«Je me rappelle encore, très jeune, quand j'ai été voir les responsables cabistes pour jouer au CAB, j'ai trouvé une seconde famille dans laquelle j'ai pu m'épanouir, je n'avais pas eu besoin de venir accompagné de mes parents en voiture. Les jeunes issus de familles pauvres avaient, à cette époque-là, également le droit de pouvoir endosser le maillot d'un grand club. Là, on apprend à être éduqué comme à la maison. A l'école de formation du CAB, tout le monde était mis sur un pied d'égalité et chacun d'entre les jeunes donnait libre cours à ses qualités sportives. On ne faisait pas de test d'un quart d'heure pour être jugés sur nos dons de footballeur. On prenait notre temps, on s'entraînait régulièrement jusqu'à ce qu'on découvre en nous les caractéristiques d'un bon sportif. Et à partir de là, on les exploite à bon escient par un technicien du domaine et non pas par quelqu'un qui n'a jamais tapé dans un ballon. De mon temps, il y avait feu Abderrahmane Ben Hassine dit «Sabourin» et Chedly Ouerdiane, deux formateurs exceptionnels. On se dépensait sans compter. On apprenait l'abc du football. Et ce n'est pas un hasard si le CAB a enfanté Abdeljellil Machouachi, Khaled Gasmi, Ridha Mokrani, Ali Manaï, Ridha Gabsi, Azzouz Gharbi, Noureddine Guedda, Hassen Karoui… et plus tard Mourad Gharbi, Salah Chellouf, Larbi Baratli, Yassine Dziri, Hosni Zouaoui, Ali Mfarej, Hmaïed Romdhana, Hamda Ben Doulet, Mansour Shaïek, Mohsen Gharbi, Almia… Les responsables bizertins se réunissaient périodiquement avec les présidents des clubs de toute la région pour dénicher les meilleurs pour les former dans la large famille nordiste. On donnait la chance à tous les jeunes du gouvernorat de Bizerte pour émerger. Toutes les conditions de réussite étaient garanties par les ex-présidents MM. Mhamed Belhaj et Hamadi Baccouche notamment. On ne faisait pas de distinction. On ne chercherait pas de résultats immédiats. On jouait pour le plaisir et pour mouiller le maillot que l'on portait. C'était le temps du vrai amateurisme. Aujourd'hui, ce sont les intrus qui ont accaparé le sport et le football particulièrement à la recherche de célébrité. Des lobbies se sont constitués qui ne sont là que pour leurs propres intérêts. On fait du business. On n'y voit que des businessmen, alors qu'en sport, il nous faut des éducateurs, formateurs et chacun dans son domaine. Ce ne sont plus des écoles de formation qui gèrent notre football, mais des écoles de commerce…»