Samedi et dimanche derniers, les nahdhaouis ont tenu la 22e session du Conseil de la choura. On s'attend à ce qu'ils décident de la poursuite ou de la rupture de leur soutien à Youssef Chahed et aussi peut-être du rétablissement du consensus avec le président de la République Hier, dimanche 7 octobre, les membres du Conseil de la choura d'Ennahdha qui assistaient à la 22e session de leur conseil avaient à se prononcer — selon plusieurs observateurs — sur deux questions fondamentales : la position définitive du parti vis-à-vis de Youssef Chahed qui refuse toujours de répondre à la grande question: va-t-il se porter candidat à l'élection présidentielle prévue fin 2019, d'une part, et quelle réponse officielle opposer, d'autre part, aux accusations portées par le Front populaire contre Ennahdha d'implication directe dans l'assassinat des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ? Les nahdhaouis sont-ils parvenus, au terme de la 22e session du Conseil de la choura, à éclairer l'opinion publique d'abord sur leur position officielle quant à la politique de tergiversation, voire de déni total, qu'applique à leur égard Youssef Chahed, chef du gouvernement, qui continue à ignorer superbement les différents appels qu'ils lancent régulièrement lui demandant d'annoncer clairement ses intentions à propos de l'élections présidentielle de fin 2019. Et pas plus tard que samedi 6 octobre, Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la choura, a réaffirmé bien avant le démarrage des travaux du Conseil que le parti est toujours attaché «à la nécessité pour Youssef Chahed et ses ministres de démissionner au cas où ils envisageraient de participer aux prochaines élections présidentielle et législatives de 2019. Nous avons adressé un appel clair et net au gouvernement : Youssef Chahed et ses ministres doivent se consacrer entièrement à l'action gouvernementale. Et il existe plusieurs priorités auxquelles le gouvernement doit se consacrer comme l'instauration de la Cour constitutionnelle, l'élection du nouveau président de l'Isie et la présentation du projet de loi de finances 2019». Les travaux de la présente session du Conseil de la choura se déroulent dans une atmosphère particulière marquée notamment par la rupture du consensus avec le président de la République Béji Caïd Essebsi qui accuse Ennahdha de l'avoir lâché pour accorder son soutien à Youssef Chahed, une décision prise par Rached Ghannouchi semble avoir provoqué une polémique parmi certains dirigeants qui n'ont pas manqué d'exprimer publiquement leur opposition au divorce Ennahdha-Béji Caïd Essebsi. Et il semble que la fameuse lettre ouverte adressée à Rached Ghannouchi a produit ses premiers effets. Ainsi le même Abdelkarim Harouni a-t-il déclaré, hier, qu'Ennahdha «est toujours attaché au consensus», ce qui laisse entendre que les tentatives de conciliations et de bons offices menées par certaines parties sont peut-être sur le point d'aboutir. Et comme le blocus total a été, paraît-il, imposé sur les travaux du Conseil, l'on s'est retrouvé obligé de scruter les petites phrases distillées par certains responsables nahdhaouis aux journalistes, notamment les correspondants régionaux des radios privées présents à Hammamet où se déroulent les travaux du Conseil. Selon les indiscrétions en question, l'on apprend que plusieurs participants au débat ont exprimé leur opposition à ce qu'ils appellent «le soutien exagéré du parti à Youssef Chahed» et ont même «dénoncé l'intervention du parti dans le conflit opposant Youssef Chahed à Hafedh Caïd Essebsi». Quant au conflit Ennahdha-Front populaire qui a pris une nouvelle tournure à la lumière des accusations d'implication d'Ennahdha dans l'assassinat des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, les déclarations de Abdelkrim El Harouni montrent que le parti islamiste cherche plutôt l'apaisement après avoir joué la carte de l'escalade quand les frontistes ont levé le voile «sur les documents qui font froid dans le dos». Hier, El Harouni a appelé le Front populaire «à revoir sa position vis-à-vis d'Ennahdha et à être en mesure de se rallier au consensus avec le parti islamiste». Dernière minute : Ennahdha engagera des poursuites judiciaires contre le FP A l'issue de la réunion du Conseil de la choura, Abdelkarim Harouni a déclaré qu'Ennahdha va poursuivre le Front populaire devant la justice, réfutant toutes les déclarations faites au cours de la conférence de presse tenue par le Front au début de la semaine écoulée. Harouni fustige le FP en ajoutant que ces déclarations portent préjudice au pays et place le FP au-dessus de la loi, soulignant que le Front n'a pas seulement accusé Ennahdha, mais a également pris à partie la justice, l'armée et toutes les institutions de l'Etat. Harouni a ajouté qu'Ennahdha va se défendre également politiquement et à travers les médias. Le président du Conseil de la choura a, également, critiqué les parties qui casent Ennahdha dans un camp ou dans l'autre à la lecture de sa position inchangée vis-à-vis de la stabilité politique. «Nous ne sommes ni avec le président Béji Caïd Essebsi contre Youssef Chahed, ni avec Youssef Chahed contre le président Caïd Essebsi». Quant au soutien d'Ennahdha au chef du gouvernement, Abdelkarim Harouni réitère son soutien à la stabilité politique pour la stabilité politique loin de toute personnalisation, déclarant que Chahed a suffisamment de soutien autour de lui et que son avenir politique ne dépend pas d'Ennahdha. A.Z.