebsi et aussi de la gestion autoritaire de Mohsen Marzouk». Autrement dit, quel sera le comportement d'Ennahdha attaché toujours au consensus et implorant le président Caïd Essebsi à reprendre les réunions du Document de Carthage II pour redonner corps et âme à ses 63 points et en premier lieu à son 64e point au cas où à la rentrée parlementaire les nahdhaouis auraient la surprise de découvrir que le groupe parlementaire «la Coalition patriotique» s'est étendu au point que ses membres dépassent ceux de Nida Tounès, constituant peut-être le deuxième groupe parlementaire au Bardo et obligeant Noureddine B'hiri et ses députés à revoir leur stratégie d'action et à comprendre que leur parti pourrait être dans l'obligation de «coaliser avec ces députés qu'on accuse d'être les fidèles de Youssef Chahed bien qu'ils clament haut et fort qu'ils n'appartiennent à personne et que seuls l'intérêt de la Tunisie et sa stabilité les motivent». Sauf que ces affirmations d'indépendance ou de neutralité ne résistent pas longtemps à l'analyse quand on écoute les déclarations de Sahbi Ben Frej ou Jalel Ghedira qui n'hésitent pas à laisser entendre que la famille centriste a besoin d'un leader et ce leader peut bien être Youssef Chahed. Que Youssef Chahed soit en train de poser les premiers jalons de son prochain parti ou que les députés de la Coalition patriotique agissent de leur propre gré, le résultat est là : rien ne sera plus comme avant au sein de l'ARP lors de la dernière session de la législature 2014-2019 et Ennahdha n'aura peut-être plus la capacité d'imposer ses conditions à Youssef Chahed.