Par Khaled TEBOURBI Culture et politique bougent en ce début d'hiver. Curieux, mais c'est sans jamais se croiser. La politique vient de vivre un polémique changement de gouvernement. Dans le même temps se tenaient les 29es JCC, grosse joute, courue, visitée, analysée, discutée et critiquée cette année. On pouvait supputer quelque «interaction». Rien. Pas un mot de la culture dans le changement de gouvernement. Ni la moindre allusion à la politique à l'occasion des JCC. Qu'entendre par cela ? D'abord une chose : qu'au regard des dirigeants de l'après-révolution, la culture et les Arts ne valent, au mieux, qu'un discours, un slogan. Pour le reste, pour tout le reste, il n'y a (si tant est que l'on s'y connaisse, que l'on s'y intéresse) qu'économie. A tout considérer, compter des sous. Compter ses sous. Un haut cadre proche du pouvoir révèle, effaré, «qu'à de très rares exceptions, nos ministres n'ont pas ouvert un livre depuis des années». «Illettrisme officiel», déjà, auquel s'ajoute la fausse croyance technocratique que «s'occuper de culture est un luxe pour nos pays». Que cinéastes et autres intellectuels ne se soient pas «souciés» de politique pendant une crise de gouvernement, retient aussi, inquiète, peut-être, tout autant. Il s'agissait d'une élite, habituellement pensante, engagée, connectée. Son silence interpelle vraiment. Il renvoie à la lassitude générale. Oui ! Même nos artistes, même nos intellectuels se lassent de la chose publique. Se sentent moins concernés, moins impliqués : moins citoyens. Les JCC 2018 ne sont qu'un exemple. Une illustration. En fait, c'est partout ainsi. Partout, c'est «l'impossible rencontre».Partout, en toute occasion, la politique se montre indifférente à la culture. Et à chaque fois la culture «lui rend la pareille». A ce train, nous risquons de perdre sur les deux fronts. Sans la culture (les économistes l'attestent) il n'y a pas de développement possible. Et sans engagement politique, aucune culture ne peut trouver de soutien. On parle d'un conseil supérieur de la culture, bientôt. C'est un espoir de solution. Là, ce serait la gent des arts, des métiers culturels, qui aurait l'initiative. Et plus la tutelle seule, plus l'establishment. L'indépendance est garante de l'intérêt. Une délivrance, croisons les doigts.