Les équipes de contrôle économique relevant de la Direction régionale du commerce de Tunis multiplient les opérations, notamment au Souk Boumendil où les étals des vendeurs ambulants regorgent de cahiers subventionnés détournés des circuits officiels ainsi que d'autres fournitures scolaires. A 11h00, heure où l'activité est à son apogée au Souk Boumendil, centre névralgique de la contrebande et du commerce illicite à Tunis, ils sont cinq à six commerces qui mettent en vente de la fourniture scolaire, notamment des cahiers, un article très sollicité par les parents et les élèves. Mais c'est notamment cet article qui attire les équipes de contrôle économique relevant de la Direction régionale du commerce de Tunis, qui ne cessent de multiplier les descentes dans ce souk, à la recherche de cahiers subventionnés. A l'entrée de Boumendil, bastion du marché informel à Tunis, une équipe de la police municipale patrouille déjà dans l'endroit; pourtant, à l'intérieur, ces cahiers subventionnés se commercialisent au vu et au su de tout le monde. En effet, environ cinq à six commerces mettent en vente ces cahiers à des prix très abordables. Vendus entre 200 et 1.400 millimes, six à sept dinars pour les grands formats à spirales, ces cahiers laissent à penser, en effet, qu'il s'agit de fournitures subventionnées par l'Etat, échappant aux circuits formels pour se retrouver dans ce marché, très fréquenté notamment durant les occasions commerciales. Pour un propriétaire de commerce à Boumendil, rien n'est à craindre, puisque toute son activité est légale comme il le confirme. «Je ne crains rien, puisque j'ai une autorisation pour vendre des articles de ce genre. Même s'il s'agit de cahiers subventionnés, je n'ai commis aucun délit commercial», confirme-t-il, lui qui propose, effectivement, des cahiers subventionnés acquis auprès de fournisseurs à la rue de la Commission à Tunis. Toutefois, ces cahiers, de la même origine et de la même marque, sont proposés par un commerçant ambulant constamment sur ses gardes pour éviter des opérations de contrôle commercial surprenantes. «Oui, il s'agit de cahiers subventionnés que j'ai acquis clandestinement, mon commerce est risqué mais c'est ainsi que je gagne ma vie, je n'y peux rien», explique-t-il. Ces cahiers ne proviennent pas des circuits formels de distribution mais plutôt de circuits illicites contrôlés notamment par des grossistes «influents», dans la région de Tunis et à l'intérieur même de ce souk. D'ailleurs, durant ce mois de septembre, des milliers de cahiers subventionnés ont été saisis par ces équipes de contrôle économique. A Tunis, à l'Ariana et même à l'intérieur de ce même Souk, ces cahiers ont fini entre les mains des contrôleurs, selon les données du ministère du Commerce. De toutes les couleurs Entre légalité et clandestinité, ces commerces et marchands de Boumendil, opportunistes, mettent en vente de nombreuses fournitures scolaires puisqu'il s'agit, vous l'avez compris, de la période de la rentrée scolaire. Stylos, cahiers, correcteurs, couvre-livres et protège-cahiers, classeurs, colle et adhésifs... Tout est à vendre à des prix alléchants. Vous pouvez vous offrir par exemple un ciseau à 0,5 dt ou une dizaine de stylos à 1,5 dt, mais ne vous attendez pas à une bonne qualité, car cette marchandise provient également de la contrebande. Fait qui n'a pas empêché des parents d'acheter de la fourniture scolaire, notamment des cahiers, à leurs enfants. D'ailleurs, une femme au foyer vient spécialement à ce souk en quête de cahiers subventionnés. « Ce sont notamment les prix qui nous attirent, en plus de la variété du choix, on peut tout s'offrir ici», témoigne-t-elle. Des prix si attirants que certains parents achètent toute la fourniture scolaire à Boumendil, un constat qui a été fait également par un propriétaire d'une grande librairie à Tunis. Pour lui, en septembre, de nombreux parents prennent la direction de ce souk pour acheter la fourniture scolaire, fait qui a eu des retombées négatives sur son activité. «A ceci s'ajoute la pénurie des cahiers subventionnés due à la contrebande et à la spéculation, ce qui a engendré une hausse des prix», a-t-il expliqué. Un autre libraire de Tunis a déploré la stagnation de son activité par rapport à la dynamique enregistrée au niveau des marchés parallèles. Pour lui, ces coûts si élevés poussent les parents vers le marché informel, notamment souk Boumendil qui «offre des produits à des coûts plus réduits». Il serait utile de rappeler que les prix des cahiers subventionnés pour cette année scolaire ont été fixés comme suit : 200 millimes pour le cahier de 12 pages, 350 millimes (24 pages), 750 millimes (48 pages), 1.150 millimes (72 pages), mais notons-le, ces cahiers finissent fréquemment entre les mains des spéculateurs et des marchands clandestins. Une meilleure gestion de ce secteur s'avère urgente et indispensable.