Les Etoilés ont rendu une copie modeste à cause d'un excès de prudence On l'a dit et redit à maintes reprises,dans le camp sahélien avec toutes ses composantes on attendait impatiemment le «match-repère» pour leur Etoile version 2018-2019 aux arguments a priori indéniables. A juste titre,on nourrissait l'espoir de voir leur souhait exaucé à l'occasion du «classico» africain face à l'EST qui avait clairement l'aspect d'une réelle épreuve de vérité de cette Etoile «new-look» remarquablement et qualitativement renforcée et qui n'a pas toujours été jusqu'ici mise à rude épreuve. Finalement, la déception était au rendez-vous, samedi dernier à Radès, où les coéquipiers de Jemal — meilleur Etoilé sur le terrain — avait certes réussi un résultat intéressant en prévision de la seconde manche à Sousse en raison justement du but marqué par le capitaine de l'ESS; mais leur prestation était vraiment décevante voire étonnante. En effet, et n'en déplaise à certains, il faut remonter réellement loin dans le temps pour se remémorer d'une Etoile fermant le jeu à la propension «bizarrement» et exagérément prudente,au point de ne pas réussir la moindre attaque placée et de permettre ainsi à Ramy Jéridi de passer une soirée relativement tranquille. L'Etoile a toujours et historiquement développé un football alléchant quel que soit le contexte de ses oppositions ou le nom de son adversaire du jour; même quand il s'agissait de se montrer prudent, c'était plutôt en adoptant «un management» footballistique équilibré. De fait,la vocation offensive réfléchie est devenu au fil du temps un véritable label du club sahélien.Or,ce qui s'est passé lors de la soirée de samedi à Radès était sans la moindre exagération l'antipode du cachet footballistique de l'ESS. Une équipe «désailée» ! Le premier enseignement, qui s'est dégagé samedi dernier du dispositif mis en place par Chiheb Ellili, était de rentrer avec le minimum de dégâts et de tenter sporadiquement de surprendre les «Sang et Or» par quelques contres. On avait l'impression que le coach étoilé visait à minimiser l'impact des points forts de son adversaire plutôt que d'exploiter judicieusement ses propres points forts. Dans ce registre, tout le monde sait que l'un des atouts majeurs du club sahélien est de pouvoir s'appuyer sur deux couloirs droit et gauche pétris de qualités, à savoir : rapidité, explosivité, dédoublements et technique. Or, bizarrement, l'attitude excessivement prudente adoptée par Chiheb Ellili a eu pour effet de plomber les ailes de son équipe — quoique l'absence de Ghazi Abderrazak a manifestement pénalisé la prestation de ses coéquipiers. En effet,en alignant Bédoui sur le flanc droit et Trabelsi sur le côté gauche, deux éléments à vocation fondamentalement défensive,la percussion et l'apport offensif habituels des deux couloirs ont été absents à Radès, malgré les efforts notamment de Hannachi et Brigui qui avait du coup retrouvé ses déchets techniques.D'ailleurs Bédoui et Trabelsi — auteur pourtant d'une prestation défensive et tactique honnête — n'avaient pas réussi la moindre incursion offensive.Ce dernier n'avait carrément pas franchi la ligne médiane. Ils étaient tous les deux foncièrement focalisés sur le marquage de Belaili et Badri. Une attaque esseulée ! La conséquence, somme toute logique de cette approche négative,a été clairement la solitude de Chermiti qui a été pourtant fidèle à son registre par sa générosité et sa vélocité mais sans efficacité puisqu'il a été sevré de ballons et de soutien et a gaspillé beaucoup d'énergie inutilement. Il faut avouer que Belarbi auteur de quelques prouesses techniques, et qui était censé alimenter Chermiti de balles en profondeur, a été lui aussi jugulé par le tandem rugueux Kom-Coulibaly à l'impact physique impressionnant ce qui a eu pour effet d'éclipser le stratège de l'Etoile.L'entrée de Marei n'a pas changé la donne puisque lui aussi manquait clairement d'espace et était obligé de «dézoner» en permanence — pour utiliser le jargon purement footballistique — un fait qui l'avait repoussé assez loin de la surface de réparation de l'EST. Même les changements opérés par le coach de l'Etoile avaient une allure superficielle et loin de pouvoir changer le mode de fonctionnement figé et manquant de punch de son équipe. C'était des solutions poste par poste (Marei à la place de Chermiti et Msakni au lieu de Belarbi). Les fins connaisseurs du ballon rond savent pertinemment que ce genre de changements s'opère dans l'intention de ménager certains éléments et non pas pour modifier un style de jeu en difficulté et manquant terriblement de solutions. Pour conclure, ce fameux match-repère tarde encore à voir le jour pour le club sahélien et il va falloir retrousser les manches pour la seconde manche vendredi prochain au stade Olympique de Sousse pour arracher une qualification qui va être douloureuse, à n'en point douter, pour le carré d'as de la Ligue des champions. D'ici là,il va falloir rectifier bien des choses et surtout récupérer son «cachet» footballistique imposant.