La semaine dernière, les parents des élèves inscrits dans l'une des écoles de la ville de Aïn Draham ont manifesté leur colère après l'agression sexuelle subie par une jeune écolière de la ville par l'un des employés de l'école. Des milliers d'agressions contre les enfants ont été signalées depuis 2016 dont plus de 400 à caractère sexuel. Jamais pires statistiques n'ont été enregistrées en Tunisie en matière d'agressions contre les enfants notamment sur le plan sexuel. Un état des lieux jugé très inquiétant qui rend compte de l'ampleur de l'extension de ce phénomène, et qui impose rapidement la mise en place d'une nouvelle justice adaptée aux enfants afin de dissuader les auteurs de ces actes odieux et de préserver notre enfance contre tous les risques de dérapage social. Déjà les statistiques du ministère des Affaires de la femme, de l'Enfance et des Personnes âgées parlent d'elles- mêmes en ce que plus de 9.000 agressions ont été observées dans le pays depuis 2016 dont plus de 400 seraient d'ordre sexuel. Le phénomène ne semble d'ailleurs pas connaître de répit comme l'attestent ces deux nouvelles agressions qui ont été signalées ce mois-ci : l'une à Msaken où un homme travaillant dans un centre pour enfants a agressé sexuellement une fillette de cinq ans et l'autre à Aïn Draham où un homme travaillant dans une école primaire a, à son tour, abusé d'une jeune écolière également en bas âge alors que plusieurs autres agressions ont été également signalées dans d'autres régions. On ne perdra pas de vue qu'en 2017 pas moins de 196 affaires portant sur des agressions sexuelles contre des enfants et même des personnes très âgées ont été examinées par les chambres criminelles des tribunaux de première instance de Tunis, soit une moyenne de 16 affaires par mois. Certains de ces auteurs sont même des étrangers, à l'image du Français Thierry Darantière, condamné le 22 juin 2016, par la justice française, à 16 ans de prison pour agression sexuelle contre 66 enfants, dont 41 en Tunisie. Tentatives de viol De nombreuses autres tentatives de viol sur enfants ont été aussi déjouées et leurs auteurs arrêtés et poursuivis en justice, alors que plusieurs parents d'élèves commencent à s'inquiéter des risques d'agression sexuelle sur leur progéniture. Pas plus tard que la semaine dernière, les parents des élèves inscrits dans l'une des écoles de la ville de Aïn Draham ont manifesté leur colère après l'agression sexuelle subie par une jeune écolière de la ville par l'un des employés de l'école afin de dénoncer cet acte jugé barbare et à même de mettre en péril l'avenir des enfants dans le pays, d'autant plus que ce genre d'acte s'est aussi étendu aux autres catégories vulnérables comme les handicapés mentaux et les personnes âgées, telle l'agression perpétrée par certains malfaiteurs à Goubellat dans le gouvernorat de Béjà où toute une famille a été victime, la fille, la mère et la grand-mère, mais aussi l'agression perpétrée par un homme à Sousse contre deux frères, l'un âgé de six ans et l'autre de huit. Il a été arrêté dimanche 28 janvier et placé en détention avant d'être traduit devant la justice L'Assemblée des représentants du peuple a, certes, adopté, en janvier dernier, le projet de loi organique portant adhésion de la Tunisie à la convention du Conseil de l'Europe sur la protection des enfants contre les agressions sexuelles ou leur exploitation à des fins sexuelles, mais tout l'arsenal juridique demeure aux yeux de nombreux sociologues insuffisant pour venir à bout de ce phénomène devenu pléthorique, à bien des égards, dans le pays. Ainsi les voix des délégués régionaux de la protection de l'enfance ainsi que de nombreuses associations se sont élevées ces dernières années pour dénoncer le harcèlement sexuel contre les enfants et exiger aussi bien leur protection que l'application rigoureuse de la loi à l'encontre des auteurs de ce genre d'atteinte physique totalement destructrice pour la personnalité des personnes agressées, enfants soient-ils ou adultes.